Il fallait la superficie de Paris Expo Porte de Versailles pour accueillir comme il se doit la grande rétrospective qui célèbre les cent ans des studios américains Disney, dans le hall qui avait présenté Harry Potter en 2023. L’idée est identique : plonger le public dans l’univers merveilleux de l’usine à rêves fondée par Walt Disney en 1923 à l’aide d’une scénographie spectaculaire, qui égrène plus de 250 « joyaux de la couronne » disposés dans neuf galeries serpentant sur 1 400 mètres carrés.
Œuvres d’art (dessins, peintures, storyboards), objets rares ayant été utilisés pour les tournages en prises de vues réelles servant de modèles lors de la conception des films d’animation, costumes, accessoires, maquettes, sculptures, marionnettes, photographies, partitions musicales, scénarios, projections, caméras, animatroniques et même vestiges des parcs d’attractions éponymes, répartis dans le monde entier.
Un univers merveilleux
En effet, le parcours englobe tout l’empire tentaculaire de Disney, y compris les franchises Marvel, Star Wars, Indiana Jones, Pirates des Caraïbes… C’est donc une gigantesque entreprise de vulgarisation qui est menée ici dans un dédale classé par thèmes, pour démontrer que l’esprit de créativité et d’innovation de l’illustre Walt est toujours vivace et sans limite au sein de l’institution culturelle, qui continue d’enflammer l’imagination des petits et des grands.
On ne boude pas son plaisir en découvrant la section honorant Walt Disney lui-même
On ne boude pas son plaisir en découvrant la section honorant Walt Disney lui-même. Au mur, une série de clichés en noir et blanc où on le voit bébé à l’âge de 10 mois, en barboteuse de dentelle blanche, son regard immédiatement reconnaissable, adolescent avec une raquette de tennis, enfin jeune homme à sa planche à dessin. Ses parents aussi, Elias Disney, qui a exercé plusieurs métiers au cours de sa carrière (fermier, ouvrier des chemins de fer puis dans le bâtiment) et Flora Call, institutrice.
Né à Chicago, dans l’Illinois, le 5 décembre 1901, le pionnier du cinéma d’animation, à la fois scénariste, réalisateur et producteur, attrape très tôt le crayon et esquisse des caricatures pour le magazine de son lycée en 1917. Il apprend son futur métier en complet autodidacte, avec un talent inné pour relater des histoires, comme en témoigne la série de courts métrages muets d’une minute, avec des croquis rapides et fonctionnant sur les gags, exécutés dans le garage de la maison familiale en 1921. Une année plus tard, il rallonge à six voire sept minutes ses versions contemporaines et humoristiques des contes de fées. Sa passion devient alors la pierre angulaire de sa vie, le visionnaire y croit à fond. Selon lui, « aucune aventure n’est impossible ». Il puise son inspiration dans la nature, et en particulier les animaux.
La suite après cette publicité
Gravir les sommets
Steamboat Willie marque un tournant décisif : diffusé le 18 novembre 1928, bénéficiant pour la première fois d’un son synchronisé, le dessin animé désormais culte lance le personnage fétiche de Mickey Mouse, qui vaut à Walt Disney un Oscar. « Il est sorti de mon esprit sur un bloc-notes… lors d’un trajet en train de Manhattan à Hollywood, à une époque où les finances de mon frère Roy [son associé, NDLR] et les miennes étaient au plus bas et où le désastre semblait imminent, se souvient-il. Nous souhaitions quelque chose d’attrayant, et nous avons pensé à un tout petit bout de souris qui aurait la nostalgie de Charlie Chaplin. »
Suivent Minnie Mouse, Donald et Daisy Duck, Pluto et Dingo. Il est bien déterminé à passer au long métrage avec Blanche Neige et les sept nains en 1937, l’adaptation du classique des frères Grimm, mais aussi l’occasion de mettre au point la caméra multiplane, une révolution technologique capable d’accorder de la profondeur au film en 2D.
« Je veux vous laisser avec cette pensée que ce n’était qu’une sorte de répétition générale, et que nous ne faisons que commencer… »
Sans oublier le réalisme des protagonistes et des décors, le tout en couleur et en musique. Selon lui, l’homme peut gravir tous les sommets. Grâce aux quatre C : la curiosité, la conviction, le courage et la constance. Il investit sans compter son argent, son talent et son temps. Pour accoucher d’un chef-d’œuvre, symbole de l’insatiable quête d’excellence des studios Disney. Il est persuadé que la fable est le meilleur outil de narration jamais conçu, et que l’écran est son meilleur support. Par conséquent, aucune raison de s’arrêter : « Je veux vous laisser avec cette pensée que ce n’était qu’une sorte de répétition générale, et que nous ne faisons que commencer… »
« Disney 100 : l’exposition ». Jusqu’au 5 octobre. tickets.disney100exposition.fr
Source : Lire Plus





