Ces dernières semaines, les riverains venaient régulièrement brûler des cierges et participer aux offices pour prier pour la santé du pape dans la basilique San José de Flores. C’est dans cette église, qu’il fréquentait dans sa jeunesse, que celui qui s’appelait encore Jorge Mario Bergoglio s’est senti appelé au sacerdoce en 1953. « C’est durant une confession qu’à 17 ans, notre pape a été submergé d’une profonde émotion et a découvert sa vocation, se souvient le père Martin Bourdieu, curé de la paroisse, qui a eu la chance de le fréquenter. Il a toujours su rester simple et proche des plus humbles. »
Dehors, c’est un vacarme de moteurs diesel. La circulation est dense. Les bus déversent des flots de curieux et de fidèles devant la basilique. Tous sentent un lien avec le pape François. C’est le cas de Gustavo, sans emploi : « Ce pape, c’était notre Maradona de l’Église. Je ne suis pas catholique mais chrétien évangélique, et cet homme saint m’a souvent fait douter de mon choix, car il était proche du peuple. Il n’hésitait pas à aller dans les bidonvilles de Buenos Aires, pour servir la soupe et être au plus proche des pauvres. C’est une fierté d’avoir eu un pape argentin d’une telle envergure morale. »
Il n’est pas le seul à se sentir ému par la mort du pape François. Et pour cause. Jorge Mario Bergoglio a grandi dans ce quartier excentré de Buenos Aires. Son père était comptable pour les chemins de fer argentins, sa maman mère au foyer, tous deux enfants de migrants italiens. C’est dans la maison familiale, calle Varela 268, une ruelle bruyante mais ombragée de platanes, qu’il est né. À l’extérieur, une plaque le rappelle. Des bouquets ont été déposés. Comme si, déjà, c’était un lieu de pèlerinage. Il faut remonter un étroit couloir ouvert sur le ciel pour arriver à la porte d’entrée. Juan, étudiant, et son frère y habitent depuis quelques années. « Ça fait toujours bizarre de vivre dans un tel endroit. Comme si le lieu était encore habité. »
La maison est simple. Elle se compose de trois chambres et d’une petite cuisine donnant sur une salle à manger centrale. Il ne reste rien de la présence des Bergoglio, sauf les luminaires de l’entrée. Un petit escalier mène à un toit-terrasse. Federico, un voisin direct, nous interpelle. Il ne mâche pas ses mots : « Moi, ce pape, je ne l’ai jamais aimé. » Partisan du président Javier Milei, il reproche au pape François de « s’être mêlé de ce qui ne le regardait pas ». En d’autres termes, de faire de la politique.
« François est entré au panthéon des légendes argentines, après Carlos Gardel, Evita Peron, Fangio et Maradona »
Cent mètres plus loin, à l’école Pedro Antonio Cervino, une autre plaque rappelle que le jeune Jorge Mario y a fait toutes ses classes de primaire. À la sortie, une file de mamans attendent leurs enfants. « Franchement, je n’ai jamais porté beaucoup d’importance au fait que ce pape soit du quartier », estime Jenifer. Elle n’en a pas moins une pensée pour ce pape qui a quitté définitivement le quartier de Flores au milieu des années 1970, peu après avoir été ordonné prêtre, en 1969.
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Mais personne n’a pourtant oublié celui qui a peu à peu gravi les échelons de la hiérarchie catholique jusqu’à devenir archevêque de Buenos Aires, puis souverain pontife. « En devenant le premier pape d’origine latino-américaine de toute l’histoire, François est entré au panthéon des légendes argentines, après Carlos Gardel, Evita Peron, Fangio et Maradona », s’amuse Roberto, un chapelet autour du cou.
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