
Aux quatre coins du monde et de la France, le pèlerinage de Chartres fait des petits. Organisé par Notre-Dame de Chrétienté, le modèle inspire : Bretagne, Pays gascon, Provence, mais aussi à l’étranger, Espagne, Irak, Australie, Argentine, Liban… « Nous n’avons rien fait pour, mais il semblerait que l’Esprit Saint souffle », se réjouit Jean de Tauriers, ancien président de l’organisation Notre-Dame de Chrétienté durant douze ans. Désormais, ce laïc apporte les compétences accumulées au fil des années aux différentes initiatives qui font appel à son expertise : soutien matériel, formation des cadres, accompagnement spirituel… Par la force des choses, un réseau s’est organisé entre les neuf pèlerinages français qui ont lieu durant l’année. « Les équipes de Notre-Dame de Chrétienté sont nos grands frères en la matière, estime le responsable du pèlerinage breton Feiz e Breizh. Un tel succès nous a poussés à réitérer localement cette expression de foi populaire que l’on a pu voir à Chartres. »
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Tous estiment vouloir garder « l’esprit » de Notre-Dame de Chrétienté. Sa charte le résume simplement : une association dirigée par des laïcs, un attachement à la tradition de l’Église – doctrinale, liturgique et sacramentelle – et le désir d’incarner la foi dans la société comme dans toutes les dimensions de la personne. À cet esprit, vient s’ajouter un ancrage culturel pour les pèlerinages régionaux. Sur la route, les Bretons portent leurs costumes et marchent accompagnés de leurs bagads ; le soir, les Provençaux dansent et forment un balèti (bal) provençal tandis que les Savoyards prévoient de nourrir leurs pèlerins avec une fondue ! Mais la dimension culturelle va plus loin : « La symbolique de partir de chez nous, marcher sur nos chemins et prier dans nos chapelles est forte, estime le couple organisateur du futur pèlerinage savoyard. Nous y voyons un moyen de réévangéliser nos campagnes. » Comme une réponse à l’appel lancé par le pape Léon XIV à l’Église de France, à l’occasion de l’anniversaire de la canonisation de trois grands de ses saints : « Je formule le vœu que ces célébrations ne se contentent pas d’évoquer avec nostalgie un passé qui pourrait sembler révolu, mais qu’elles réveillent l’espérance et suscitent un nouvel élan missionnaire. »
Les Bretons ont leur bagad, les Savoyards auront de la fondue
Pour Jean de Tauriers, plusieurs raisons expliquent cette dynamique : les années de Covid qui ont contraint le « grand » pèlerinage à se démultiplier localement, le manque de moyens financiers des familles qui ne peuvent se déplacer jusqu’à Paris, le nombre toujours plus grand de pèlerins… mais surtout la volonté des fidèles d’exprimer leur foi tout au long de l’année. « Il y a moins de catholiques aujourd’hui en France, mais ils sont de plus en plus fervents… et jeunes ! », remarque Jean de Tauriers. Une analyse forte d’années d’expérience que vient confirmer Jérôme Fourquet au JDD. Pour le sondeur et analyste politique, la France est passée « d’un catholicisme d’héritage, appuyé sur une forme de conformisme social, à un catholicisme d’affirmation et de choix ».
Ces propositions régionales profitent aussi à un large public éloigné de la foi. « La valorisation des traditions culturelles et religieuses fait vibrer les gens et attire de plus en plus », confirme Jean Rivière, président du pèlerinage provençal Nosto Fe qui se prépare pour sa seconde édition et espère déjà plus de 3 000 personnes. Selon une récente étude de l’Observatoire français du catholicisme, 37 % des Français se disent en « quête spirituelle »… Ces pèlerinages seront-ils un moyen de répondre à leur soif ?
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