
Selon la tradition islamique, les minorités appartenant aux religions abrahamiques qui vivent en terre d’islam bénéficient d’un statut à part : la dhimma. Une institution qui octroie aux chrétiens, juifs, sabéens et zoroastriens une protection en échange de ce qui peut s’apparenter à un pacte d’obéissance.
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Historiquement, plusieurs obligations étaient ainsi imposées aux dhimmis : tributaires des autorités musulmanes, ceux-ci devaient notamment s’acquitter auprès d’elles d’un impôt de capitation (impôt par tête) appelé la jizya. Ils devaient aussi se soumettre à un certain nombre de restrictions d’ordre social, juridique et vestimentaire. Il leur était par exemple interdit de se marier avec un musulman et ces derniers ne pouvaient pas percevoir l’héritage d’un musulman, ni porter certaines armes, ni édifier des lieux de culte plus hauts que les mosquées. Ou encore : ils ne pouvaient se rendre au Hedjaz (région de la péninsule arabique abritant Médine et La Mecque, soit les lieux saints de l’islam) ni faire du prosélytisme. Ils devaient, enfin et surtout, respecter la domination politique de l’Islam et ne pas offenser la religion musulmane ni le Prophète publiquement.
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En échange de ces interdits, les dhimmis se voyaient octroyer une liberté de culte. Ils bénéficiaient ainsi d’une certaine autonomie communautaire, notamment en matière de vie familiale ou religieuse et possédaient leurs propres chefs et tribunaux. Leur vie comme leurs biens étaient également protégés et déclarés inviolables.
La dhimma, une institution islamique où se mêlent coexistence et tensions
La dhimma trouverait son origine au début de la conquête arabe (prise de Jérusalem en 638). Selon la tradition, elle remonterait à l’accord de paix conclu au début du VIIIe siècle entre le calife Umar Ibn Abd al-Aziz et les chrétiens de Syrie. Le statut de dhimmi s’est depuis prolongé au fil des dynasties islamiques (Omeyyades, Abbassides, Ottomans, etc.). Relevant d’une relative tolérance aux premiers siècles de l’islam, le statut de dhimmi a connu une application plus rigoriste à partir des XIIe et XIIIe siècles. Fortement discriminés au sein des sociétés musulmanes, les dhimmis ont pu atteindre, à de rares occasions, des postes importants dans l’administration de sociétés musulmanes.
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Pour autant, les dhimmis demeuraient des citoyens de seconde zone, humiliés et méprisés et soumis à des discriminations de tous ordres (fiscales, sociales, etc.). En ce sens, le statut de dhimmi est souvent comparé aux minorités dans d’autres civilisations, telles que les juifs d’Europe occidentale au cours du Moyen Âge chrétien.
La notion de « dhimmitude »
C’est au XIXe siècle, en 1856, que le système de la dhimma fut progressivement aboli, notamment sous l’influence des réformes modernisatrices (comme sous l’ère des Tanzimat dans l’Empire ottoman) et du droit colonial. Pour autant, la notion de dhimmi demeure à notre époque encore plus ou moins présente : des États gouvernés par des forces islamistes, comme l’Iran ou l’Afghanistan, pratiquent des discriminations à l’encontre des minorités religieuses.
Le mot « dhimmitude », évoqué par le président maronite Bachir Gemayel (1947-1982) lors de la guerre civile libanaise en réponse à l’islamisation des pays du Moyen-Orient, est usuellement employé pour désigner une situation d’oppression exercée par une autorité islamique contre des non-musulmans.
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