
La Fondation Kairos pour l’innovation éducative organisait vendredi le colloque « École : l’égalité par la liberté ? », à Paris, alors que le rapport sur l’islamisme politique et les Frères musulmans occupait tous les débats. Et que ce dernier s’inquiétait tout particulièrement de l’emprise du frérisme… sur le terrain de l’éducation ! Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau devait conclure la journée sur cette question : « Encourager la liberté et le pluralisme éducatif sans faire le lit du communautarisme, est-ce possible ? » Le ministre n’est pas venu, sans doute échaudé par des plaintes croisées aux allures de règlement de comptes entre une ancienne collaboratrice et la fondatrice Anne Coffinier.
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Cette dernière, organisatrice de la journée qui a vu des invités prestigieux se succéder lors des tables rondes, a esquissé une réponse dans sa conclusion : « S’il y a un séparatisme important et choquant aujourd’hui, c’est celui des élites. » En réponse au reproche « de faire le lit du communautarisme, en particulier l’islamisme », elle avance que les fractures nationales n’ont pas attendu l’école et que la loi permet déjà de créer des écoles musulmanes. « Il se trouve que la plupart sont rattachées à la nébuleuse des Frères musulmans… Avant, quand je le disais, on me répondait : “Ça n’engage que vous, Madame !” » rappelle-t-elle. Elle appelle les responsables à avoir le courage d’assumer un traitement politique de la question islamiste, au lieu de la cantonner à ce volet scolaire, « piège grossier ».
« Ce n’est pas une tradition musulmane de créer des écoles »
« Il est urgent de mener une lutte déterminée contre l’islamisme, un péril utilisé depuis déjà un moment pour museler la liberté scolaire, avec des arguments apparemment imparables et en réalité très pauvres », insiste Anne Coffinier au JDD. « Le cadre existe : 54 établissements hors contrat et une poignée d’établissements sous contrat. La croissance des établissements musulmans déclarés est faible, il n’y a pas matière à fantasme. Ce n’est pas une tradition musulmane d’aller créer des écoles. Les élites musulmanes, d’ailleurs, ont en général le réflexe d’aller vers les écoles catholiques… » Et les débats sur l’abaya et le voile ont également concerné des écoles… publiques. La fondatrice de l’association Créer son école pointe également l’existence « de plus en plus de lieux périscolaires clandestins. Il faut lutter contre les écoles non déclarées, mais c’est inacceptable de tout mélanger et de mettre sous pression les écoles déclarées ! »
Elle préconise aussi de cartographier les réseaux humains, « sans tenir compte de leur affiliation déclarée. Parce que leur spécialité, c’est de dire qu’ils ont été proches des Frères musulmans, mais ne le sont plus ». Elle regrette également l’absence de suite au discours d’Emmanuel Macron, en 2020, contre le séparatisme. Secrétaire général de Liberté éducation, Jean-Baptiste Maillard s’indigne surtout que ce discours ait fait une victime collatérale… l’instruction en famille. « Le prétexte invoqué était le radicalisme, en particulier le séparatisme islamiste, alors que selon l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (Ihemi), aucun chiffre ne venait étayer cette thèse, développe-t-il. On a entravé un droit humain inaliénable garanti par les conventions internationales ! » « Plus l’école publique va mal, plus on attaque les alternatives », conclut Anne Coffinier, en promettant de continuer à mener la bataille de la liberté scolaire plutôt que celle de la menace islamiste.
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