Au bout du fil, sur les routes du Sud de la France où il vient de démarrer la promotion de son film Sur la route de papa*, Olivier Dacourt se marre : « Quel que soit le champion d’Europe, je serai content. Si c’est l’Inter, parfait pour moi, je suis très attaché à mon ancien club. Si c’est le PSG, que j’aime beaucoup aussi, mes enfants seront fous de joie. »
À trois semaines de l’événement-foot de l’année, l’un des acteurs récurrents des soirées européennes sur Canal+ se penche pour le JDD sur cet Inter Milan qu’il connaît par cœur après y avoir joué entre 2006 et 2009, remportant notamment le championnat d’Italie à trois reprises. Il a gardé de nombreux amis en Lombardie et, pour lui, le PSG ne sera pas forcément favori de la finale. Voici pourquoi.
Le JDD. L’Inter peut-il battre le PSG ?
Olivier Dacourt. Oui. Il y a d’abord l’expérience : ce sera la deuxième finale du club en trois ans. Au niveau émotionnel, ça compte beaucoup. Autour de ces matchs, il y a une pression folle. Face à Barcelone mardi (3-3, 4-3 après prolongation), l’Inter a été mentalement immense. Devant mon écran, quand ils étaient éliminés à cinq minutes de la fin du temps réglementaire, je me disais : « Mais comment vont-ils sortir du stade ? »
Jamais je n’aurais pensé qu’ils reviendraient. Vous vous rendez compte, Acerbi, l’homme qui arrache la prolongation ? C’est un défenseur de 37 ans qui se retrouve attaquant, qui n’a jamais mis de but de sa vie et marque du droit alors qu’il est gaucher ! (Rires.) Et Frattesi, qui met le but vainqueur ? Quel sang-froid, quelle émotion. Très peu d’équipes s’en seraient sorties, croyez-moi.
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Un homme synthétise tout cela, c’est l’entraîneur Simone Inzaghi…
Quand il était joueur, il n’y en avait que pour son grand frère, « Pippo » [Filippo, NDLR], un immense avant-centre obsédé par le but. Lui était aussi un attaquant, mais plus collectif. Et comme entraîneur, il est largement meilleur. Simone est d’ailleurs une exception car les plus grands sont presque toujours des anciens milieux : Guardiola, Deschamps, Luis Enrique, Ancelotti, Arteta… Pourquoi ? Les milieux doivent mettre leur ego de côté pour aider la défense et l’attaque. Simone ressemble davantage à eux, finalement.
Vous attendiez-vous à de telles performances de Yann Sommer dans le but milanais ?
Il a été incroyable par instants. Avec lui, Bastoni, Acerbi, il y a une âme dans cette équipe. Elle n’est pas forcément la meilleure, mais possède un esprit de guerrier. Calhanoglu, quel joueur… Barella, c’est un top des tops, et pourtant il travaille pour l’équipe. Et quand tu vois Lautaro Martinez ou Marcus Thuram en attaque, les efforts qu’ils déploient… Tu es obligé de courir pour eux ! Les mecs se sacrifient. J’en avais presque des frissons.
D’ailleurs, la façon dont Marcus Thuram, isolé et excentré, s’arrache pour offrir le but de l’égalisation à Acerbi est très significative…
Jamais cette action ne doit aboutir à un but. Mais il ne lâche rien. C’est le travail à l’italienne, ça. S’il n’y a pas quelque chose de profond qui unit les joueurs, ce n’est pas possible. Ils n’arrivaient pas à faire quatre passes, ils étaient au bord de la rupture, leur possession était famélique…
Le Barça t’use, tu cours après le ballon, tu finis par craquer. Dans ce contexte, la victoire de l’Inter est un exploit au sens premier du terme, impensable.
Les Italiens peuvent-ils reproduire ce genre de prestation ?
Bien sûr. La pression sera celle d’une finale de Ligue des champions et elle n’aura pas lieu au Parc des Princes. La gestion des émotions, c’est quelque chose de très particulier. L’Inter a perdu de justesse en 2023 face à Manchester City (1-0) et l’équipe n’a quasiment pas bougé : sept joueurs actuels étaient titulaires en 2023, plus Mkhitaryan qui était remplaçant.
« Quelque chose de profond unit les joueurs de l’Inter »
L’ossature connaît ce rendez-vous. J’ajoute que toute l’année en Serie A, l’Inter joue des matchs contre la Juventus, la Roma, la Lazio, l’AC Milan bien sûr où la pression ressemble à celle de la Ligue des champions. En France, pour le PSG, tu as peut-être Marseille, et encore…
Canal+ a diffusé une vidéo de vous durant le match Inter-Barça. Vous exultez sur le but de la qualification…
Ça a fait le buzz, en Italie et en dehors (rires). Tous les anciens de l’Inter m’ont appelé et m’ont dit : « Ça nous a fait plaisir que tu réagisses comme ça ! » On en a gagné des batailles tous ensemble. Quand je les retrouve, il y a toujours une belle osmose.
Au final, on a la sensation que le PSG est face à un combat mental inconnu cette saison…
L’Inter sera le test mental ultime, oui, on peut le présenter comme ça. Jusqu’à présent, le PSG a fait plaisir, il s’est adapté à tout. Mais, face à Arsenal, on a vu un creux dans la gestion des émotions. Sans un grand Donnarumma dans les buts, c’était peut-être fini. Il a pourtant été critiqué, l’Italien (lire ci-dessous)… Au final, je suis optimiste pour l’Inter.
*Sortie en salle le 18 juin.
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