
« Vous vous souvenez de Félix Baumgartner, le type qui a battu le record du monde de chute libre ? » C’est l’image qui vient à l’esprit du député européen François Kalfon pour décrire la fuite des militants socialistes depuis sept ans. Sur le toit-terrasse de la Bellevilloise, un restaurant-bar branché sur les hauteurs de la capitale, l’heure est au réquisitoire. Au banc des accusés, le premier secrétaire du PS Olivier Faure, jugé responsable du lent déclin du parti. Sept ans après son élection, le nombre de militants est passé d’environ 80 000 à… 39 815, selon le dernier comptage officiel. Dans le rôle du ministère public, la coalition « anti-Faure » emmenée par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, candidat au poste de numéro un du PS.
Publicité
La suite après cette publicité
Autour de lui, serré sur une banquette, le gratin de la gauche sociale-démocrate : le patron du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, le député Philippe Brun, le maire de Montpellier Michaël Delafosse, la chef de la fédération de Paris, Lamia El Aaraje – entre autres. À quelques minutes de son dernier meeting pour le congrès du PS, ce samedi après-midi, Nicolas Mayer-Rossignol et ses alliés profitent d’une conférence de presse pour faire passer quelques messages bien sentis. En bonne logique, c’est la star du jour qui ouvre le bal. « Après sept ans, l’heure est au bilan », déclare le maire de Rouen. Après deux mois de tournée des fédérations à travers la France, il brosse le portrait d’un parti moribond, au sein duquel les militants sont isolés et livrés à eux-mêmes. Et de sortir les violons : « Les camarades veulent retrouver une famille… » Sans jamais citer nommément son rival Olivier Faure – il ne faut pas insulter l’avenir –, Nicolas Mayer-Rossignol fustige encore l’immobilisme programmatique et doctrinal de la direction.
Quelque 600 militants attendus, 200 en réalité
À moins d’un an des municipales, les Roses, à la différence des Insoumis, n’ont pas la queue d’un programme. La preuve que, malgré ses dénégations, « Olivier Faure prépare une nouvelle alliance avec Mélenchon », souffle un sénateur socialiste. A contrario, le texte d’orientation porté par l’édile rouennais précise noir sur blanc que le Nouveau Front populaire est caduque. Très en verve, Philippe Brun brocarde une direction qui vit au-dessus de ses moyens : « Le PS fonctionne comme une multinationale avec le chiffre d’affaires d’une boulangerie. » Le protégé de François Hollande s’agace surtout de la manie qu’a le parti de tout sous-traiter : « Il faut huit tampons pour envoyer un courrier, c’est Au service de la France leur truc ! » Direction le gymnase La Bidassoa, à un jet de pierre, où quelque 600 militants sont attendus. Un peu plus de 200 en réalité.
Didier, 72 ans, promène son regard dans la salle : « Que voulez-vous, on n’attire plus les foules… » Encarté au PS depuis une vingtaine d’années, il envie la situation des LR, passés de 30 000 à 120 000 adhérents lors de leur congrès. « On aime, on n’aime pas, eux, au moins, ils ont une incarnation », abonde Françoise, une sympathisante de 77 ans. Parce que Nicolas Mayer-Rossignol n’en est pas une ? « Moi, à la base, je soutiens Philippe Brun, mais vu l’état du parti, on ne va pas faire la fine bouche »
Source : Lire Plus





