
Cette pratique du tatouage, désormais massive, soulève des questions sanitaires sur les risques liés à ces injections d’encre indélébile sous la peau. D’autant que ceux qui le pratiquent ignorent souvent tout des précautions à prendre, des risques, de l’origine des produits injectés… Jusqu’à présent, peu d’études – relativement à l’importance démesurée de ce phénomène – se sont penchées sur ces risques à long terme. Pourtant, une partie de l’encre migre de la peau vers le sang après un tatouage, et s’accumule dans les ganglions lymphatiques. Deux études récentes, menées par des chercheurs danois sur des jumeaux, viennent de mettre en évidence un risque accru de cancer chez les personnes tatouées. Ce qui justifierait des travaux plus approfondis sur le sujet.
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Cancer de la peau, lymphome ?
La première de ces études montre un surrisque de cancer de la peau quelle que soit la surface occupée par le tatouage. « Les travaux qui viennent d’être publiés ne sont pas très robustes, avec beaucoup de biais méthodologiques », temporise le docteur Nicolas Kluger, professeur-assistant de dermatologie à Helsinki, consultant « tatouage » à l’hôpital Bichat à Paris et membre de la Société française de dermatologie. « Les auteurs considèrent par exemple qu’il y a une association s’il y a un tatouage sur la jambe droite et un cancer sur le bras gauche, poursuit l’auteur de Mon tatouage et moi, aux éditions Vuibert. Le principal facteur des cancers de la peau, c’est le soleil. Mais il n’y a pas eu d’enquête pour savoir si les personnes tatouées avaient un comportement plus à risque avec le soleil ! »
La seconde enquête révèle quant à elle un risque un peu augmenté de lymphome, mais seulement pour les tatouages d’une surface supérieure à la paume d’une main. Une étude suédoise publiée en 2024, portant sur 11 905 personnes, avait aussi conclu que le risque de développer un lymphome augmentait de 21 % chez les personnes tatouées. Mais là encore, le professeur Kluger veut rassurer : « La seconde étude sur les lymphomes n’est pas très solide non plus. D’autres enquêtes n’ont pas retrouvé ce risque chez les tatoués. Pour clarifier le sujet, il faudrait mener des études sur de plus grands effectifs, avec une méthodologie plus rigoureuse. »
Des complications, notamment d’ordre allergique, sont relativement fréquentes
L’engouement mondial pour cette pratique devrait inciter à en évaluer sérieusement les conséquences à long terme. Mais d’autres complications, notamment d’ordre allergique, sont relativement fréquentes. Principalement avec des encres rouges ou des couleurs dérivées comme le rose ou l’orange. « Ces allergies surviennent le plus souvent des mois, voire des années après la réalisation du tatouage, explique le docteur Kluger. Il s’agit probablement d’une allergie à un produit de dégradation de l’encre de tatouage, qui apparaît au fil du temps. Ces allergies sont pénibles : la peau gonfle, démange, avec une réaction inflammatoire. »
Si, malgré un traitement local, l’allergie ne disparaît pas, un détatouage au laser est possible. Et dans le pire des cas, une exérèse chirurgicale de la peau tatouée peut être faite, qui laissera forcément une cicatrice. Lorsqu’une réaction allergique à une couleur apparaît, c’est une contre-indication à vie à refaire un tatouage avec cette même couleur.
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Règles d’asepsie
Et quel est le risque d’attraper une infection lors d’une injection avec des encres de tatouage ? Depuis que la formation à l’hygiène et aux règles d’asepsie est obligatoire pour les tatoueurs, le risque d’infection a considérablement diminué. « Certains peuvent sans doute encore faire des erreurs. Mais, de manière générale, il est rare de voir en consultation de dermatologie une infection de la peau consécutive à un tatouage. Les tatoueurs utilisent du matériel à usage unique, des autoclaves pour stériliser leurs instruments, des produits pour désinfecter la peau, affirme le docteur Kluger. Des infections par le virus VIH n’ont jamais été clairement documentées après tatouage. Quant aux infections par les virus de l’hépatite B et C, associées au tatouage, elles ont disparu. Bien sûr, les adeptes du tatouage doivent faire attention, notamment à ne pas aller se faire tatouer n’importe comment, n’importe où, en Afrique ou en Asie… »
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