
Dominique de Villepin, candidat en 2027 ? « Bonne blague ! », raille un ancien compagnon de route du dernier Premier ministre de Jacques Chirac. La question se pose pourtant. Omniprésent dans les médias depuis le 7-Octobre, l’homme du « non » à la guerre en Irak cultive l’ambiguïté sur ses intentions. Interrogé en janvier par Mediapart, il dit vouloir jouer un rôle lors de la prochaine présidentielle, sans plus de précisions.
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Autre pièce glissée dans la machine à spéculations : la parution début avril sur le site du Grand Continent d’un manifeste de 48 pages intitulé Le pouvoir de dire Non. L’ancien ministre des Affaires étrangères y dresse un tableau crépusculaire de la situation internationale et esquisse quelques pistes pour redresser la France et l’Europe. « Une pièce de doctrine », dixit l’éditeur, qui ressemble drôlement à une ébauche de programme présidentiel. Ajoutez à cela des rendez-vous réguliers avec des journalistes dans une célèbre brasserie du 7e arrondissement de Paris, et vous avez tous les ingrédients pour alimenter le feuilleton. « Il n’est pas encore candidat, mais il a fait quelques pas », estime un proche. Son arrivée en tête du dernier classement Ifop des personnalités politiques préférées des Français aurait « renforcé sa détermination », croit savoir le même. Si le patron de l’Ifop, Frédéric Dabi, observe une « effervescence » autour de Dominique de Villepin, il rappelle néanmoins que la popularité ne se convertit pas automatiquement en bulletin de vote. Pour preuve, un sondage Elabe publié au début du mois nous apprend que l’ancien Premier ministre récolterait entre 2,5 et 5 % des intentions de vote si l’élection présidentielle avait lieu demain.
Mais alors, si ce regain de popularité n’est pas l’expression d’une demande politique, à quoi est-il dû ? Sans doute à un retour de l’Histoire. De l’invasion russe en Ukraine à l’élection de Donald Trump en passant par la guerre à Gaza, les sujets internationaux ont des répercussions concrètes sur le quotidien des Français. Dans ce contexte, Dominique de Villepin, qui conserve l’aura de son discours de l’ONU, incarne, dans la mémoire collective, une voix morale. Ainsi qu’une certaine nostalgie, celle d’une romantique gaulliste : « Villepin, c’est l’image d’Épinal d’une France grande et fière, celle qui tient tête aux États-Unis, pas celle qui se fait cracher dessus par l’Algérie », décrypte une figure de la droite. En réalité, Dominique de Villepin se drape surtout dans l’héritage politique pro-arabe de Jacques Chirac, défendant avec ardeur la cause palestinienne. Ce qui lui vaut une certaine bienveillance de l’extrême-gauche, trop heureuse de trouver une caution, en la personne d’un « homme de droite ».
Ancien chargé de mission de Jacques Chirac à l’Élysée et ardent défenseur d’une candidature Villepin en 2027, Erwan Davoux avance une troisième explication : en retrait de la vie politique depuis quatorze ans, l’ancien Premier ministre n’est pas associé au « système ». L’ex-conseiller gouvernemental voit dans la conjonction de ces trois phénomènes « un alignement de planètes » propice à une déclaration de candidature de son champion. Les diverses initiatives qui fleurissent ces dernières semaines autour de Dominique de Villepin en sont-elles le signe annonciateur ? Création en février de pages officielles à son nom sur Instagram et TikTok, lancement d’une newsletter pour ne rien rater de ses interventions, réservation de noms de domaine en lien avec la présidentielle, sans compter certaines initiatives individuelles.
Nombre d’anciens compagnons de route dépeignent un homme flamboyant, mais velléitaire
Comme le compte X « Jeunes Avec Villepin », qui se décrit dans sa bio comme « un mouvement de jeunesse en soutien à Villepin », et dont le fondateur, un étudiant en première année de sciences politiques, n’entretient aucun lien avec l’ancien ministre. « Avec une dizaine d’autres étudiants, nous relayons chacune de ses interventions sur les réseaux sociaux afin d’encourager sa candidature », explique Auguste Geslin-Pignolet au JDD. « Ces jeunes gens feraient mieux de ne pas trop y croire, ils en seront pour leurs frais », prévient la maire du 8e arrondissement de Paris, Jeanne d’Hauteserre. Elle se souvient du lancement en fanfare de République solidaire en 2010, le microparti fondé par Dominique de Villepin présenté comme une alternative à la candidature de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. « Nous étions nombreux à y croire et puis rien… »
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Comme elle, nombre d’anciens compagnons de route dépeignent un homme flamboyant, mais velléitaire. L’un d’eux, ministre dans son gouvernement, propose une autre lecture de cet activisme médiatique : « Sans doute est-ce pour lui une manière de lutter contre le temps qui passe. » Avant de prédire que le soufflé finira par retomber : « Avec Villepin, c’est toujours la même chose : ça commence en fanfare et ça finit en cymbales. »
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