
« Il n’y a pas de sport plus violent que les échecs. » Cette « punchline » de Garry Kasparov, l’un des plus grands joueurs de tous les temps, est à l’image du combat que mène sa discipline. Malgré plusieurs tentatives, le jeu de stratégie qui a près d’un milliard d’adeptes sur la planète n’est toujours pas parvenu à intégrer le programme olympique. « Aux JO de Sydney en 2000, nous étions en démonstration, mais les parties interminables avec peu de coups n’ont pas convaincu les instances, m’explique Éloi Relange, le président de la Fédération française des échecs. Le format olympique propose désormais des duels avec des cadences accélérées, plus spectaculaires. On y croit ! »
Publicité
La suite après cette publicité
Dynamisée par l’essor fulgurant des matchs en ligne et incarnée par des personnalités charismatiques, la pratique a vu sa popularité grimper en flèche. La série Le Jeu de la dame, qui a enflammé Netflix, a contribué à cette dynamique positive. « En quatre ans, nous sommes passés de 50 000 à 80 000 licenciés, ajoute Éloi Relange. Il se passe vraiment quelque chose en ce moment, à nous d’en profiter. » Objectif : participer aux premiers Jeux olympiques de l’e-sport en 2027, en Arabie saoudite. Cette semaine, les grands maîtres internationaux ont reçu une invitation pour la Coupe du monde d’e-sport, l’été prochain. Une première. « C’est un petit clic pour les joueurs, un pas de géant pour les échecs », a déclaré dans la foulée la superstar norvégienne et multichampion planétaire, Magnus Carlsen.
« Il n’y a pas de sport plus violent que les échecs »
Le plateau à damiers a un coup d’avance sur le bridge. Lui aussi a été sport de démonstration. C’était en 2002, à Salt Lake City, aux JO… d’hiver, dont le calendrier d’épreuves est moins chargé que ceux d’été. Essai non concluant pour le jeu de cartes simplement reconnu par le CIO depuis 1999 en tant que « sport de l’esprit ». « Qu’est-ce que l’exercice physique si ce n’est le mouvement coordonné des muscles ? rétorque le Corse José Damiani, ancien président de la Fédération mondiale de bridge. Le cerveau est le muscle qui fait bouger tous les autres. Chaque sport nécessite réflexion, tactique et stratégie. Le nôtre en demande simplement plus. »
Empêché mais pas abattu, le bridge maintient la pression. « Nous avons tous les atouts pour être sélectionnés pour les JO de l’e-sport », m’assure Franck Riehm. Le président de la Fédération française de bridge (FFB), forte de 80 000 licenciés, enchaîne : « Contrairement aux échecs où les ordinateurs peuvent dépasser les humains, au bridge l’intelligence artificielle est en difficulté, car notre sport intègre le bluff, l’analyse du comportement des adversaires, la stratégie d’équipe. Ce suspense rend notre format de compétition très excitant. »
Loin du cliché d’un moment de distraction pour « mamies » à l’heure du thé, ces parties de cartes, où deux paires d’adversaires se livrent une bataille intellectuelle haletante, sont pratiquées par plus de 100 millions de personnes sur terre. Comme le vante la FFB, « c’est accessible à tous de 6 à 99 ans ». Suffisant pour séduire les seigneurs des anneaux pour les JO de 2032 à Brisbane ? Le bridge n’a pas encore dévoilé toutes ses cartes maîtresses. Les échecs, eux, font d’ores et déjà partie des épreuves additionnelles proposées par l’Inde, candidate à l’organisation de l’édition 2036. De quoi se faire des nœuds aux méninges !
Source : Lire Plus





