Dès le début de l’interview, son regard et son sourire atypiques nous ramènent vingt ans en arrière, quand la série Heroes envahissait les petits écrans du monde entier ou encore quand il donnait une seconde jeunesse au personnage de Spock dans la nouvelle adaptation de Star Trek au cinéma en 2009, signée J. J. Abrams. Cette fois dans la peau d’Oliver Wolfe, un éminent neurologue résolument borderline dans Brilliant Minds, Zachary Quinto rayonne de bout en bout. Et si les séries médicales poussent comme des champignons, celle-ci se démarque clairement. Décryptage sans langue de bois.
Le JDD. Votre personnage évoque fortement Dr House…
Zachary Quinto. (Amusé.) Effectivement, vous êtes nombreux à faire le parallèle. House est à la fois brillant et irascible, souvent rude dans ses interactions. Oliver Wolfe, lui, est très différent : il n’est pas désagréable, simplement en décalage. Il est parfois mal à l’aise socialement, mais animé d’une profonde bienveillance. Et surtout, il s’inspire d’une figure bien réelle : le neurologue Oliver Sacks. Un homme fascinant, spécialiste des troubles rares, qui avait une vision profondément humaine de la médecine. C’est ce qui, à mon sens, donne à Brilliant Minds sa singularité.
Parlez-nous justement du génie de ce neurologue vraiment unique, très intuitif, presque magique dans sa manière d’exercer sa discipline…
Oliver Sacks était un iconoclaste qui mettait le bien-être de ses patients au centre de tout, quitte à bousculer les règles. Mon personnage agit donc ainsi, à l’instinct, et il n’hésite pas à défier le système. Une particularité d’autant plus complexe que l’hôpital où il exerce est dirigé par sa propre mère !
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L’originalité de la série consiste à se pencher comme rarement sur le fléau des troubles neurologiques. S’agit-il du mal du siècle selon vous ?
Absolument. Et sensibiliser le public, donner une représentation juste de ces troubles, c’est important. Si des spectateurs se reconnaissent dans ces personnages, ou y voient un proche, cela peut leur apporter du réconfort.
Pensez-vous que Brilliant Minds saura se distinguer des autres séries médicales, et trouver sa place auprès du public ?
Les approches varient. Ici, on se concentre sur la neurologie, la psychologie, la santé mentale et les dynamiques émotionnelles. D’autres, comme The Pitt [arrivée récemment sur Max, NDLR], explorent les situations d’urgence. Ce sont des univers très distincts. Mais la médecine fascine toujours le public, c’est certain. Avec Brilliant Minds, on plonge dans le cerveau, la conscience, des domaines captivants. Souvent, les maladies évoquées n’ont pas de remède. Cela pousse les patients à repenser leur rapport à la vie. Voilà ce qui rend le récit si humain. L’accueil aux États-Unis est très bon.
Votre personnage souffre d’un mal très rare : il éprouve des difficultés à reconnaître les visages. Comment avez-vous adapté votre jeu à cette particularité ?
Oliver Sacks était en effet atteint de prosopagnosie, aussi appelée « cécité des visages ». C’est un vrai défi pour un acteur, car il s’agit d’un trouble intérieur, très subjectif. Heureusement, notre réalisateur sur les deux premiers épisodes nous a aidés à trouver un langage visuel spécifique. De mon côté, j’ai lu de nombreux témoignages. Ces personnes s’appuient sur des voix, des parfums, une paire de lunettes, une coupe de cheveux… Des indices pour compenser. Je m’en suis beaucoup inspiré.
En France, vous aviez marqué les esprits avec la série Heroes en 2006. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’évolution du genre ?
Heroes, c’était l’un des derniers grands événements télé avant l’explosion des plateformes. Revenir chez NBC, avec une série comme Brilliant Minds, près de vingt ans plus tard, a une vraie résonance pour moi. Depuis, la télévision a bien changé… On maîtrise mieux l’art du récit, et l’accès à ces contenus s’est considérablement démocratisé. Tant mieux !
Remarquable pour les uns, cinglé pour les autres… Oliver Wolfe est un neurologue aussi brillant qu’atypique, inspiré du célèbre médecin britannique Oliver Sacks, disparu en 2015. Spécialiste des cas rares, il explore les mystères du cerveau avec une approche aussi intuitive qu’empathique, tout en composant avec ses propres troubles, notamment une incapacité à reconnaître les visages. Cette série médicale, singulière et audacieuse, met la science au service de l’émotion. À l’image d’un premier épisode remarquablement construit, consacré aux ravages d’Alzheimer. Seul bémol : une tendance à s’attarder un peu trop longuement sur les démons – pas toujours passionnants – du héros. Le tournage d’une saison 2 est en discussion.
De Michael Grassi, avec Zachary Quinto, Tamberla Perry, Ashleigh LaThrop. Treize épisodes de 52 minutes. Disponible sur Warner TV.
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