
Il y a presque un an jour pour jour, le 24 avril précisément, Emmanuel Macron délivrait, dans l’indifférence générale, le discours « Sorbonne 2 » sur le thème de l’Europe puissance. « Tout le monde se foutait de nous. “Macron est encore dans son délire !” entendait-on partout », se souvient l’un de ses plus proches. La débâcle aux européennes lui revint en boomerang et le renvoyait à « son délire ». Douze mois plus tard, « Sorbonne 2 » ressuscite, le grand dessein du président est comme révélé par la déflagration de l’élection de Donald Trump. Et la célébration approche, avec un double rendez-vous diplomatique la semaine du 8 mai. Le 7, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz sera à Paris, au lendemain de son entrée en fonction. Et la visite ne se résume pas au symbole de la lune de miel un peu compassée du « couple franco-allemand ».
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Investir dans la défense
Sans le réciter par cœur, le nouveau maître de Berlin a remis au goût du jour le discours boudé par son prédécesseur Olaf Scholz : non seulement Merz adhère à la vision d’une Europe puissance, mais galvanisé par le revirement du protecteur américain, il veut passer la surmultipliée. À Paris, les deux chefs d’État tenteront de boucler un accord sur le plan ReArm Europe, 800 milliards d’euros d’investissement dans l’industrie de défense de l’Union. Quitte à recourir, tabou ultime pour un chancelier, à la dette européenne. Preuve de sa détermination, Merz envisage de livrer des missiles de croisière Taurus à l’Ukraine, quand le prudent Scholz l’excluait totalement.
Le revirement allemand sur le renforcement de l’Europe se joue aussi sur le terrain de l’énergie, autre secteur stratégique
Au-delà des canons, le revirement allemand sur le renforcement de l’Europe se joue aussi sur le terrain de l’énergie, autre secteur stratégique. Face à l’urgence de la réduction de la facture d’électricité du pays, la CDU version Merz a opéré un virage à 180 degrés sur le nucléaire en ouvrant la porte à l’énergie produite par les réacteurs français dans le mix énergétique européen. Mieux ! Berlin pourrait revenir sur sa décision de fermer ses dernières centrales. On se pincerait presque. Last but not least, la prédiction d’Emmanuel Macron d’une inéluctable et souhaitable union des marchés de capitaux sera aussi discutée par des Allemands qui, jusqu’alors, n’en voulaient pas.
Le programme de la visite du chancelier n’est pas encore définitivement fixé, mais s’il voulait qu’on comprenne bien à quel point il brûle de resserrer le couple franco-allemand autour de la vision d’Emmanuel Macron, Merz devrait sans doute suggérer une accolade sous la coupole du grand amphithéâtre… de la Sorbonne !
Le traité de Nancy signé le 9 mai
Dans la foulée de la visite de Merz le 7, Emmanuel Macron signera avec son homologue polonais, à Nancy, un accord d’amitié au contenu très opérationnel. Qualifié d’accord « premium » par l’Élysée, le texte comporte notamment des garanties de sécurité via une aide militaire française en cas d’attaque contre son allié. C’est la première fois que la France signe un traité de ce type avec un pays non frontalier, après ceux conclus avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
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