
« Salam aleykoum, bienvenue en Afghanistan ! » Large sourire, c’est par ces mots que Jean-Louis Denis, alias « Jean-Louis le soumis », débute chacune de ses vidéos. Suivi par 40 000 followers, ce Belge bien connu des services antiterroristes a été impliqué dans une cinquantaine de départs en zone de combats, dont celui de Najim Laachraoui, ancien geôlier des otages français en Syrie et maillon essentiel du réseau terroriste qui a frappé la France et la Belgique en 2015 et 2016. Condamné à cinq ans de prison, ce prédicateur islamiste a rejoint l’Afghanistan au début de l’année avec le projet de « montrer le vrai visage » du pays tenu depuis 2022 par les talibans. Il pose à côté de soldats, raconte son périple et loue les bienfaits de cette « terre d’Islam » où il ferait bon vivre… Il incite aussi « les frères » à le rejoindre.
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Ses vidéos semblent d’un autre siècle et peuvent prêter à la moquerie, mais le nombre de visionnages interpelle. L’une d’entre elles approche les 700 000 vues, la moyenne tournant autour de 150 000. Ici, il filme un parc d’attractions avec des manèges bringuebalants qu’il qualifie de « vrai Disneyland ». Là, il se rend dans un village, façon « circuit touristique », pour filmer le fonctionnement d’un nouveau puits. À Kunduz, grande ville du nord, il se lance dans une virée « by night ». « Comme le faisaient l’État islamique ou Jabhat al-Nosra, il essaie de normaliser la vie sur place », remarque Sacha Belissa du Centre d’analyse du terrorisme. Dans une autre vidéo, il loue la permaculture et vante le retour « à la nature », « aux sources ».
« En termes de communication, il s’adapte aux centres d’intérêt des jeunesses gauchistes. C’est un peu la convergence entre Notre-Dame-des-Landes et le djihad », poursuit l’analyste. Si ce francophone semble isolé au pays des talibans, son compte a alerté les services de renseignement. Car, non loin de là, se trouve une des branches les plus actives de Daech, l’État islamique au Khorassan. Ceux qui ont revendiqué l’attentat du Crocus City Hall à Moscou, au printemps de l’année dernière.
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