Ils sont de retour et veulent que ça se sache. En l’espace d’une semaine, deux patrons ont publiquement tapé du poing sur la table pour exprimer leur ras-le-bol. Le premier, jusqu’alors inconnu du grand public, a assuré qu’il éviterait désormais d’investir dans une ville détenue par une majorité écologiste.
En réaction à des attaques menées par des militants d’extrême gauche contre un projet d’usine de freins carbone à Rennes, Olivier Andriès, directeur général du groupe Safran, a pris une décision radicale. Interrogé par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les obstacles à la réindustrialisation de la France, le patron du groupe tricolore spécialisé dans les moteurs d’avions, d’habitude discret et économe de ses mots, a fini par exploser. « Si c’est pour se faire accueillir par des tomates, ce n’est pas la peine, je ne le ferai pas ! » a-t-il tonné sur un ton sec, surprenant jusque ses plus proches collaborateurs.
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Vivre en Absurdistan
Le second dirigeant, qui n’est autre que Bernard Arnault, a profité de l’assemblée générale de son groupe pour faire passer un message sans ambiguïté aux responsables de la Commission européenne. Si jamais les négociations avec les États-Unis sur les droits de douane échouaient, ce serait la faute de Bruxelles et certainement pas des entreprises, a martelé le patron du numéro un mondial du luxe, tout en dénonçant l’emprise du pouvoir « bureaucratique ».
Dans les deux cas, que ce soit la charge contre les villes écolos menée par Olivier Andriès ou le réquisitoire contre les technocrates bruxellois de Bernard Arnault, on ne peut que déplorer de vivre en Absurdistan. Sinon comment expliquer qu’en plein effort de réindustrialisation, une municipalité, fût-elle verte, ne fasse pas tout ce qui est en son pouvoir pour dérouler le tapis rouge à un patron qui promet de créer jusqu’à 500 emplois ? Comment expliquer encore que pour tenter de négocier avec Donald Trump, les États européens acceptent de se faire remplacer par des technocrates au sens politique aussi aiguisé qu’un couteau à beurre ?
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Les prises de parole des grands patrons viennent insuffler un peu de bon sens dans un monde de dogmes et de normes
Tout cela me fait penser à une parodie de western réalisée en 1973 par Mel Brooks, Le Shérif est en prison, comprenez par là, tout fonctionne à l’envers et on marche vraiment sur la tête. Dans un tel contexte, les prises de parole des grands patrons ou des dirigeants de PME/TPE viennent insuffler un peu de bon sens dans un monde de dogmes et de normes.
Névrose bureaucratique
Parmi toutes les menaces existentielles qui nous pendent au nez, il en est une qui mine directement ce qu’il reste de vitalité et de créativité dans notre société. Il s’agit de l’alliance de la névrose bureaucratique, de l’inefficacité de l’écologie punitive et de la méfiance pathologique à l’égard de nos entrepreneurs. Trop occupés à sermonner ou à dénoncer, la plupart des responsables politiques ne se rendent même plus compte qu’ils n’ont plus le pouvoir.
À l’Assemblée nationale, on éructe. Au Sénat, on tempère. À Matignon, on procrastine. Dans les ministères, on passe. À l’Élysée, plus personne ne sait vraiment ce qui se passe. Mais dans les entreprises, on travaille, on innove et on fait avancer le pays. Une France toujours biberonnée, hélas, à la vision archaïque d’une lutte des classes où les patrons sont éternellement coupables dans la psyché collective.
Le communiste Roussel fait semblant d’oublier que LVMH est l’un des plus gros recruteurs de France
Fabien Roussel a ainsi accusé Bernard Arnault d’être vendu aux Américains. Et Sandrine Rousseau a répondu au patron de Safran que l’aviation n’était pas une industrie d’avenir. Le communiste qui se veut héraut de la gauche du travail fait semblant d’oublier que LVMH est l’un des plus gros recruteurs de France.
Quant au raisonnement de la passionaria du buzz, même Kafka s’y perdrait. Que reste-t-il alors pour sauver le pays, sinon la richesse créée par nos entreprises, l’effort fourni par des millions de salariés et la volonté de fer des entrepreneurs français auxquels il faudrait dire collectivement : merci patrons !
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