On en sait un peu plus sur la libération samedi soir du père d’un homme ayant fait fortune dans la cryptomonnaie à Malte. La police a donné l’assaut dans un pavillon de Palaiseau, dans l’Essonne, 58 heures après son enlèvement. Le quinquagénaire s’est fait enlever dans une rue du 14e arrondissement de Paris à 10h30 le 1er mai, alors qu’il était sorti promener son chien.
Quatre hommes encagoulés l’empoignent et le forcent à monter dans un fourgon utilitaire au nom d’UPS, comme l’ont confié des témoins à France Info. Le fourgon a été volé et floqué faussement du nom de l’enseigne de livraison, précise sur RTL Fabrice Gardon, directeur de la police judiciaire de la préfecture de police.
Plusieurs millions d’euros réclamés au fils
S’ensuivent 58 heures d’angoisse pour la famille et de calvaire pour le quinquagénaire qui aura un doigt sectionné et dont les conditions de détention ont été « extrêmement difficiles », selon une source proche du dossier.
Une centaine de policiers de plusieurs services de police judiciaire sont mobilisés pour constituer une task force avec la BRB (Brigade de répression du banditisme) en service coordonnateur, mais également la Brigade criminelle, la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) et la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C). Comme lors d’attentats, des ateliers de travail sont organisés en fonction des expertises des uns et des autres, pour traiter les données (téléphonie, applications, cryptomonnaies).
« Il y a une pression qui est mise très vite sur la famille en utilisant des applications cryptées, que ce soit par des appels vocaux, par des envois de textos et même par l’envoi de vidéos. Donc une très, très forte pression est mise d’entrée de jeu pour obtenir la très forte somme d’argent demandée », relate lundi Fabrice Gardon sur RTL et France Info.
« Plusieurs millions d’euros » sous forme de cryptomonnaies sont réclamés au fils, revenu de Malte, qui est assisté par des négociateurs de la police et des psychologues durant les échanges avec les ravisseurs.
La mutilation filmée et envoyée à la famille
Un premier ultimatum est donné. Vendredi soir, le délai est expiré, les malfaiteurs coupent le doigt de leur victime. Ils filment la scène qu’ils envoient à la famille. A ce moment-là, les enquêteurs brassent des milliers de données, les fouillent à la recherche d’un « microdétail », une « petite erreur permettant de tirer le fil », raconte sur BFMTV Thierry Sabot, patron de la BRI. Mais toujours rien. Soudain, samedi en milieu de matinée, ce minuscule détail est trouvé et permet aux enquêteurs de remonter jusqu’aux malfaiteurs.
Un pavillon dans un quartier tranquille de Palaiseau (Essonne) est localisé, avec « une certitude de 80 % » que ce soit bien le lieu de séquestration de la victime. Le temps presse, un second ultimatum a été lancé, les ravisseurs menacent de mutiler une nouvelle fois leur otage, voire de le tuer.
A 21 heures, l’assaut est donné, une demi-heure avant l’expiration de l’ultimatum. « Il fallait à un moment décider de prendre le risque d’y aller ou pas […], on a pris ce risque parce qu’on craignait que de façon très imminente il y ait encore plus de mal fait à la victime », explique le patron de la PJ. L’otage est retrouvé en vie.
« Des voyous exécutants »
Sept personnes, tous jeunes, ont été interpellées. Ce qui frappe une source proche de l’enquête, c’est leur connaissance de ce qu’il y a de mieux en matière de technique, ce qui ne correspond pas à leur profil.
« Ils n’ont pas un profil, en matière de palmarès de voyous, extrêmement fourni, donc on est sans doute sur des exécutants », estime Fabrice Gardon. « Ce genre de profil de jeunes voyous exécutants, on les retrouve dans plein de thématiques, les home-jackings notamment. Ce sont parfois les plus dangereux parce que justement ils ne sont pas expérimentés, ils sont jeunes, ils paniquent vite à la moindre résistance, ils peuvent devenir très violents. Ce sont des gens extrêmement dangereux, quand bien même ils n’ont pas un parcours criminel très fourni ».
La victime est hospitalisée et n’a pas pu être encore interrogée par la police.





