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TÉMOIGNAGE. "On nous a demandé de payer l’Ehpad de notre père qui a assassiné notre mère"



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10 Déc 2022
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TÉMOIGNAGE. "On nous a demandé de payer l’Ehpad de notre père qui a assassiné notre mère"
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Leur “père” a tué leur mère sous leurs yeux le 11 décembre 1982. Trente-six ans plus tard, Françoise et Laurence Le Goff se battent pour éviter une double peine aux enfants de féminicides.

Françoise et Laurence s’appliquaient à “oublier”. Oublier les deux coups de fusils qui, dans un contexte de séparation, les ont privées de leur maman à 13 et 10 ans. Mais le passé est revenu comme un boomerang un jour de novembre 2018, peu avant la date anniversaire du meurtre. “Alors que l’on pensait nos cicatrices refermées, on a reçu un courrier du département réclamant que l’on finance les vieux jours d’un géniteur qu’on ne savait pas encore en vie, au nom de l’obligation alimentaire !”, tempêtent encore les deux sœurs.

L’article 205 du Code civil prévoit en effet ce devoir d’assistance envers ses parents… Mais quel genre de “parent” ? Françoise, 52 ans, et Laurence, 49 ans, sont choquées de découvrir que, pour être dispensées de cette obligation, elles doivent plaider leur cause auprès d’un juge, comme des coupables. Souvent très jeunes lors des drames, les enfants en sont les victimes oubliées. Avec leur association Enfants devenus grands (enfantsdevenusgrands.org, sur Facebook et Twitter), elles alertent ainsi Marlène Schiappa lors du Grenelle des violences conjugales, pour changer la loi.

“Nous ne voulons pas être démarchés des années après par les pouvoirs publics qui ne consultent pas le casier judiciaire”

“En 2020, on a gagné le combat de l’exemption de principe de l’obligation alimentaire pour tous les enfants de féminicide, se félicite Françoise. Mais la création d’un fichier qui recense ces pères faisant de leurs enfants des orphelins est indispensable. Nous ne voulons pas être démarchés des années après par les pouvoirs publics qui ne consultent pas le casier judiciaire !” Libérées elles-mêmes de l’obligation après une tempête médiatique, les deux sœurs auraient pu s’estimer quittes. Mais le drame a réveillé une autre blessure. Celle de la séparation cruelle de leur fratrie juste après le crime.

“Notre frère, Yannick, 15 ans à l’époque, Laurence et moi, avons été placés chez trois oncles maternels différents, à des centaines de kilomètres les uns des autres. Du jour au lendemain, on avait notre mère au cimetière, notre père en prison, plus de frère ni de sœur”, souligne Laurence, “la petite”, qui priait pour les revoir. “Ils ne voulaient pas que je leur parle, croyant me protéger”, se souvient-elle encore.

“Nous avons obtenu une suspension des droits parentaux dès l’arrestation, même après de “simples” violences conjugales”

C’est elle qui, à 20 ans, entreprend de renouer avec sa fratrie d’inconnus. Françoise, malmenée par son oncle tuteur, se bat pour une prise en charge de bon sens : “On place les enfants du côté maternel par principe. Or nous ne connaissions pas ces oncles, au contraire du côté paternel. Il peut même être dans l’intérêt de l’enfant qu’il soit placé hors de la famille. Il faut arrêter avec la préservation des liens du sang à tout prix !” C’est aussi au nom de ces liens du sang que leur père avait conservé l’autorité parentale.

Jusque-là, le père meurtrier pouvait s’opposer à ce que l’enfant voie un psy, exiger un droit de visite en prison, prendre les grandes décisions de la vie de ses enfants. Avec d’autres associations, elles ont fait évoluer cette loi en 2020. “Nous avons obtenu une suspension des droits parentaux dès l’arrestation, même après de “simples” violences conjugales. Parce qu’on sait le traumatisme que c’est, on l’a vécu », précise Françoise. La suspension n’est valable que six mois, ce qu’elles estiment insuffisant. “

“L’enfant, comme l’adulte, doit rester libre d’entretenir des liens”

L’enfant n’a pas à voir son sort en suspens, lié à un assassin ou une brute”, poursuit Françoise, qui souhaite que la mesure soit définitive. Pourtant, loin d’elles l’idée d’effacer le père à tout prix. “L’enfant, comme l’adulte, doit rester libre d’entretenir des liens. A certaines époques de la vie, on peut éprouver le besoin, pour se construire, de revoir son géniteur. Moi-même, constate Françoise, je l’ai fait à sa sortie de prison. Pour comprendre… qu’il n’y avait rien à comprendre.” Condamné à douze ans de prison, l’homme dont l’Etat voulait faire financer les vieux jours par ses enfants n’avait ni remords ni regret et estimait avoir “purgé sa peine”.

Aujourd’hui à l’écoute des autres enfants meurtris via leur association, Françoise et Laurence ont retrouvé leur complicité. Elles se retrouvent chaque hiver à Angers, chaque été à Cannes, là où elles ont grandi séparées. Elles ont fondé une vraie famille, avec trois enfants chacune, comme une réparation du passé. Leur maman pourrait être fière.

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