« Sont-ils de ceux qui me jugent ou de ceux qui m’admirent ? » Enveloppé dans sa redingote, Napoléon semble se méfier de ses visiteurs. Ceux-là mêmes qui sont venus le saluer dans sa dernière demeure de Longwood, sur l’île de Sainte-Hélène, en cette fin d’année 1817. Casque de réalité virtuelle sur la tête, les visiteurs sont propulsés pour un voyage de trente minutes au cœur de l’histoire.
Portés par des images virtuelles et une bande sonore saisissante, les voilà au cœur de l’épopée napoléonienne. Ils arpentent le salon de l’Empereur où crépite un feu dans la cheminée. Aux murs, les tableaux attirent le regard, tandis que Napoléon échange quelques mots avec le général Bertrand, son fidèle compagnon d’exil. Puis le voyage les entraîne sous la toile tendue de la tente d’état-major à Austerlitz, au cœur des préparatifs de la bataille, avant de les emmener jusqu’aux rives glacées de la Bérézina, au milieu du fracas de la retraite.
Des technologies immersives au service de la culture
Dans le paysage culturel, les technologies immersives à 360 degrés trouvent peu à peu leur place : jeux vidéo, escape games, visites virtuelles de musées ou d’expositions… Marin de Saint Chamas, cofondateur de la société de production Sandora, a voulu mettre cette avancée technologique au service de la culture. Et quel meilleur point de départ que Napoléon ? « C’est le deuxième personnage historique le plus étudié au monde après Jésus-Christ », souligne-t-il. En février, Sandora a inauguré sa première exposition immersive au Musée royal de l’Armée à Bruxelles, où elle continue d’être présentée. L’exposition est désormais proposée à Paris.
Au-delà du mythe qui entoure Napoléon, les organisateurs souhaitent proposer avant tout une aventure culturelle au cœur de l’histoire. « Dès la conception du projet, notre volonté était claire : nous emparer d’un personnage aussi célèbre que controversé, évoquer les légendes noire et dorée et dépasser cette narration mythifiée pour évoquer l’héritage du Premier Empire, et ainsi s’approcher au plus près de la réalité historique », confie Marin de Saint Chamas.
Dès leur arrivée sur le site, les visiteurs sont invités à passer par une salle d’introduction qui pose les repères de l’époque : frises chronologiques, portraits et récits de figures clés. On y découvre aussi quelques éclairages sur des épisodes largement romancés – comme l’assaut du pont d’Arcole, longtemps présenté comme un exploit, alors qu’il fut en réalité un échec.
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« Il ne s’agit pas de balayer le mythe, mais de permettre à chacun de mieux connaître la réalité des faits »
« Il ne s’agit pas de balayer le mythe, qui reste très présent dans les esprits, précise le jeune fondateur, passionné d’histoire. Mais de permettre à chacun de mieux connaître la réalité des faits. » Une fois les repères historiques posés, le spectateur peut pleinement entrer dans l’expérience immersive. À travers différentes scènes, il découvre Napoléon tour à tour stratège militaire, réformateur politique ou encore bâtisseur de nombreux monuments parisiens. Pour garantir la rigueur historique du scénario, Sandora s’est entourée d’un comité scientifique composé d’institutions et d’historiens. « L’ensemble du spectacle repose sur des sources archivées, afin d’assurer son authenticité, confirme David Chanteranne, rédacteur en chef de la Revue du Souvenir napoléonien. Costumes, décors, dialogues… chaque détail a été vérifié avec soin pour rester le plus fidèle possible à la réalité historique. »
Fort de cette exigence historique, le projet ne s’arrête pas là. Marin de Saint Chamas veut qu’il fasse « le tour de France, mais aussi du monde ». Ce qui ne surprend pas le comité scientifique. « Napoléon est sans doute le personnage européen le plus connu au monde, explique Pierre Branda, historien et spécialiste des questions économiques sous l’Empire. De la Chine aux États-Unis en passant par Cuba, il continue de susciter l’intérêt. »
Pour l’historien David Chanteranne, l’expérience s’adresse à tous les publics, qu’ils soient néophytes ou passionnés, « de 7 à 77 ans […] Cela peut être une première porte d’entrée vers la figure de Napoléon ou une redécouverte pour les connaisseurs, plongés dans une mise en scène qu’ils n’auraient jamais imaginée. »
« Napoléon, l’Épopée immersive », jusqu’au 30 juin, Galeries Montparnasse, Paris. 30 minutes. napoleonvr.com
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