« Je conteste le terme d’islamophobie. On a le droit de ne pas aimer l’islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme », énonçait en 2015 Jean-Luc Mélenchon, du temps où il était vaguement laïc. La liberté de conscience, au fondement des sociétés civilisées, confère en effet à quiconque le droit d’aimer ou de rejeter les croyances qui prétendent au titre de vérités révélées. Tel n’est pourtant pas l’avis de ces députés d’extrême gauche, qui ont déposé une résolution pour instituer « une commission d’enquête portant sur l’islamophobie », celle-ci étant indistinctement définie par les auteurs de la résolution comme une attitude d’hostilité envers les croyants et leur croyance.
Enregistrée à l’Assemblée nationale le 9 avril 2025, la proposition de résolution s’émeut de « la méfiance envers l’islam et les musulmans et musulmanes ces dernières années ». La cause de cette méfiance est toute trouvée : « le traitement médiatique de l’islam et des musulmans, notamment à travers les chaînes d’information en continu, la presse écrite et les réseaux sociaux, joue un rôle crucial dans la perception du public ».
C’est dans les pays non musulmans que les musulmans ont le plus de droits et de libertés
Conformément à une rhétorique du déni bien rodée, les inquiétudes relatives à l’islam relèveraient d’une sorte de panique morale. Car il est entendu que le monde musulman et ceux qui le composent n’ont absolument rien à se reprocher. Après tout, le monde musulman n’est nullement composé d’une quantité disproportionnée de sociétés tyranniques où les principes de liberté et d’égalité relèvent de la science-fiction la plus totale. C’est à se demander pourquoi les observateurs qui regardent le monde musulman de l’extérieur peinent à s’éprendre de lui, compte tenu de l’éclat des sociétés gouvernées par ses lois.
Si l’on en croit le sens des flux migratoires, il n’est pas jusqu’aux musulmans qui éprouvent le besoin de fuir les nations où leur religion est majoritaire, contrevenant ainsi à mille ans de jurisprudence islamique qui réprouve les croyants qui séjournent en pays mécréant. « Un musulman n’a aucune excuse devant Dieu de séjourner dans une ville d’incroyants à moins qu’il ne soit de passage », grommelait au Moyen-Âge le voyageur Ibn Jubair contre ses coreligionnaires qui restaient dans les régions tenues par ces croisés qu’il trouvait dangereusement magnanimes et séduisants ! Mais comment en vouloir aux musulmans quand leurs penseurs déplorent depuis au moins trois siècles – sans que rien n’ait changé depuis – que leurs sociétés font pâle figure à côté de l’Occident ?
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Fait étrange – ou pas -, c’est dans les pays non musulmans que les musulmans ont le plus de droits et de libertés. C’s dans les pays non musulmans que la condition musulmane est la moins désagréable. Rares sont pourtant les adeptes de cette religion ainsi que les islamolâtres à s’interroger sur les raisons de cette dissonance. Et sauf à dépeindre de manière mensongère les sociétés musulmanes qui précèdent la colonisation occidentale comme des eldorados droits-de-l’hommistes, la séquence impériale ne permet pas d’expliquer ce déséquilibre.
Mais, dira-t-on, la détestation d’une religion, aussi légitime soit-elle, n’est-elle pas fondamentalement dangereuse en ce qu’elle entraînerait la persécution de ses adeptes ? À dire vrai, la première cause de persécution des musulmans dans le monde n’est autre que l’islam lui-même. Et si Ernest Renan disait vrai, lui qui affirmait : « Émanciper le musulman de sa religion est le meilleur service qu’on puisse lui rendre » ?
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