La qualité des eaux de baignade est surveillée comme le lait sur le feu par tous les élus du littoral qui se réfèrent aux études bactériologiques des agences régionales de santé (ARS). Ces dernières procèdent en effet, au printemps et en été, à de multiples analyses afin de mesurer les risques de pollution et de contamination des baigneurs, et produisent un classement des plages dans un « cadre communautaire », c’est-à-dire que l’ensemble des états membres de l’Union européenne y participent.
Quand les analyses sont très mauvaises, des arrêtés municipaux sont publiés pour la fermeture provisoire des zones touchées. Mais un autre classement, récemment publié, a immédiatement fait réagir les agences, par communiqué : « Le classement d’Eau & Rivières de Bretagne ne doit en aucun cas être considéré comme un classement valide et officiel des eaux de baignade. »
C’est pourtant « à partir des études ARS, précise au JDD Christophe Le Visage, vice-président de l’association environnementale Eau & Rivières de Bretagne, que nous venons, pour la seconde année consécutive, de réaliser la cartographie de l’ensemble des 1 858 plages françaises. » Mais, différence de taille, les chiffres présentés « intègrent la totalité des prélèvements », et non pas une moyenne comme le font les ARS. L’association Eau & Rivières, détaille son vice-président, en tire une interprétation différente en rassemblant toutes les données publiées ces quatre dernières années, et élabore un classement en fonction de la qualité des systèmes de traitement des eaux usées, du ruissellement et de la proximité des élevages agricoles.
La contestation des ARS ne modifie en rien le classement
Les ARS estiment à l’inverse que ce « classement, établi par l’association, est défavorable » et laisse à penser « à tort » que les sites de baignade déconseillés ou à éviter sont « de mauvaise qualité », alors qu’il s’agit surtout d’une situation de pollution parfois très ponctuelle, « un jour donné », après beaucoup de pluie par exemple. « On ne cherche pas du tout à faire peur aux touristes mais plutôt à leur présenter un classement simple, se justifie Christophe Le Visage. Nous voulons des données facilement compréhensibles par tous, ce qui n’est pas vraiment le cas pour les chiffres ARS. »
Ainsi, 593 plages de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée sont recommandées (elles étaient 690 en 2024), 814 sont jugées à risques (755 l’an dernier), 316 sont déconseillées et 83 à éviter (93 en 2024) en raison d’une présence très marquée de la bactérie Escherichia coli dans l’eau, mais également de risques d’entérocoques intestinaux.
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Parmi les dix-huit meilleures plages ex æquo, on en trouve en Gironde ou dans le Finistère, tandis que d’autres, dans le Var ou à Boulogne-sur-Mer, se retrouvent en bas de classement. Et la contestation des ARS n’y aura rien changé : Radio France et France TV s’associent à cette initiative intitulée « La Belle Plage », puisque le service public diffusera dans les prochaines semaines un spot de publicité gratuite incitant le grand public à consulter le site « avant de se baigner ». De quoi faire hurler certains élus locaux, surtout lorsque leurs plages sont mal classées.
Au printemps dernier, les élus du littoral des Hauts-de-France avaient d’ailleurs protesté contre les notations de 38 de leurs plages, puisque dix-neuf étaient à éviter et quinze déconseillées. « Nous sommes en colère face à cette contre-publicité à l’aube d’une saison estivale essentielle », avait alors écrit Daniel Fasquelle, maire du Touquet et président de Hauts-de-France Tourisme, au président d’Eau & Rivières de Bretagne. D’autant que Guillaume Andraud, le directeur de la communication de cette collectivité littorale, note que l’ARS « avait indiqué en 2024 que la qualité des eaux était suffisante et conforme à la directive européenne ». Le premier édile avait donc réclamé à l’association environnementale un démenti, qu’il n’a manifestement jamais obtenu.
La guerre se poursuit cette année, risquant de perdre encore un peu plus les baigneurs…
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