OM : entre luxe, désinvolture et absurde
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Jean-François Pérès
26/04/2025 à 20:07

Pour préparer la réception de Brest ce soir (ce dimanche à 20 h 45), l’Olympique de Marseille a passé la majeure partie de la semaine à Rome. Ceux qui vivent avec le football en intraveineuse lèveront à peine un sourcil : après tout, la pratique de la mise au vert, plus connue sous le nom de « ritiro » dans la langue de l’entraîneur italien Roberto De Zerbi, est l’un des leviers classiques du management de haut niveau.
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Mais ce que dit l’initiative est préoccupant à plus d’un titre pour le club provençal. Car la motivation première de cette délocalisation – qui a quand même mis dans l’avion une cinquantaine de personnes –, c’est justement… le déficit supposé de motivation d’une partie de l’effectif pour remplir l’objectif impérieux d’une qualification en Ligue des champions (sans elle, les finances seraient dans le rouge vif). Et c’est là que les clignotants s’affolent.
À l’OM, joueurs et (très nombreux) membres du staff technique jouissent d’un environnement parfaitement adéquat à la performance. Le centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus (ex-Commanderie), déniché au début des années 1990 par Michel Hidalgo sur les hauteurs de l’est de la ville, est l’un des plus charmants et opérationnels de Ligue 1. Il possède même les infrastructures nécessaires pour y dormir si besoin. Alors ? Rendons-nous à l’évidence.
« République des joueurs »
À quelques mois du trentième anniversaire de l’arrêt Bosman, qui a libéralisé et profondément bouleversé ce sport, les dirigeants rencontrent des difficultés grandissantes à obtenir de la plupart des joueurs un comportement d’employés respectueux de leur entreprise et soucieux de sa pérennité. Quelques bons matchs ou statistiques flatteuses suffisent à attirer les convoitises et faire tourner les têtes.
À la fois pions et rois sur l’échiquier ultralibéral du ballon rond, ils ont pris conscience de leur prévalence au point qu’on parle désormais de « république des joueurs », et les grands discours de leurs présidents sur « l’institution plus forte que tout » ne font que souligner davantage l’impuissance de ces derniers face à cette indécence incompréhensible au commun des mortels.
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Le salaire moyen d’un joueur de l’OM est de plus de 200 000 euros mensuels, ses conditions de travail et de vie sont optimales, il évolue dans un stade à la ferveur incomparable mais il doit passer quatre jours à Rome, dans un hôtel de luxe, pour trouver la concentration nécessaire à battre Brest – occasionnant pour son club une dépense supplémentaire de plusieurs centaines de milliers d’euros. Ainsi va le foot à Marseille, entre les collines de Pagnol et l’absurde de Ionesco.

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