
À défaut d’un Grand Prix officiel, rayé du calendrier du championnat du monde depuis trois ans, les fans français de vitesse peuvent encore assouvir leur passion sans sortir des frontières. Le circuit Paul Ricard se prépare en effet à accueillir le « seul grand rendez-vous national de la F1 », selon les mots de Jean Alesi. Le président du célèbre tracé varois se fait le VRP de l’événement : « C’est presque un Grand Prix de la culture automobile, tant il y aura de voitures et de pilotes mythiques présents. » Lui-même conduira la Ferrari avec laquelle il a gagné son unique course, à Montréal, il y a presque trente ans jour pour jour. « La technologie de l’époque était très différente. Le moteur est un V12 à la sonorité assez unique et exceptionnelle », raconte au JDD le « roi Jean », des étoiles dans les yeux. « Ces autos appartiennent à des privés, qui les entretiennent d’une manière exceptionnelle. Ce sont de vraies œuvres d’art, bichonnées et chouchoutées », poursuit-il.
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Son ami et quadruple champion du monde Alain Prost (1985, 1986, 1989, 1993) s’installera dans le baquet de sa McLaren de 1987 équipée d’un V6 turbo développant 850 chevaux. Le Canadien Jacques Villeneuve, titré en 1997, montera dans la Ferrari de son père, Gilles, tragiquement disparu en course il y a déjà (!) quarante-trois ans. L’Australien Mark Webber, retraité plus récemment des circuits, retrouvera sa Jaguar de 2004. Victime d’une fracture de la clavicule après un accident de moto, l’Écossais David Coulthard ne pourra pas conduire, mais effectuera quand même le voyage.
« Ces autos appartiennent à des privés, qui les entretiennent d’une manière exceptionnelle. Ce sont de vraies œuvres d’art, bichonnées et chouchoutées »
À 76 ans, René Arnoux fera office de vétéran. Cet ancien de la marque au losange et de celle au cheval cabré n’a rien perdu de sa gouaille et de son franc-parler malgré les années qui passent : « Faut pas oublier que les F1 qu’on pilotait étaient beaucoup plus puissantes. Question sécurité, on ne pensait pas trop à nous ! Aujourd’hui, les voitures sont extrêmement robustes, plus lourdes, et les moteurs sont fiables. » Une manière de regretter sa génération de furieux de l’asphalte ? La réponse fuse : « D’un côté, oui. Car ça voudrait dire que je suis plus jeune. D’un autre côté, la F1 est devenue trop aseptisée. Tout est réglementé, il faut rentrer dans des cases. Nous, on avait encore le courage de dire ce qu’on pensait et de faire ce qu’on voulait. Eux, ils ont des comptes à rendre à leur écurie, c’est un peu dommage. Il y a plein de choses qu’on réglait nous-mêmes, on n’appelait pas maman ou papa, alors que maintenant, avec l’électronique, c’est la voiture qui gère toute seule quand ce ne sont pas les ingénieurs dans les box. »
La 7e édition du Kennol Grand Prix de France historique, coorganisé par la Fédération française du sport automobile et sponsorisé par une entreprise familiale de lubrifiants, est également l’occasion de fêter les vingt ans du doublé mondial de Renault, lauréat en 2005 des titres constructeur et pilote. La fameuse R25 (rien à voir avec la voiture de série !), à la livrée jaune et bleue, sera entre les mains de son pilote essayeur de l’époque, Franck Montagny.
Charles Leclerc pensait sans doute qu’il aurait un week-end tranquille, après le GP d’Arabie saoudite (ce soir à 19 heures sur Canal+) et avant celui de Miami, dimanche 4 mai. Mais le Monégasque viendra en voisin sur un tracé qui lui a souri. Au Castellet, il a réussi une pole position (en 2022) et un podium (3e en 2019). L’envolée des coûts et les choix exotiques de la société américaine Liberty Media, propriétaire du championnat du monde, ne vont pas dans le sens d’un retour à moyen terme de la F1 sur le Paul Ricard ni même en France.
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Pourtant, la passion demeure intacte dans l’Hexagone. L’an dernier, 82 000 spectateurs s’étaient ainsi pressés pendant trois jours sous le soleil du Sud. Cette année, plus de soixante-dix Formule 1 de toutes les décennies seront réunies ainsi qu’une (bonne) centaine d’autres voitures de collection. Laurent Vallery-Masson, promoteur de l’événement, se frotte les mains : « On se dirige vers un nouveau record de fréquentation. »
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