Gilles Platret. Pour la première fois à Chalon-sur-Saône, nous avons assisté à des violences urbaines semblables à des émeutes après la victoire du PSG. Il y a eu deux temps : le premier, la fin du match, la victoire avec une ville joyeusement envahie par un concert de klaxons comme souvent lors d’une victoire sportive locale ou nationale. Puis très vite, dans l’heure qui a suivi, nous avons vu arriver entre 200 et 300 jeunes, voire très jeunes, dans le centre-ville avec la volonté de « casser du flic ». Je peux vous l’affirmer parce que j’ai pris le temps de regarder à tête reposée le lendemain les 160 caméras de ma ville et d’analyser l’enchaînement des séquences. Un habitant de Chalon m’a rapidement transmis son témoignage : « J’ai entendu des jeunes se rendant aux affrontements, qui verbalisaient le fait de ne se sentir absolument pas français en France et qui déversaient leur haine sur “ces flics de mort” ».
La Police nationale est intervenue très vite, secondée par la police municipale. La gendarmerie est également arrivée en renfort du fait de la durée des affrontements, qui se sont poursuivis pendant trois heures. Le temps pour détruire et incendier du mobilier urbain. De nombreux affrontements ont éclaté, où des jeunes ciblaient les forces de l’ordre au moyen de projectiles (cailloux, pavés, bouteilles) et de mortiers d’artifices. Ce qui n’était jamais arrivé.
Combien de personnes ont-elles été interpellées ?
Quatre.
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Pourquoi avoir banni les drapeaux palestiniens de votre ville ?
Au milieu de toute cette agitation, on pouvait distinguer plusieurs drapeaux palestiniens. Il y avait ce soir-là un meneur, masqué de noir, qui se servait d’un drapeau palestinien comme d’un étendard. Il allait au-devant des policiers avec son drapeau, qu’il agitait dans les airs dans une main et les projectiles dans l’autre.
« Le drapeau palestinien est un vecteur de fracturation de la société française »
Que représente le drapeau palestinien aujourd’hui, en France ?
Dans la nuit de samedi à dimanche, à Chalon, le drapeau a été agité, non pas pour envoyer un message de soutien au peuple palestinien – ce que je peux parfaitement comprendre -, mais bien comme un étendard pour exciter les émeutiers contre les policiers. Aujourd’hui, le drapeau palestinien est devenu l’étendard de la révolte des quartiers et un vecteur de fracturation de la société française. Il représente un point de ralliement de tous ceux qui veulent déstabiliser la société française.
C’est pourquoi j’ai fait ce qui était en mon pouvoir de maire, selon le Code général des collectivités territoriales, et ai pris un arrêté de police sur l’ensemble du territoire de la ville de Chalon-sur-Saône qui va, par un certain nombre de mesures, chercher à ramener le calme. J’y précise qu’il est interdit d’utiliser le drapeau palestinien dans l’espace public, qu’il est interdit d’afficher le drapeau palestinien en façade des immeubles et de manière visible dans l’espace public, et enfin qu’il est interdit de proposer à la vente le drapeau palestinien sur les marchés ambulants. Je ne peux pas aller au-delà de trois mois, donc l’interdiction vaut jusqu’au 1er septembre 2025.
Selon le Figaro, le secrétaire de la section chalonnaise du PS, Clément Mugnier, a annoncé qu’il attaquerait votre arrêté en justice. Il parle d’amalgame, de stigmatisation et de provocation politique…
Pour faire un peu de politique, le Parti socialiste, qui est en train de se détacher de La France insoumise, est également sur le point de devenir aussi démago que le parti de Jean-Luc Mélenchon en s’emparant de la cause palestinienne. Oui, le PS chalonnais va sûrement attaquer. Il y aura sans doute d’autres mouvements et d’autres comités Théodule sur le même créneau. Je connais cette ambiance, c’est le jeu. Mais j’ai une population à protéger et je ne peux laisser faire ce qui s’est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche. J’estime que mon arrêté est proportionné et visiblement, je ne suis pas le seul.
Qui vous soutient ?
Les Chalonnais. Preuve en est, le Journal de Saône-et-Loire a publié un sondage demandant aux habitants s’ils approuvaient la décision d’interdiction. 71 % y sont favorables. Comme d’habitude, ces mesures recueillent l’approbation de la majorité silencieuse, qui n’en peut plus de l’inaction.
Depuis la médiatisation de votre arrêté, des députés Insoumis dont Thomas Portes, Ersilia Soudais et l’eurodéputée Rima Hassan vous mentionnent sur les réseaux sociaux. Comment réagissez-vous ?
Ces trois personnes ont un point commun : ils sont de mèche avec des mouvements politiques eux-mêmes dans la main de Téhéran et qui ont des proximités avec le Hamas. Comment être étonné que Rima Hassan mentionne mon nom, quand sa proximité avec les milieux du Hamas n’est plus à démontrer. Rien n’est étonnant dans leur réaction.
En 2021, l’Assemblée nationale avait rejeté un amendement qui interdisait les « drapeaux étrangers dans les mairies et leurs abords, ainsi que lors des commémorations ». La situation serait-elle différente aujourd’hui ?
Je pense que la situation est surtout bloquée jusqu’en 2027. Le bazar institutionnel entraîne une logique du blocage qui empêche toute mesure forte. Pour ma part, la question que je pose est nationale, mais j’essaye d’y apporter une réponse locale pour ramener le calme à Chalon-sur-Saône.
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