« Le monde change, la vérité disparaît et la guerre arrive. » Le ton est donné. The Final Reckoning est la suite directe du septième volet, Dead Reckoning (2023) : on avait laissé Tom Cruise sautant à moto d’une montagne escarpée, pour atterrir en parachute sur le toit de l’Orient-Express lancé à grande vitesse et chutant dans un précipice quelques kilomètres plus loin suite à l’explosion d’un pont ! L’acteur américain se surpasse une fois de plus dans ce huitième épisode, sous l’eau ou dans les airs, gratifiant le public qui en redemande de cascades spectaculaires. Avec, en toile de fond, la menace d’une intelligence artificielle infectant tout le cyberespace pour provoquer une apocalypse nucléaire. Stéphanie Belpêche
De Christopher McQuarrie, avec Tom Cruise, Simon Pegg. 2 h 51.
La Venue de l’avenir
Elle avait surpris en réalisant en 2022 son premier film, Seize printemps, dans lequel elle tenait aussi le rôle principal. Puis confirmé l’année suivante en interprétant une jeune fille qui se reconstruisait grâce à son psy dans la série En thérapie. Voilà aujourd’hui Suzanne Lindon dans les robes fin XIXe siècle d’une jeune paysanne qui monte à Paris pour retrouver une mère qu’elle n’a pas beaucoup connue. Une prostituée qui travaille dans une maison close et qui a été la maîtresse de grands artistes. Avec Paul Kircher, Vassili Schneider et Abraham Wapler, elle incarne, dans cette belle fresque humaine entremêlant les temporalités pour conjuguer amour, transmission, importance de l’art et de l’éducation, la jeune génération que Cédric Klapisch a toujours mise en valeur dans son cinéma. Barbara Théate
De Cédric Klapisch avec Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Paul Kircher. 2 h 06. En salle jeudi.
Théâtre
Et Dieu créa le sport
Cinq anges sont dépêchés sur Terre par Dieu pour remédier à la guerre… par le sport, qui rassemble et apaise. La fièvre olympique suffira-t-elle à restaurer un calme olympien ? La ligne d’arrivée est encore loin… L’archange Nelson Monfort prête main-forte (en voix off) à l’allégresse des six comédiens de cette fable loufoque et tourbillonnante. Mention à la finesse de Marguerite Kloeckner, auteur de la pièce avec Alexis Chevalier. Ce dernier signe aussi une mise en scène pleine de fantaisie réfléchie, dans laquelle brille Grégoire Roqueplo, faux air de Laurent Stocker lunaire, son compère du duo « Guigue et Plo », repérés par leurs précédents voyages en absurdie, notamment le délicieusement barré Ceci n’est pas une saucisse. Allergiques à la folie douce s’abstenir ; pour les autres, c’est malin et déjanté… 3, 2, 1, tentez ! Humbert Angleys
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Le Grand Point-Virgule (Paris, 15e), 1 h 20. Tous les mercredis à 19 h 30 jusqu’au 25 juin.

La série de la semaine
L’Éternaute
Des flocons de neige tombent mystérieusement au cours de la nuit, à Buenos Aires, en plein été ! À leur contact, chaque vie est emportée. Occupés à leur traditionnelle partie de cartes, Juan Salvo et ses amis assistent, incrédules, au chaos depuis leur fenêtre. Mais pour survivre, ils vont devoir affronter une invasion qu’ils n’auraient jamais osé imaginer… Au fil de ses six épisodes, ce drame fantastique, sur fond de réflexion sociétale, fait frissonner autant qu’il interpelle. Une vraie pépite venue d’Argentine, magnifiée par la performance du grand Ricardo Darín – Les neuf reines (2000) – à engloutir en une soirée. Florian Anselme
De Bruno Stagnaro. Avec Ricardo Darín, Carla Peterson et César Troncoso. Six épisodes de 50 minutes. Disponible sur Netflix.
À écouter
Indépendance affective
Avec C’est la fin, Louïse Papier signe un premier album saisissant de délicatesse. Portée par une pop minimaliste et des synthés feutrés, sœur d’âme de Mikado, Fishbach ou Vendredi sur Mer, sa voix fragile explore les silences du cœur, libre et indépendante. Elle offre, ou plutôt dépose comme une offrande neuf titres comme autant de murmures poétiques, neuf chansons comme autant de caresses retenues, entre lumière douce et mélancolie tendre. Une œuvre subtile, sensible, qui confirme l’émergence d’une artiste rare et précieuse sur la scène française. Georges Grange
C’est la fin, Louïse Papier, So fresh so clean Records.
À lire
Les trésors de la maison Chaumet
Deux siècles d’archives ! La maison Chaumet a ouvert ses trésors à Laurence Cossé. La romancière a exhumé des histoires à faire trembler les vitrines les mieux gardées : diamants saisis, joyaux envolés, bijoux planqués dans des caves. À travers ces récits follement romanesques, Cossé suit la piste de ces objets « indissociables des soubresauts de l’Histoire et des turpitudes des grands ». Derrière l’éclat des plus somptueux joyaux transparaît la soif de paraître, d’être admiré, de dominer. On y croise un Napoléon obsédé de diamants, un prince russe dissimulant le « Triple Soleil » sous l’escalier de son palais. La fiction n’aura pu mieux faire ! Alix Avril
Briller, Laurence Cossé, Gallimard, 352 pages, 22 euros.
Les conseils d’Oscar Wilde, cordon bleu littéraire
L’intemporel brillant essai de l’auteur du Portrait de Dorian Gray, qui « résistait à tout sauf aux tentations », recense les façons de proposer une œuvre littéraire afin de pouvoir faire le tri entre les livres écrits avec une fraîcheur d’âme et ceux mis en vente pour alimenter le système commercial. Grosso modo, des livres médiocres sont nécessaires pour éditer des ouvrages novateurs, tel est le constat d’Oscar Wilde qui donne de très bons conseils aux lecteurs pour éveiller leur esprit. Il nous confirme que parler ne suffit pas, il faut dire. Bernard Morlino
Le Critique artiste, Oscar Wilde. Les Cahiers rouges-Grasset, 144 pages, 9 euros.

Une bien banale affaire de famille
C’est comme ça que Jacques Expert bâtit ses thrillers : il distille (presque) tous les points de vue, il dresse le décor puis le spectacle débute. En coulisses, il doit bien rire, à nous voir trembler à voir un vieux monsieur courir jusqu’à un abribus. Et pourtant, nous avons tous les éléments pour trouver l’histoire tragique, pour traquer les injustices, pour essayer de comprendre qui est cette Nathalie, qui se dit la fille naturelle de Jean-Pierre, un riche homme d’affaires qu’on pensait inébranlable. Le suspense est à son comble, partant d’un fait divers si banal et plausible qu’on tremble pour les protagonistes, oui, mais secrètement un peu pour nous aussi. G. G.
Ma sœur, Jacques Expert, Calmann-Lévy Noir, 358 pages, 20,90 euros.
Faites entrer le policier
Le superflic de l’entre-deux-guerres, c’était lui : Marcel Guillaume. Il a ri aux saillies caustiques de Landru jusqu’au bord de l’échafaud, il a traqué la bande à Bonnot, il a vu la tristesse dans les yeux de Violette Nozière, il a enquêté dans l’affaire Stavisky qui secoua la IIIe République ou bien arrêté de moins illustres meurtriers : des déments aux « assassins par désespoir », en passant par les mythomanes et les passionnés, il a côtoyé parmi les plus célèbres criminels de l’histoire. Ses mémoires ont été rassemblés, dans cet ouvrage qui se lit comme on écoute Christophe Hondelatte : avec une délectation coupable. Quoique moins coupable que d’autres… G. G.
Mes grandes enquêtes criminelles, Marcel Guillaume, Libretto, 421 pages, 12,20 euros.
Le mot rare
Labile : changeant, instable
Quel est le point commun entre les frontières, une mémoire et un pétale de rose ? Les trois peuvent être labiles, c’est-à-dire qu’ils peuvent se détacher et changer facilement. Ça tombe bien, « labile » vient de « laps », qui est, en latin, ce qui glisse, comme le temps. Bien sûr, « labile » fait penser à « labial », l’adjectif relatif aux lèvres. Mais ne vous trompez pas : vous risqueriez le… lapsus. G. G.
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