
La mia natura è fuoco : « J’ai une nature enflammée. » Ainsi Catherine de Sienne se définit-elle avec une lucidité extraordinaire. Il est vrai que la courte vie de cette jeune femme du XIVe siècle a été l’une des plus incroyables qui soient. Vingt-troisième d’une fratrie de vingt-cinq enfants (!), elle voit le jour la même année que le début de la peste noire, qui a décimé l’Europe de près de 60 % de sa population. Sans compter le Grand Schisme d’Occident et la guerre de Cent Ans…
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Dans cette fin du Moyen Âge où la violence est partout, il fallait une âme de feu pour s’imposer aux consciences anesthésiées ! À ses parents d’abord, qui souhaitent la marier contre son gré et la gardent recluse dans la maison familiale pendant trois ans. Mais elle tient bon, car elle veut se consacrer totalement à Dieu. Mieux : elle met toute son énergie à être configurée au Christ et à l’imiter jusque dans sa Passion. Elle sera exaucée au-delà de ce qui est imaginable puisqu’en 1375, à Pise, elle reçoit les stigmates mêmes du Christ, un phénomène rare dans l’histoire des saints.
Tout cela, elle le vit par amour indéfectible de l’Église, et pour promouvoir une vraie réforme spirituelle. Elle exhorte le pape Grégoire XI à « se conduire comme un homme », en nommant des bons pasteurs dans l’Église et en menant « la guerre contre les péchés des hommes d’Église et contre les siens ». Tout en manifestant au souverain pontife le respect qui lui est dû, le gratifiant du nom de « doux Christ de la terre ». Car c’est une mystique, et aussi une femme d’action. Elle écrit beaucoup, dicte à trois secrétaires en même temps des lettres – on en conserve 373 – aux riches, aux pauvres, aux princes et aux prélats, pour leur rappeler leur devoir et les enjoindre à changer de vie. « Dépouillez-vous de cet amour-propre qui affaiblit tout être raisonnable », déclare-t-elle sans ambages à un cardinal. C’est également une fine politique : elle veut réconcilier les cités italiennes qui se font la guerre.
8 000 adultes et adolescents baptisés à Pâques cette année
Sainte Catherine est tellement impressionnante qu’autour d’elle se regroupent ce que l’on appelle les Caterinati : jeunes seigneurs, vieux marchands, prêtres, avocats, artistes et soldats ! Ils la suivent partout, jusqu’en Avignon où elle convainc le pape de revenir à Rome après 72 ans d’absence. À la fin de sa vie, établie à Rome, elle va prier tous les jours sur la tombe de saint Pierre pour la paix de l’Église. Le secret de cette âme ardente, qui est tout sauf une imprécatrice ? Sans doute se trouve-t-il dans la tension, féconde, entre une « fermeté intrépide et une douceur persuasive » – dixit Jean-Paul II. Autant de qualités paradoxales qui, chez elle, s’harmonisent car enracinées dans son désir de Dieu.
En cela, son itinéraire spirituel est précieux pour tous ceux qui aujourd’hui se tournent vers la foi catholique – près de 18 000 adultes et adolescents baptisés à Pâques cette année, un record ! Dans un monde déchristianisé qui suppose souvent de se situer à contre-courant, sainte Catherine de Sienne possède en effet une fermeté d’âme et une force intérieure dans la foi qui lui faisait dire : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier ! »
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