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Société
07/06/2025 à 19:33

« Ne t’inquiète pas ! Lundi soir, tu auras les pieds en feu, mais tu seras déjà nostalgique des trois jours que tu viendras de passer. » Samedi, 6h du matin, sur le parvis de Saint-Sulpice, à Paris, les jeunes pèlerins sont déjà nombreux à se presser pour mettre leurs gros sacs dans les camions qui les emporteront au bivouac du soir. Les plus chevronnés rassurent les petits nouveaux. « Qui n’a jamais fait le pèlerinage ici ? » lance un jeune homme dans son mégaphone. Des dizaines de bras se lèvent… Parmi eux, Matthieu est venu « attiré par les images » qu’il a vu défiler sur les réseaux sociaux. « J’avais besoin de ce temps de pause, de faire le point, de prier, de m’extraire du monde pendant trois jours », développe-t-il.
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Latin, langue vivante
Plus loin, Hubert vient chaque année pour « prier avec ses pieds ». Il explique : « On a mal, on est fatigués, mais ça permet de rester humble, de développer l’entraide, le soin aux autres, la charité, le dépassement de soi… On se recentre sur l’essentiel. » Ils sont des milliers, qui ont troqué leurs baskets pour des chaussures de marche et leurs portables pour les carnets de chants qu’ils tiennent à la main. « Moi je suis venu pour la première fois il y a trois ans, je ne connaissais personne et encore moins la messe “tradi” mais désormais, je ne le raterais pour rien au monde », confie Enzo, le visage barré d’un sourire. Parce qu’en effet, ils ne sont pas les seuls pèlerins de l’année à marcher de Paris à Chartres, encore moins les seuls catholiques à se réunir en ce week-end de Pentecôte.
Chants, messes, méditations : le week-end est chargé
La particularité du pèlerinage qu’ils s’apprêtent à faire est ailleurs, et notamment dans la messe qu’ils entendront chaque jour, en rite tridentin. Parfois appelée « l’ancienne messe » – elle était ordinaire avant les années 1960, qui ont mené à une réforme liturgique –, elle est bien actuelle au cœur de ce pèlerinage. Celle de ce dimanche de Pentecôte, célébrée par Mgr Schneider, évêque auxiliaire d’Astana (Kazakhstan), sera retransmise sur CNews à partir de 11h45. « Si vous ne connaissez pas, que vous ne parlez pas latin couramment ou que vous n’avez pas l’habitude, demandez à votre voisin de vous guider dans le carnet du pèlerin, vous avez toutes les traductions », rassure avec humour un chef de chapitre – l’immense colonne étant en effet divisée en petits « chapitres », eux-mêmes regroupés en régions, chacun ayant son saint patron. Car ces pèlerins viennent de toute la France, et même de l’étranger. « Saint Michel, ça va être à vous. »
Croix et bannières sont distribuées, c’est parti : il ne reste alors que 110 kilomètres à parcourir ! Chants, chapelets, discussions, messes, méditations, adoration, topos, confessions… le week-end est chargé. « L’épreuve de la route embrase nos cœurs pour le Seigneur, par ce mélange particulier de pénitence, de chrétienté, de transcendance liturgique, de prière et de formation intellectuelle », résume le jeune aumônier général du pèlerinage, l’abbé Jean de Massia, à l’adresse des marcheurs.
Un seul but, le Ciel
Une recette désormais éprouvée, et enviée : depuis dix ans, l’association organisatrice Notre-Dame de Chrétienté enregistre une hausse annuelle moyenne d’inscriptions de 9 % ! Cette année, ils sont donc 19 000 à marcher. Pour cette 43e édition du « pélé », un thème : « Pour qu’Il règne sur la terre comme au Ciel ». Un but : la cathédrale de Chartres. « Mais ne vous trompez pas, notre vrai but, c’est le Ciel ! La victoire sur la mort, la vie éternelle, le bonheur pour l’éternité, ça vaut bien trois jours d’ampoules », lance une toute jeune fille en parfaite conclusion.
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