Visiter la Grande galerie de l’évolution relève toujours de l’enchantement. Ce n’est pas un hasard si le Muséum national d’histoire naturelle a la cote auprès des enfants. Car en plus d’organiser des expositions qui créent l’événement, fédératrices et accessibles à tout public, l’institution propose un accompagnement ludo-éducatif, avec des dispositifs interactifs, des activités pour s’amuser et des cartels explicatifs pour enseigner.
La rétrospective dédiée aux déserts, chauds ou froids, ne faillit pas à la règle. L’expérience se veut organique, à commencer par la longue descente d’un escalier dans une atmosphère tamisée, où on entend le sirocco souffler sans discontinuer. Bienvenue dans les régions du globe les plus hostiles au développement de la vie, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Une invitation à effectuer un voyage extraordinaire, avec 200 spécimens et objets pour la plupart issus des collections permanentes, encadrés de projections sur des écrans géants, afin de mieux comprendre le mode de fonctionnement de cet écosystème unique qui occupe un tiers des terres émergées de la planète sur tous les continents et recèle par conséquent une variété de paysages inouïe (du sable du Sahara à la glace de l’Antarctique).
Leur point commun ? L’aridité, la rareté de l’eau sous forme liquide tout au long de l’année. Dans ces conditions, difficile de subsister. Et pourtant, défiant les éléments, les températures extrêmes et les vents violents, on trouve une biodiversité ô combien étonnante, qui a évolué et s’est adaptée à son environnement contraignant. Comme les occasions de s’abreuver sont infimes, la nourriture permet aux animaux de produire de l’eau métabolique, obtenue à partir des nutriments ingérés. Championne en la matière, la gerbille obèse du Sahara est économe puisque ses excréments et son urine ne contiennent qu’une faible quantité d’eau ! Le cactus profite quant à lui d’une averse pour faire des réserves, car elle s’évapore très rapidement aussitôt tombée au sol.
Une invitation à effectuer un voyage extraordinaire
À la différence des mammifères, oiseaux, reptiles et insectes, les plantes ne peuvent pas se déplacer pour subvenir à leurs besoins. Mais elles disposent d’un système très sophistiqué de racines capable de puiser en profondeur ou de s’étendre à la surface pour quadriller un large périmètre et ainsi récupérer la moindre goutte de pluie ou de condensation. D’autres mécanismes de défense se mettent en place, comme des pelages clairs pour empêcher l’échauffement et se camoufler dans le milieu naturel ou des refuges pour profiter d’un peu de fraîcheur et d’humidité.
À l’inverse, les fourrures denses renferment plusieurs strates isolantes qui limitent la déperdition de chaleur quand le thermomètre affiche -40° C et que le blizzard souffle en Antarctique. Ainsi, les manchots empereurs misent sur le collectif, en se regroupant et en se serrant les uns contre les autres. Ils doivent aussi leur salut à leur épaisse couche de graisse et leur plumage imperméable et coupe-vent. Suivant la même logique, la flore lutte contre le gel en permanence et pousse au ras du sol afin de constituer un tapis. Autant d’informations qui jalonnent un parcours scientifique à la scénographie épurée, où défilent des individus de différentes espèces naturalisés, du fennec à l’ours polaire. De quoi renforcer la fascination, notamment celle de l’explorateur Théodore Monod, qui écrivit, en 1997, dans Le Chercheur d’absolu : « J’ai eu la chance de rencontrer le désert, ce filtre, ce révélateur. Il m’a façonné, appris l’existence. Il est beau, ne ment pas, il est propre. C’est pourquoi il faut l’aborder avec respect. »
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« Déserts ». Jusqu’au 30 novembre. mnhn.fr
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