
Niché sur les hauteurs verdoyantes de Tokyo, le Japan National Stadium, en réalité stade des Jeux de 2021, est un prodige d’architecture intégrée au paysage, minimaliste, chaleureux et doucement mélancolique. Il y a quatre ans, pandémie oblige, c’est dans l’épais silence de son huis clos que s’étaient déroulées les épreuves d’athlétisme parmi les plus marquantes de l’histoire des JO. Tout le monde ou presque a déjà oublié car une performance qui n’est pas sublimée par l’émotion collective de ses spectateurs porte en elle les germes de l’amnésie.
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De passage dans la plus grande et sans doute la plus harmonieuse métropole du monde (37 millions d’habitants, trois fois la région parisienne, et pas un papier gras dans les rues), nous n’avons pu résister à la tentation de découvrir cette enceinte au destin contrarié, qui tente par mille événements de s’inventer de nouvelles vies, telles ces délocalisations du FC Tokyo. Tickets en poche (35 euros en tribune centrale) pour la réception ce vendredi de Kashiwa Reysol, l’une des équipes-phares de la J League, la Ligue 1 locale, nous sommes arrivés tôt pour nous imprégner de l’atmosphère. Quand on est un habitué des violences, scandales et autres vulgarités hebdomadaires du ballon rond hexagonal, il convient de se mouiller la nuque, comme on dit, sous peine de tomber dans les pommes – ou plutôt les cerisiers en fleurs.
Quand on est un habitué des violences, scandales et autres vulgarités hebdomadaires du ballon rond hexagonal, il convient de se mouiller la nuque
Dans le jardin zen du foot nippon, on va au temple avant les matchs pour accrocher des amulettes porte-chance aux joueurs, on arrive dans le calme et en famille aux portes du stade, on est joyeusement accueillis par des employés qui distribuent programme du soir et gadgets aux couleurs du club, on prend place après une fouille de principe (le policier a ri quand on lui a demandé si on pouvait entrer avec une bouteille d’eau bouchée, manifestement il n’imaginait pas qu’un tel récipient pouvait atterrir sur la tête des joueurs à l’autre bout du monde) et on profite.
À l’échauffement, les joueurs viennent saluer les supporters. Avant le coup d’envoi, sur la pelouse, ils s’inclinent. Ils feront de même, tribune par tribune, au terme d’une rencontre âprement disputée (1-1) dans le respect absolu des règles et de l’arbitre : on a comptabilisé neuf fautes en tout et pour tout. Ce n’est certes pas le meilleur championnat de la planète – on y a même retrouvé Yuto Nagatomo, l’ancien de l’Inter et de l’OM – mais on est repartis sourire aux lèvres, comme les 45 000 présents, persuadés qu’un autre foot est possible.
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