
C’était un homme bon. Bien avant d’être le pape des catholiques. Bien avant de choisir le nom de François en hommage à saint François d’Assise, qui battait la campagne les pieds nus avec une cordelette comme ceinture. Jorge Mario Bergoglio croyait en une « Église pauvre, pour les pauvres » depuis qu’il était jeune prêtre dans les bidonvilles de Buenos Aires comme dès le début de son pontificat. Son premier déplacement fut sur l’île de Lampedusa en 2013, où venaient s’échouer des milliers de migrants ayant traversé la Méditerranée en croyant au mirage de l’eldorado européen. Il revendiqua d’être le pape des migrants, n’hésitant pas à tancer régulièrement l’Occident en dénonçant le « fanatisme de l’indifférence », critiquant nos sociétés de consommation où l’absence de spiritualité creuse les déserts du cœur.
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Il était le pape du dialogue interreligieux, considérant la fraternité comme essentielle et appelant à construire des ponts entre les cultures et les croyances. Dans sa dernière bénédiction Urbi et Orbi lue au balcon de la basilique Saint-Pierre le 20 avril par le cardinal Comastri, il appela une nouvelle fois à la paix dans le monde, dénonçant les horreurs de la guerre tout comme « le climat d’antisémitisme croissant se répandant dans le monde entier ».
François fut un pape qui installa son autorité en changeant les trois quarts des 136 cardinaux lors de son pontificat, tentant de décentraliser la curie et de modifier le rite ainsi que la liturgie traditionnelle, ce qui créa de profondes divisions dans la communauté catholique.
Un pape très politique qui rencontra, la veille de sa mort, le vice-président américain J. D. Vance, un fervent pratiquant, après avoir violemment critiqué la politique migratoire américaine de Donald Trump. Le choc de deux visions assez éloignées de la chrétienté.
Le pape du Sud global n’aimait pas les glorifications politiques personnelles
« Qui suis-je pour juger ? » lança-t-il dans un avion face à la presse qui venait de révéler l’homosexualité d’un prêtre. Et nous, qui sommes-nous pour le juger ? Il affronta comme Benoît XVI la vague de témoignages de ceux qui ont subi des violences sexuelles de la part de prêtres. Il y fit face tant bien que mal, exhortant à la tolérance zéro et à la dénonciation de ces crimes odieux, réformant le droit canon pour alourdir les sanctions contre les agresseurs, sans réussir à apaiser la souffrance des victimes.
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S’il sillonna les pays les plus démunis de la terre, il fut parcimonieux avec la France, qu’il ne visita que trois fois et jamais en voyage officiel. Strasbourg, Marseille ou, au mois de décembre dernier, la Corse, pour un colloque sur « la religiosité populaire en Méditerranée » qu’il préféra à l’inauguration en grande pompe de Notre-Dame de Paris, restaurée après avoir été sauvée des flammes. Le pape du Sud global n’aimait pas les grandes messes médiatiques et encore moins les glorifications politiques personnelles. Pourtant, il était imprégné de culture française, citant abondamment dans ses discours le père Michel de Certeau, ou encore Pierre Favre, Savoyard qui fut l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola et qu’il canonisa en 2013, louant « sa piété simple et son dialogue avec tous ». Il était sans doute l’un des modèles spirituels du pape François.
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