
François Bayrou continue d’enchaîner les consultations sur le retour de la proportionnelle, son combat de toujours. Pas question de lâcher. Les proches du Premier ministre ont fait leur calcul. Si, comme ils le pensent, le FN, le PS, les écolos et LFI votent le texte, ils peuvent se passer des voix du socle commun. À l’exception du MoDem, les partis qui le composent restent globalement opposés à un changement du mode de scrutin. Reçu jeudi à Matignon, Édouard Philippe a redit à François Bayrou son attachement au scrutin majoritaire. L’ancien Premier ministre redoute que l’absence de majorité ne devienne la norme avec la proportionnelle. « Philippe ne veut surtout pas que ça change, car il est convaincu d’être élu avec une majorité absolue en 2027 », persifle un conseiller du gouvernement. L’honnêteté l’oblige néanmoins à reconnaître que le maire du Havre, en bon gaulliste, a toujours eu des préventions contre ce mode de scrutin.
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Pourtant, c’est bien la figure du Général que convoque François Bayrou en avril devant le Sénat pour justifier cette réforme. Le Premier ministre rappelle alors qu’à la Libération, en 1944, le général de Gaulle, à la tête du gouvernement provisoire, opte pour le scrutin proportionnel. « Et moi de lui répondre qu’il enterre ce mode de scrutin en 1958 », sourit le président du groupe LR au Sénat, Mathieu Darnaud. Pour lui, le sujet ne souffre aucun débat : « Nous n’en voulons pas. » Dans ses rangs, on craint toutefois que cette opposition ne soit vaine, le dernier mot revenant à l’Assemblée nationale sur un tel texte. Oui, mais voilà, pour l’instant, il n’y a pas le début d’un commencement de texte : « On parle dans le vide, on ne sait même pas quel type de proportionnelle souhaite Bayrou », s’agace un député DR. « Nous n’en sommes qu’au stade des consultations », temporise un proche du Premier ministre. Seule certitude à ce stade : on s’oriente vers une proportionnelle par listes départementales. Ça tombe bien, la formule convient au RN. Si Marine Le Pen défend toujours officiellement une proportionnelle assortie d’une prime majoritaire, elle a toutefois assoupli ses exigences lors de son entrevue avec Bayrou.
Côté PS, c’est plus flou. Le Premier secrétaire Olivier Faure est réservé, quand une grande partie des camarades sont favorables à la proportionnelle, d’autant qu’elle permettrait de s’affranchir des Insoumis. En réunion de groupe, mardi, plusieurs parlementaires ont réclamé un débat interne pour clarifier la ligne. L’entourage de François Bayrou reste convaincu que le PS finira par soutenir son projet de loi.
« Donc là, Bayrou veut faire passer son texte avec l’appui des oppositions au socle commun. On marche sur la tête ! »
Enfin sur les bancs d’EPR, on observe d’un œil consterné les tractations en cours. « Donc là, Bayrou veut faire passer son texte avec l’appui des oppositions au socle commun. On marche sur la tête ! » s’étrangle un responsable de Renaissance. Tout dépend du point de vue où l’on se place. Pour François Bayrou, cette réforme est le moyen le plus sûr de s’attirer les grâces de ses adversaires et d’éviter une censure. Menacé par le prochain budget, le Premier ministre cherche à lier le sort des deux textes. Et LFI dans tout ça ? « Aux dernières nouvelles, nous sommes favorables à une proportionnelle à un échelon régional dans le cadre d’une VIe République. On n’y est pas encore », se marre un cadre Insoumis. Bref, il reste beaucoup d’inconnues dans l’équation.
Adoptée à l’Assemblée nationale début d’avril, la proposition de loi visant à réformer le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille a été massivement rejetée mercredi 21 mai en commission au Sénat. De mauvais esprits suggèrent que la droite sénatoriale fait payer ainsi payer à Rachida Dati, fervente défenseur de la loi PLM, son soutien à Laurent Wauquiez pour le Congrès LR. Le président des LR au Sénat s’en défend et rappelle que son groupe a pris position sur le sujet bien avant que la ministre de la Culture n’exprime son soutien au chef des députés LR. Quoi qu’il en soit, ce rejet est une mauvaise nouvelle pour Rachida Dati qui y voyait le moyen de renforcer ses chances de victoire.
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