Son terrain de prédilection était la montagne. Les amoureux de la petite reine se souviennent encore avec émotion de sa victoire à l’Alpe d’Huez lors du Tour de France 2011. Désormais retraité des pelotons, l’Orléanais s’attaque à la distance phare de la course à pied. Dans une semaine, il prendra le départ du Schneider Electric Marathon de Paris. Devenu consultant à la télévision et ambassadeur de marques cyclistes, il sera sponsorisé par Flytex, jeune entreprise qui conçoit des produits pour les articulations. À 38 ans, Pierre Rolland a l’impatience du débutant.
Le JDD. Pourquoi courir à Paris votre premier marathon ?
Pierre Rolland. J’ai arrêté ma carrière cycliste il y a deux ans et demi et j’avais envie d’essayer de nouvelles disciplines. La course à pied a un aspect très pratique : il suffit d’une paire de baskets, d’un short et d’un t-shirt pour s’entraîner un peu partout. Le marathon est dans ma liste des cent choses à faire. Cet hiver, je me suis vraiment décidé. C’est la soif d’un nouveau défi. Quitte à courir un marathon, autant que ça soit le plus beau, à Paris.
En tant qu’ancien sportif de haut niveau, quel temps visez-vous ?
Je me suis vite rendu compte qu’en course à pied, on parle beaucoup de chrono, c’est vraiment important pour les puristes. Pour m’inscrire, il a bien fallu que j’indique un temps [afin d’éviter les engorgements au départ, les participants sont répartis dans des sas horaires, NDLR].
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« L’essentiel, c’est de passer un bon moment »
Au début, je pensais faire 4 heures, après je me suis dit que 3 h 45, ça passerait, puis 3 h 30. Mais je pense que je peux viser plus haut. Le principal, c’est de prendre du plaisir. J’y vais d’ailleurs avec un copain qui court le marathon en 2 h 20, ça ne devrait pas lui poser de problème. L’essentiel, c’est de passer un bon moment.
Le 9 mars, vous avez disputé le semi-marathon de Paris, tout comme votre ancien coéquipier Thomas Voeckler, qui l’a bouclé en 1 h 13…
C’est impressionnant. Depuis plusieurs années, Thomas court très régulièrement, même s’il fait encore un peu de vélo. À ma connaissance, il n’a jamais fait de marathon, mais sa performance au « semi » est assez extraordinaire parce qu’à la base, ce n’est pas un spécialiste, et il termine dans les 200 premiers [179e]. Moi, je ne suis pas encore dans la même optique. Je l’ai bouclé en 1 h 27.
Quelles sont les similitudes entre un marathon et une épreuve cycliste ?
À Paris, la moyenne du marathon est de 4 h 11. C’est donc un effort d’endurance, qu’il faut gérer comme en cyclisme. Il faut s’alimenter, bien boire. La grosse différence, ce sont les impacts musculaires. Dans le vélo, on a mal aux jambes, mais ça n’a rien à voir. C’est un sport porté. Là, c’est comme si on nous mettait des coups de poing dans les cuisses à chaque fois que le pied touche le sol. En cyclisme, on n’est pas habitué aux chocs sur les muscles et les articulations.
Après le peloton cycliste, vous découvrez celui des runners…
Il y a un petit phénomène d’abri. Quand on est dans un groupe, on est protégé du vent. Moins que dans un peloton de vélos, certes, où, en plein milieu, on va faire 60 % d’effort de moins. En course à pied, je peux vous garantir que ce n’est pas tant !
« Être dans un peloton est davantage un atout pour le mental »
Être dans un peloton est davantage un atout pour le mental. Après le semi, j’ai hâte d’être de nouveau au départ d’une épreuve de masse, populaire, dans la capitale. Il n’y a pas de classe sociale. On ne sait pas si le voisin est un chef d’entreprise ou un ouvrier. Courir dans un peloton de 50 000 personnes, je trouve ça fou. C’est juste dingue.
Deux cent cinquante mille spectateurs sont attendus le long du parcours, de quoi vous rappeler la ferveur du Tour de France ?
Pour quelqu’un qui n’a jamais fait une étape de montagne sur le Tour, c’est sûr que ça fait beaucoup de monde. Mais honnêtement, quand on est en tête à l’Alpe d’Huez ou dans le Ventoux, c’est un niveau au-dessus !
Comme chaque année, ce marathon tombe le jour de Paris-Roubaix. Le champion du monde, Tadej Pogacar, est-il inconscient ou courageux de se lancer à l’assaut de « l’enfer du Nord » ?
C’est un nouveau prétendant. Il n’a peur de rien, il veut décrocher tous les monuments [le Slovène, triple vainqueur de la Grande Boucle, a remporté quatre Tours de Lombardie, deux Liège-Bastogne-Liège et un Tour des Flandres]. C’est le cannibale des temps modernes. Il n’y a pas d’autres mots. J’adore qu’il prenne le risque de venir sur Paris-Roubaix car il veut marquer l’histoire de son sport et inscrire son nom en grosses lettres, tout en haut de la hiérarchie du vélo mondial.
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