À peine ouverte et déjà dévalisée. Il aura fallu cinq jours pour que le site internet de la billetterie du pèlerinage de Chartres affiche complet. « Un record de participation », selon Notre-Dame de Chrétienté, l’association organisatrice du pèlerinage. Les 7, 8 et 9 juin prochains, 19 000 pèlerins s’élan ceront de l’église Saint-Sulpice, à Paris, et marcheront jusqu’à la cathédrale de Chartres. Trois jours d’une intense marche sous les hospices du Christ-Roi, puisque le thème de cette 43e édition portera sur la Quas Primas, encyclique du pape Pie XI promulguée il y a un siècle et célébrant la « souveraineté universelle » de Jésus.
« L’anniversaire des 100 ans de la Quas Primas coïncide cette année avec le 350e anniversaire des premières apparitions du cœur du Christ », rappelle le président de Notre-Dame de Chrétienté, Philippe Darantière, qui y voit une occasion de célébrer la « paix » permise par « le règne de Jésus » ; clin d’œil aux propos du pape Léon XIV, qui veut faire de son pontificat une lutte contre les conflits qui se multiplient dans le monde. Des propos traduits par les actes : exceptionnellement, cette année, le chapitre de SOS Calvaires portera des reliques de la Vraie Croix jusqu’à la cathédrale de Chartres dont la crypte – encore un anniversaire – fêtera ses mille ans cette année.
Face à cette affluence record, les organisateurs du pèlerinage s’apprêtent à livrer une véritable bataille logistique. « On doit littéralement faire marcher un nombre de per sonnes équivalant à la population d’une ville comme Sedan », admet Philippe Darantière. Pour ce faire, Notre-Dame de Chrétienté va mettre en place deux colonnes distinctes au départ de Paris. Une troisième colonne, dédiée aux familles etaux enfants, partira quant à elle de la banlieue parisienne et sui vra un itinéraire différent. Et pour assurer l’encadrement de ces mil liers de pèlerins, l’organisation pourra compter sur pas moins de 1 000 bénévoles, avec, en plus, le renfort de l’Ordre de Malte.
Le rite tridentin mis en avant
Le pèlerinage de Chartres a la particularité de mettre en avant le rite tridentin, une forme traditionnelle de célébration de la messe fortement restreinte par le pape François après la lettre apostolique de 2021 Traditionis custodes. Notre-Dame de Chrétienté l’assure au JDNews, les messes seront bien célébrées selon la forme tridentine.
Cette année, plusieurs chapitres seront dirigés par de jeunes baptisés, issus de la vague de conversions
« Un pilier, mais pas un argument en soi », nuance toutefois l’abbé Jean de Massia, qui célèbrera la messe de clôture. Selon l’organisation, la majorité des pèlerins sont acquis à cette forme de célébration, mais « 30 % des marcheurs sont des habitués du rite ordinaire, explique Odile Téqui, l’une des organisatrices. Le pèlerinage de Chartres est aussi une invitation à découvrir le rite traditionnel, dans une optique de soif spirituelle et dans l’unité de l’Église », explique-t-elle.
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Très attendu sur la question de la réintégration des traditionalistes dans le giron de l’Église catholique, le nouveau pape Léon XIV ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. En décembre, le quotidien La Croix révélait que le Saint-Siège avait pour projet l’interdiction de la messe de clôture du pèlerinage, sans qu’aucune décision formelle ait été prise à ce jour. Selon nos confrères d’Aleteia, la Conférence des évêques de France « demeure vigilante » et aurait « pris soin de rappeler dans un courrier envoyé à tous les évêques début mai certaines dispositions, fondées notamment sur la lettre apostolique Traditionis custodes ».
Un succès que rien n’arrête
Malgré ces tensions propres au monde catholique, l’insolent succès du pèlerinage de Chartres témoigne d’un attrait, d’une part pour le rite . traditionnel, de l’autre pour l’effort physique et spirituel. « Cent kilo mètres en trois jours, ça ne laisse personne indemne, confesse Laurine, une marcheuse de 22 ans qui fera le pèlerinage pour la deuxième fois. Mais au-delà de l’effort physique, le pèlerinage vous met dans un état d’exaltation spirituelle ! On a l’impression qu’une prière en vaut cent. »
Cette année, plusieurs chapitres seront dirigés par de jeunes baptisés, issus de la vague de conversions qu’a connue l’Église catholique de France. « Rien de tel qu’un grand pèlerinage pour vivre sa foi d’une façon très concrète », commente l’abbé Jean de Massia. Un moment d’exaltation qui n’est pas réservé qu’aux seuls fidèles français, puisque 1 700 pèlerins étrangers sont attendus, dont une part importante d’Europe de l’Est et des États-Unis.
Pour consoler les déçus n’ayant pas eu la chance de s’inscrire à temps, Notre-Dame de Chrétienté a instauré un chapitre, Saint-Patient, « une forme de liste d’attente en cas de désistement » qui assurera également un accès prioritaire pour l’édition 2026, explique Odile Téqui. Le succès attendu de cette 43e édition confirme ce que beau coup pressentaient : loin d’être un simple attachement à des formes anciennes, le pèlerinage de Chartres est une expérience spirituelle vivante, incarnée, communautaire. Une tradition qui parle au monde moderne non pas en criant, mais en marchant, en priant et en aimant. Et qui, chaque année un peu plus, attire de nouvelles âmes en quête de sens.
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