
En visite ce vendredi 25 avril dans le Cantal, le Premier ministre, François Bayrou, a dévoilé le plan de son gouvernement pour tenter de répondre à la problématique hautement inflammable des déserts médicaux. Un enjeu majeur alors que la densité de médecins généralistes ne cesse de baisser : par exemple, dans le département, leur nombre est passé de 160,6 pour 100 000 habitants en 2010 à 139,4 aujourd’hui.
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Aux côtés des ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarité), Yannick Neuder (Santé), Philippe Baptiste (Enseignement supérieur) et Françoise Gatel (Ruralité), François Bayrou a présenté la mesure phare du plan : l’instauration d’une « mission de solidarité territoriale individuelle », effective dès 2025. Ce dispositif imposera à tous les médecins – généralistes comme spécialistes – d’assurer un certain nombre de jours de consultation dans les zones sous-dotées jusqu’à deux jours par mois, avec des objectifs chiffrés : 30 millions de consultations par an, à terme.
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Un système incitatif
Pour faire accepter cette mesure, le gouvernement prévoit un système incitatif : des contreparties financières pour les professionnels qui s’y engagent, mais aussi des sanctions pour ceux qui s’y soustrairaient. Objectif affiché : « régler la situation des zones rouges en deux ans », selon Matignon.
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Parmi les autres leviers du pacte : le déploiement massif de 3 700 docteurs juniors, ces internes en quatrième année de médecine générale, qui pourront assurer jusqu’à 15 millions de consultations annuelles dans les territoires prioritaires.
L’exécutif compte désormais sur une articulation entre textes législatifs et mesures réglementaires
Le gouvernement veut aussi encourager les vocations locales : les jeunes des zones sous-dotées seront incités à suivre des études de santé. À partir de la rentrée 2026, tous les étudiants en médecine devront effectuer au moins un stage hors CHU et un autre en zone sous-dense.
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Le numerus apertus sera ajusté, avec un nombre minimal de places à ouvrir en première année de médecine pour mieux répondre aux besoins territoriaux. Enfin, une réforme des procédures d’intégration des médecins diplômés hors Union européenne est annoncée, avec un allègement des épreuves de vérification des connaissances.
Une réponse politique dans un contexte explosif
En filigrane de ces annonces : un climat politique tendu et une opposition frontale des syndicats médicaux. Depuis plusieurs semaines, la proposition de loi transpartisane visant à réguler l’installation des médecins sur le territoire suscite un tollé. Le texte, adopté en première lecture à l’Assemblée, prévoit qu’un praticien ne puisse s’installer dans une zone déjà bien dotée que si un autre s’en va – une mesure dénoncée comme oppressive par les syndicats médicaux.
« Ce n’est pas de la régulation, c’est de la coercition », s’indigne Franck Devulder, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF). Une grève nationale intersyndicale illimitée a été annoncée à partir du 28 avril. Lucas Poittevin, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), appelle les internes, les jeunes médecins et les étudiants à rejoindre le mouvement.
François Bayrou, s’il soutenait initialement cette régulation de l’installation, a finalement privilégié un autre cap : la « solidarité territoriale » plutôt que la contrainte frontale. Pour autant, le débat perdure. Les syndicats redoutent une bureaucratisation accrue et une perte de liberté d’installation. Alors que les tensions ne faiblissent pas, l’exécutif compte désormais sur une articulation entre textes législatifs et mesures réglementaires, certains décrets étant attendus avant l’été 2025 pour concrétiser le déploiement des docteurs juniors.
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