
La scène, accompagnée du commentaire « voilà une classe qui se tient sage », avait fait polémique. Le 6 décembre 2018, dans un contexte de violences en marge de manifestations contre la réforme du bac, les policiers interpellent 151 jeunes, âgés de 12 à 21 ans, à proximité d’un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une vidéo d’une trentaine de secondes captée par un policier – sanctionné depuis par sa hiérarchie –, puis diffusée sur les réseaux sociaux, montre ces jeunes à genoux ou assis, certains menottés, d’autres les mains sur la tête. Très vite, l’image devient virale, l’affaire s’emballe. L’extrême gauche parle d’une « rafle », le journal Libération publie une tribune d’anciens lycéens de la ville « choqués » par ces images touchant une jeunesse « stigmatisée », les chaînes infos sont en boucle sur cette vidéo.
Publicité
La suite après cette publicité
« Un ballon de baudruche gonflé médiatiquement », dénonce l’avocat des policiers, Me Louis Cailliez. « De leur côté, les institutions ont été très solides et nous ont fait confiance. Le préfet, le procureur et la hiérarchie policière ont gardé la tête froide dans la tempête », témoigne un des policiers inquiétés pendant plus de six ans par la justice. Lui et deux de ses collègues viennent d’être mis hors de cause par deux juges d’instruction de Nanterre. En clair, la justice a acté que ces interpellations ont été réalisées « dans le respect du cadre légal », écrivent les magistrats dans leur ordonnance de non-lieu, reconnaissant une action « nécessaire » et « proportionnée » au regard du « contexte exceptionnel de violences urbaines ».
En clair, ce n’était pas un maintien de l’ordre classique mais bel et bien une opération ciblée d’interpellations de jeunes armés en train de commettre en flagrant délit de graves dégradations. Autrement dit, l’accusation « d’atteinte arbitraire à la liberté individuelle » ne peut pas être retenue.
L’affaire aurait pu s’éteindre d’elle-même, une actualité en chassant une autre. Mais les lycéens ont porté plainte pour des violences. Ce n’est que bien plus tard, au cours de l’instruction, que ces accusations, niées depuis le début par les policiers, se sont révélées imaginaires et mensongères. Leur version a été catégoriquement contredite, entre autres, par une bénévole des Restos du cœur qui a assisté à la scène. D’autres jeunes, pour avoir été maintenus une quinzaine de minutes à genoux dans le froid, ont dénoncé des actes de torture et de barbarie.
L’argument juridique n’a pas été retenu par les juges. Mais il en reste un sentiment « infâmant, blessant et offensant sur le plan humain », regrette un des policiers mis hors de cause. Surtout, il note « un décalage entre la scénarisation de cette affaire par une partie de la presse et la réalité du terrain ». « On recevait tous les jours des messages des élus et des habitants pour nous remercier d’avoir mis un terme aux violences et aux dégradations. J’ai toujours été persuadé qu’on avait fait proprement notre travail », conclut-il. L’avocat des lycéens, Me Arié Alimi, n’est pas convaincu. Il a indiqué qu’il allait faire appel de cette ordonnance de non-lieu.
Source : Lire Plus






