C’est la bête noire des surveillants pénitentiaires. Une petite frappe marseillaise qui a gravi les échelons de la délinquance jusqu’à tomber dans la catégorie peu désirable de détenu particulièrement surveillé (DPS). La justice le soupçonne d’avoir commandité deux assassinats dans les Bouches-du-Rhône, qui se sont soldés par la mort de deux « petites mains » et d’une victime collatérale, un chauffeur de VTC totalement étranger à ces règlements de comptes. Pas peu fier d’avoir fomenté ce projet depuis sa cellule, il a revendiqué son appartenance à la DZ Mafia, ce que le groupe de narcotrafiquants a démenti de façon inédite dans un communiqué publié en décembre dernier.
Hacène L., âgé de 23 ans et surnommé « Le H », sème la zizanie partout où il passe. Contacté par le JDD, son avocat n’a pas donné suite. Mais selon nos informations, deux juges d’instruction spécialisés de Nancy viennent d’ouvrir, le 2 mai dernier, une nouvelle enquête le concernant pour des faits d’association de malfaiteurs en vue de la préparation de meurtres en bande organisée d’agents pénitentiaires.
Alors que la justice fait face à une vague d’attaques contre les prisons, signées par de mystérieux tags « DDPF » – droits des prisonniers français –, un courrier manuscrit non signé est découvert, le 24 avril, au pied de la cellule du quartier d’isolement où il est détenu. Le titre ? « DDPF ». À l’intérieur, de nouvelles menaces visent des surveillants ainsi que la directrice de la prison de Nancy-Maxéville.
Les geôliers reconnaissent immédiatement son style d’écriture et sa prose. Surtout, « ces écrits font référence à des agressions commises contre deux surveillants, avec des détails laissant penser qu’il a lui-même organisé ces commandos aux domiciles de gardiens de prison dans le département de la Meurthe-et-Moselle », rapporte une source proche de l’enquête.
Le 13 avril, vers 5 h 35, trois individus cagoulés étaient en effet entrés au domicile d’une des victimes. Le 17 avril, rebelote. Cette fois-ci, les deux agresseurs connaissaient le surnom du surveillant et l’avaient menacé d’un « B., on t’aura ! » avant de prendre la fuite. Le même jour, trois individus se rendaient également à l’ancienne adresse d’une chef de la détention, munis d’une arme. La plupart des exécutants n’ont pas été identifiés. Seule certitude des enquêteurs : un Ivoirien en situation irrégulière, interpellé fin avril en région parisienne puis écroué dans le cadre d’une autre affaire de stupéfiants, a participé à ces tentatives d’intrusion.
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Beau-parleur, provocateur ou intimidateur professionnel ? Le H a été condamné à trois ans de prison ferme, fin avril, par le tribunal de Nancy, pour au moins neuf menaces de mort proférées à l’encontre de gardiens de prison et de la direction entre décembre 2024 et février 2025.
Lors de l’audience, il reprochait à l’administration pénitentiaire d’avoir été déplacé dans le Grand-Est, se retrouvant arraché à son Sud d’origine, sans sa Xbox et ses pulls Dior soi-disant perdus lors du transfèrement. Aujourd’hui à l’isolement, Hacène L. pourrait rejoindre l’une des deux prisons de haute sécurité censées héberger, à partir du 1er juillet, les narcotrafiquants les plus dangereux. À Vendin-le-Vieil ou Condé-sur-Sarthe, peu de risque d’égarer sa console : elle y sera interdite.
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