À la veille du 130e jour de détention de Boualem Sansal, un signal fort a été envoyé. Ce mardi 25 mars, dès 17 heures, la place du Président-Édouard-Herriot, dans le 7e arrondissement de Paris, était remplie des soutiens de l’écrivain franco-algérien de 80 ans. À l’appel du comité de soutien à Boualem Sansal, de nombreuses personnes étaient réunies pour réclamer sa libération. « Boualem Sansal est aujourd’hui victime de sa liberté d’expression », dénonce le secrétaire général du comité de soutien à Boualem Sansal, Arnaud Benedetti, auprès du JDD.
Face à une large banderole affichant le visage de l’homme de lettres et le slogan « Liberté pour Boualem Sansal », des associations et de simples admirateurs ont composé cette petite foule. Certains brandissaient des pancartes : « Libérez Boualem Sansal, notre Salman Rushdie », « Pour que vive la liberté d’expression », pouvait-on lire. « C’est un grand auteur engagé. C’était important d’être ici aujourd’hui et de le soutenir », confie une participante.
« Sa seule faute est d’être un esprit libre »
Les personnalités politiques – de droite et du centre – étaient également présentes en nombre et ont pris la parole à tour de rôle, comme Laurent Wauquiez, David Lisnard, Christian Estrosi, ou Gabriel Attal. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a également fait le déplacement, tout comme les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. « Que lui reproche-t-on ? De trop aimer la France ? Sa seule faute est d’être un esprit libre », a lancé le chef de Beauvau lors de son court discours face aux participants.
Connu pour ses critiques du régime d’Abdelmadjid Tebboune et de l’islamisme, Boualem Sansal est emprisonné à Alger depuis le 16 novembre dernier. Selon l’AFP, il lui est reproché des déclarations en octobre au média français Frontières, sur le fait que le territoire du Maroc aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie. Il y a moins d’une semaine, l’écrivain était jugé devant le tribunal correctionnel de Dar El Beida, dans la capitale algérienne, pour « atteinte à la sûreté de l’État ». À l’issue d’un procès expéditif qui a duré moins d’une demi-heure le 20 mars, le procureur a requis dix ans de prison ferme contre l’auteur, ainsi qu’une amende d’un million de dinars, soit environ 69 000 euros. « Un procès politique de type stalinien effectué en catimini », fustige Arnaud Benedetti, également rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire.
Le temps de l’écrivain est pourtant compté. Boualem Sansal souffre d’un cancer. Malgré les nombreux appels de ses soutiens, et de l’État, pour demander sa libération, les autorités algériennes persistent. « D’après ce qu’on nous dit, Boualem Sansal sera condamné pour des délits qu’il n’a pas commis. Tous les scénarios sont possibles », prévient la présidente du comité de soutien à Boualem Sansal, Noëlle Lenoir.
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Une proposition de résolution bientôt examinée
La députée (Ensemble pour la République) Constance Le Grip, présente lors de la mobilisation, avait déposé en janvier dernier une proposition de résolution européenne réclamant la libération de l’auteur et appelant Alger à respecter ses engagements. L’élue a d’ailleurs profité de ce rassemblement pour annoncer que la proposition avait « enfin » été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Aucune date précise n’a pour l’instant été annoncée.
Le climat entre Paris et Alger semble s’apaiser ces derniers jours. Dans un long entretien télévisé, Abdelmadjid Tebboune a déclaré qu’Emmanuel Macron était « l’unique point de repère » pour régler les différends entre les deux pays. Si la dernière sortie du président algérien semble donner un élan d’espoir en vue d’une libération de Boualem Sansal, son comité de soutien reste sur ses gardes. « On le souhaite mais on reste totalement prudent sur la confiance que l’on peut accorder aux autorités algériennes, qui n’ont pas hésité à arrêter arbitrairement un écrivain libre de sa parole et qui ont soufflé le chaud et le froid pendant quatre mois », confie enfin Arnaud Benedetti.
À l’approche du coucher de soleil, le rassemblement s’est terminé par une Marseillaise. Un geste patriote pour cet écrivain amoureux de la France.
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