La Fondation Canal+ (lancée en janvier) a inauguré hier son CinéMo dans le quartier de La Bocca, à quelques encablures de la Croisette. Le concept ? Un camion itinérant abritant une véritable salle de cinéma de 72 places ! Qualité d’image aux normes CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), sonorisation 7.1… Il n’a pas grand-chose à envier aux projections traditionnelles. L’objectif : permettre un accès gratuit à de nombreux films au public vivant dans des territoires reculés, dans les zones rurales comme les quartiers prioritaires de la politique de la ville. « C’est un projet emblématique de notre pilier “accès à la pratique culturelle”. Cela a du sens pour nous, car nous avons des expertises à partager dans le cadre des missions d’intérêt général de l’association », souligne Marine Schenfele, déléguée générale de la fondation.
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À l’image d’un complexe cinématographique, le CinéMo a sa propre programmation (accessible à tous) soigneusement sélectionnée par un jury composé de professionnels du cinéma, comme le réalisateur Wim Wenders. Au cours de sa tournée, ce camion d’un nouveau genre diffusera notamment La Part des anges (2012) de Ken Loach, Le Grand Bain (2018) de Gilles Lellouche, Ma vie de Courgette (2016) de Claude Barras ou encore Moonrise Kingdom (2012) de Wes Anderson. Et, à partir du 25 juin, le road trip pourra démarrer ! « D’abord en poursuivant sa route dans la région cannoise, puis partout en France jusqu’au mois d’octobre, pour terminer en Île-de-France. Toujours avec cette idée de créer ou de recréer un lien avec la salle de cinéma. Le CinéMo a été pensé pour durer », poursuit Marine Schenfele.
« Le CinéMo a été pensé pour durer »
Le concept est inspiré de MuMo, un musée mobile intégré à un camion créé il y a une quinzaine d’années par l’entrepreneuse Ingrid Brochard, également directrice du développement des camions culturels chez Art Explora, l’autre fondation qui a œuvré à faire naître le CinéMo. « J’ai grandi en zone rurale, dans une famille peu exposée à la culture. J’attendais le bibliobus [une bibliothèque itinérante, NDLR] avec impatience. C’était ma fenêtre vers l’imaginaire. J’ai découvert les musées plus tard à Paris et j’ai ensuite voulu offrir cette chance à d’autres, faciliter cette première rencontre avec l’art et la culture », confie-t-elle. Très impliquée dans l’élaboration de ce cinéma ambulant inédit, elle se félicite déjà de son impact positif : « Lors de l’une des premières projections, pour un groupe mêlant résidents d’Ehpad et collégiens, il y avait un homme de 85 ans qui n’était pas allé au cinéma depuis cinquante ans ! Après la séance, les échanges avec lui étaient très riches et émouvants. C’est exactement ce que nous cherchons à créer. »
Pour Gaëtan Bruel, fraîchement nommé à la tête du CNC, ce projet est à la fois « exemplaire », « symbolique » et « efficace » vis-à-vis des jeunes : « Dans un contexte où ils vont davantage vers les réseaux sociaux que vers les salles, il faut former les spectateurs de demain et réinventer le rapport aux écrans. La Fondation Canal+ contribue magnifiquement à cette ambition. Elle brille par ses actions culturelles et éducatives, en soutenant “Orchestre à l’école”, qui œuvre à l’épanouissement et à la réussite des enfants par le biais d’une pratique instrumentale collective en milieu scolaire, et soutient à La Réunion, d’où je reviens, le programme “Talents La Kour”, qui aide des jeunes à réaliser leurs premiers courts métrages de fiction, révélant le potentiel créatif d’un territoire exceptionnel. »
Avec le CinéMo, la Fondation Canal+ prend donc joliment la route pour poursuivre sa noble mission : rendre la culture accessible au plus grand nombre.
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