Abonné
Société
Propos recueillis par Humbert Angleys
26/05/2025 à 07:44

Le JDD. Quel est votre regard sur le parcours de la proposition de loi visant à lever les contraintes ?
Publicité
La suite après cette publicité
Dominique Chargé. C’est l’illustration d’une difficulté à passer des paroles aux actes : les besoins urgents du monde agricole, clairement identifiés, qui font l’objet pour l’essentiel d’un consensus, sont rattrapés par le jeu politicien. L’agriculture a été décrétée « intérêt supérieur de la nation » dans la loi d’orientation votée en mars, et cette loi devait en être la transposition concrète, en apportant des réponses à la colère qui a éclaté voilà maintenant un an et demi. L’essentiel des revendications est simple : nous voulons les mêmes règles que nos voisins européens. Mais la loi n’en prend pas le chemin : les postures et les tractations mettent en danger ce texte qui est pourtant d’une importance vitale pour la profession.
Le texte voté par les sénateurs a été en partie défait par la commission Développement durable de l’Assemblée…
Je tiens à saluer le travail de la commission des Affaires économiques : pour les sujets qui la concernaient, Julien Dive, le rapporteur, a su rechercher un consensus. À l’inverse, à la commission du Développement durable, des députés ont adopté des postures idéologiques, remettant l’agriculture sur le banc des accusés. Nous osions espérer que c’était terminé ! C’est le retour des procès d’intention, de la démagogie qui rend les agriculteurs coupables d’utiliser de l’eau. C’est révoltant : il ne s’agit pas seulement d’intérêts économiques, mais aussi de sujets aussi déterminants pour notre avenir que l’alimentation et la souveraineté ! L’Espagne capte 50 % de son eau de pluie, et 20 % de sa surface agricole est irriguée. De notre côté, nous avons sabordé notre production de fruits et de légumes, en ne retenant que 5 % de l’eau de pluie pour 6 % de terres irriguées. Nous ne pouvons plus continuer avec des normes qui plombent notre compétitivité !
« C’est le retour des procès d’intention, de la démagogie qui rend les agriculteurs coupables d’utiliser de l’eau »
L’autorisation dérogatoire de l’acétamipride cristallise aussi les crispations.
La suite après cette publicité
Nous avons interdit cet insecticide alors qu’il est autorisé en Europe : c’est un profond handicap pour notre pays. Cette interdiction absurde a tué des filières végétales entières : nous importons des noisettes de Turquie, produites avec des pratiques proscrites ici, alors que notre filière se meurt ! Il faut bien réaliser ce que cela signifie aussi pour nos emplois, nos territoires… Notre déficit commercial se creuse et nous regardons ailleurs. Donnons-nous les moyens de ne plus acheter à ceux qui ne respectent pas nos standards de production ! Les importations représentent aujourd’hui la moitié des fruits et légumes, du poulet que nous consommons, les trois quarts du mouton… Notre souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique majeur : il est encore temps de la sauver, mais je le dis solennellement aux parlementaires, c’est la dernière fenêtre de tir pour l’agriculture française. Ne la manquez pas !

Politique
François Bayrou face à la colère des taxis et des agriculteurs

Abonné
Société
Loi agricole : la levée des contraintes tourne à la levée de boucliers

Abonné
Politique
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture : «Écologistes et Insoumis bloquent tout débat à l’Assemblée»

Société
Colère des agriculteurs : un rassemblement à l’Assemblée nationale face à la «tentative d’obstruction» de la gauche

Abonné
Culture
Château Galoupet, un rosé très vert
Publicité
Source : Lire Plus







