Toute vie mérite-t-elle d’être racontée ? Zabou Breitman et Florent Vassault en sont persuadés, au point de tourner un film sur un garçon inconnu à partir d’un lot de vieilles photos dégotées dans une brocante, la première imaginant une journée de sa vie tandis que le second tente de retrouver sa trace. Bien qu’un peu bancal, cet émouvant mélange de fiction et de documentaire leur donne joliment raison. Baptiste Thion
De Zabou Breitman et Florent Vassault, avec Isabelle Nanty, François Berléand. 1 h 37
Novocaine
Drôle de coïncidence : Jack Quaid et Ray Nicholson, respectivement fils de Dennis Quaid et de Jack Nicholson, se retrouvent face à face dans cette comédie d’action réussie où un employé de banque traque un braqueur ayant pris en otage sa petite amie. À la différence que le héros est atteint d’une maladie génétique qui le rend insensible à la douleur. Un divertissement jubilatoire dans la lignée de la saga John Wick, l’humour en plus. Stéphanie Belpêche
De Dan Berk et Robert Olsen, avec Jack Quaid et Ray Nicholson. 1 h 50.
À écouter
Aux racines de la Cité des anges
Marinero, groupe de Los Angeles, a décidé de rendre hommage à sa ville de cœur dès le titre de ce dernier album : La La La. Le programme est clair : remonter le temps par des mélodies sirupeuses ou par le diable au corps latino. Avec François de Roubaix dans les coulisses dès l’ouverture, on tutoie les orchestrations riches de Barry White dans « Dream Suite », on salue The Divine Comedy aux touches mariachi dans « Cinema Lover », on se trémousse sur « Pocha Pachanga » dans le plus pur style Pacheco… bref, on a des envies de soleil couchant et de palmiers ombrageux ! Georges Grange
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La La La, Marinero, Hardly Art.
À voir
Si Napoléon m’était conté
Les spectacles de réalité virtuelle ont le vent en poupe. Ici, le studio Sandora nous propose d’embarquer avec les grognards, pour suivre Napoléon. Le casque vissé sur la tête, le spectateur déambule dans un espace dédié, approchant l’homme au bicorne de (très) près, dans ses salons feutrés, alors qu’il prépare ses assauts stratégiques avec ses conseillers, ou dans le froid des batailles, lors des victoires éclatantes ou des désastres sanglants. Une jolie façon, pédagogue et ludique, de traverser le Premier Empire en s’en remémorant les dates et faits marquants. Une sortie qui ravira vos adolescents ! Armelle Favre
Les Galeries Montparnasse, 22, rue du Départ, Paris 15e . napoleonvr.com
Comment les nazis ont photographié leurs crimes
Pour filmer son chef-d’œuvre, La Zone d’intérêt (2023), qui retraçait le quotidien du commandant du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, Rudolf Höss, le réalisateur britannique Jonathan Glazer s’est documenté, en regardant notamment la série de photographies prises par deux soldats SS, Bernhard Walter et Ernst Hofmann, pour détailler le processus de la Solution finale et même immortaliser l’officier supérieur, en famille, dans le jardin de sa villa luxueuse située de l’autre côté des barbelés. Le Mémorial de la Shoah expose 200 tirages en noir et blanc et en couleurs extraits des albums nazis, accompagnés de cartels pédagogiques, dans un parcours chronologique édifiant. S. B.
memorialdelashoah.org. Jusqu’au 13 novembre

À lire
Jane Austen
Jane Austen, poussiéreuse ? Vraiment ? Avec la nouvelle traduction d’Emma, Clémentine Beauvais dynamite les idées reçues. Fini la bluette sucrée : place à une héroïne que son auteur qualifiait de « difficile à aimer » et à une comédie sociale affûtée. Drôlerie mordante, dialogues ciselés, ironie au scalpel… Jane Austen (1775-1817) retrouve toute sa verve, loin de la mièvrerie où on l’enferme parfois. Ce portrait au vitriol d’une petite société provinciale, mené tambour battant, rappelle qu’Emma est bien plus qu’un roman d’amour : un chef-d’œuvre d’observation psychologique, un roman à tiroirs drôle et brillant. Alix Avril
Emma, Jane Austen, Livre de Poche trad. Clémentine Beauvais 704 pages 8,90 euros.
Un fils et des lettres
Benjamin, il faut le dire, est une bille en dictée. Et puis, « les enfants ont une orthographe si déplorable de nos jours », déplore-t-on autour de lui. Pour faire mentir la fatalité et les statistiques, et pour reprendre une relation apaisée avec leur enfant, ses parents, accompagnés d’une joyeuse bande de bras cassés, décident de prendre le problème à bras-le-corps : ils plancheront sur la fameuse dictée de Prosper Mérimée ! Un drôle de petit roman, attachant et aux pages qui filent, où les générations se parlent et le lecteur sourit. G. G.
La Dictée, Antoine Laurain, Flammarion, 160 pages, 20 euros.
Élixirs d’excellence
On ne mise pas forcément dessus. Et pourtant ! Les bouillons s’apparenteraient à de véritables trésors, des nectars aux multiples vertus, bons pour le corps et l’âme, et délicieux en bouche. Jennifer Hart-Smith nous convainc à travers cette véritable bible du bouillon, qu’il soit végétal ou animal : un joyeux mélange d’histoires, de conseils des meilleurs chefs et de recettes dont les photos nous donnent l’eau à la bouche. Ils seraient les alliés indispensables à notre santé pour traverser les coups de mou – comme les affres du post-partum – ou encore pour nourrir notre peau en collagène et lui donner un bel éclat radieux. Vite, en cuisine ! A. F.
Bouillons bienfaisants, Jennifer Hart-Smith, Hachette cuisine, 29,95 euros, 176 pages.
La liberté sexuelle capote
Le roi du thriller a frappé et très fort : en deux volumes, sombres comme les nuits de meurtre, il fait massacrer à la machette ses personnages les uns après les autres. Mais, comme dans tous ses succès précédents, ce n’est évidemment pas du gore gratuit, c’est au service d’un propos engagé qui ne fait l’impasse sur rien : l’émergence effrayante du sida dans les années 1980, les soirées trash, la fin de l’illusion des Trente Glorieuses… C’est sans concession, grinçant aussi ; les personnages sont finement travaillés et loin d’être manichéens. Un coup de poing dans le noir ! G. G.
Sans Soleil, Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, t.1: Disco Inferno, 432 pages ; t. 2 : Le Roi des ombres, 400 pages, 21,90 euros chacun.
Le mot rare
Contumélie : outrage extrêmement grave touchant à l’amour-propre
Ah que n’a-t-on entendu de paroles contumélieuses, de contumélies, ces derniers mois, des bancs du Palais-Bourbon aux fauteuils du Bureau ovale ! La racine de ce mot est contumax , en latin le rebelle, l’orgueilleux – l’insoumis… – qui donnera « contumace », celui qui se soustrait à la justice. Comme si le plus grand des outrages était de ne pas accorder la moindre attention à son prochain : c’est là qu’on touche l’amour-propre. G. G.
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