Le JDD. La France dispose de près de 160 000 bornes de recharge électriques sur son territoire. Est-ce un niveau satisfaisant ? Suffisant ?
Julie du Mazaubrun. Oui, le réseau de recharge de véhicules électriques est tel que tout un chacun peut désormais, en toute tranquillité, traverser la France sans penser à la panne. La question de la recharge ne se pose plus. Pour ce qui nous concerne, Atlante travaille sur le créneau précis des bornes de recharges rapides et ultra-rapides (au-delà de 100 kW) en itinérance. Ce qui représente, sur les 160 000 places de recharge disponibles sur l’espace public, un marché d’environ 16 %. Concrètement, cela signifie qu’en moins de 20 minutes, vous vous arrêtez, vous rechargez votre voiture et vous repartez.
Combien coûte un plein pour une voiture électrique de puissance intermédiaire ?
En moyenne, sur des bornes de recharge ultra-rapides, le prix du plein est compris entre 12 et 15 euros.
Atlante est propriétaire de ses bornes. Cela signifie-t-il que vous êtes une concurrence nouvelle pour les grands acteurs du secteur ?
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Il y a sur ce marché une diversité d’acteurs, et donc une concurrence dont peut profiter le consommateur. Les grands énergéticiens, type TotalEnergies ou Engie, mais aussi les fabricants automobiles comme Tesla ou Ionity, et enfin les pure players, comme Atlante.
De la même façon que les consommateurs sont habitués aux fluctuations, faut-il s’attendre à d’importantes variation sur le prix du plein électrique ?
On ne peut pas anticiper les fluctuations qui sont liées au prix global de l’énergie. Mais, globalement, les prix de marché sont plutôt à la baisse. Nous proposons ensuite des systèmes d’abonnement avec des offres exclusives. Si vous passez par l’application MyAtlante, vous bénéficiez d’un meilleur tarif. De façon générale, afin de bénéficier toujours du meilleur prix, nous misons sur une tech très innovante qui permet, au-delà de la recharge rapide, d’allier le stockage d’électricité à de la production d’énergie verte sur site. Une sorte de partage intelligent de la valeur.
Quelle est la durée de vie moyenne d’une borne électrique ?
Nous nous fournissons chez les meilleurs fournisseurs de bornes et nous travaillons avec des prestataires – génie civil, génie électrique – qui nous permettent d’installer nos stations pour des durées de vie sont estimées de 10 à 15 ans. Notre obsession est la qualité de service. Les stations Atlante offrent des taux de disponibilité autour de 98 %, contre 86 % en moyenne pour les autres acteurs du marché, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique.
Vous êtes propriétaires de vos sites ou intervenez-vous comme prestataire pour des tiers, comme les collectivités locales par exemple ?
Nous restons propriétaires de nos bornes sur des espaces que nous louons sur les grands axes de trafics routiers, dans les centres commerciaux ou chez les concessionnaires. Des espaces accessibles au public 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Le gouvernement pointe du doigt les entreprises qui rechignent à renouveler leurs flottes pour passer à l’électrique. Qu’est-ce qui les freine selon vous ?
Si je me place dans la position d’un patron ou d’un directeur des achats qui a en gestion la flotte, la première chose à laquelle je vais me heurter, c’est le coût total d’achat du véhicule, qui demeure plus cher que celui d’un véhicule thermique, même si le prix tend à baisser. Mais ce qu’il faut regarder, c’est le coût dans sa globalité. Les coûts d’entretien – moins cher de 30 % – et le coût du carburant qu’on estime, pour un usage équivalent, à moins 50 %.
« Il faut développer le marché de l’occasion »
Passer à la voiture électrique est donc aujourd’hui un modèle rentable. Bien sûr, on pourrait mettre en place d’autres incitations. La Belgique, par exemple, a rendu totalement déductible pour les entreprises l’achat d’un véhicule électrique, mais aussi la fourniture et l’installation des bornes.
On parle souvent de la quantité d’électricité qu’il va falloir produire pour soutenir la demande. Est-ce pour vous un motif d’inquiétude ?
Chez Atlante, on se fournit exclusivement en électricité verte. Ce qui veut dire, en clair, que nous ne saturons pas davantage le réseau. En outre, nous développons des solutions de stockage intelligent, ce qui nous permet de nous adapter en cas de tension sur le réseau. Pour l’avenir, nous avons la chance de faire partie d’un groupe – NHOA – dont la branche énergie fait du stockage en grande capacité. C’est une technologie qui avance vite et bien et qui nous permet d’être en avance par rapport à nos concurrents.
Quels sont les grands enjeux pour l’avenir en matière de développement de l’électrique dans les solutions de mobilité ?
L’Europe a mis en place une politique visant à interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035 afin d’accélérer la transition vers une mobilité décarbonée. La voie est tracée et, même s’il y a parfois quelques interrogations, nous sommes confiants. À terme, la transition sera effectuée. Les pouvoirs publics européens et français doivent conserver le cap et conserver les mesures incitatives à l’achat d’un véhicule électrique neuf.
Mais, pour inciter davantage de citoyens à s’équiper en véhicules propres, il faut absolument développer le marché de l’occasion. Ce marché est en train d’exploser en France et aujourd’hui certains véhicules électriques d’occasion sont au même prix que ceux thermiques.
L’un des vecteurs les plus polluants dans le domaine des transports reste l’avion. Est-ce que, de votre point de vue, adviendra un monde dans lequel vous fournirez des bornes de recharges à des avions électriques sur les aéroports ?
Le secteur de l’aviation commerciale s’est également engagé sur une trajectoire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Le premier levier est le renouvellement de la flotte, car les nouveaux avions consomment nettement moins de carburant que les anciens. Le deuxième levier est l’introduction de biocarburants aux côtés du kérosène.
Enfin, les constructeurs travaillent sur les futurs avions électriques mais aujourd’hui cela ne concerne que les petits modèles en raison de la taille des batteries. Mais l’innovation est très rapide dans ce domaine. Peut-être qu’un jour des avions de lignes électriques voleront et Atlante étudiera ce marché bien entendu.
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