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Pascal Praud : «Citizen Labro»



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8 Juin 2025
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Pascal Praud : «Citizen Labro»
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Philippe Labro a 34 ans en 1970. Il a publié trois ans auparavant un roman, Des feux mal éteints (1967), qui pose le regard d’un jeune appelé du contingent sur la guerre d’Algérie. Entre roman et récit, entre journalisme et littérature, la frontière est ténue. Des feux mal éteints annonce un écrivain. Labro est l’enfant de Kessel et d’Hemingway.

Il est aussi un fils de Montauban, un étudiant de Virginie, un journaliste de France-Soir. Il est arrivé à Dallas quelques heures après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963. En 1969, il a réalisé son premier long métrage, Tout peut arriver, avec pour la première fois à l’écran Fabrice Luchini, qu’il a repéré dans une discothèque d’Angoulême. Labro porte les cheveux longs et marche avec des santiags. Il est beau gosse – « la bogossitude », disent les jeunes gens d’aujourd’hui. Les costumes de chez Ralph Lauren et les chemises de chez Brooks Brothers viendront plus tard.

Retrouvez toutes les chroniques de Pascal Praud

Il a le sourire clavier de piano des Wasps de Cape Cod, les yeux bleu acier de Kirk Douglas. Il écrit, il parle, il filme. Il touche à tout. Adoubé par Hélène Lazareff, remarqué par Jean-Pierre Melville, il est l’enfant chéri du sérail quand Johnny Hallyday vient vers lui. Le succès aime le succès. Ainsi naissent les affinités électives. L’idole des jeunes cherche un parolier. Labro part pour Londres. Johnny enregistre la nuit. Labro écrit le jour. Flagrant Délit est le quatorzième album studio de Johnny. Il sort en 1971. Labro a écrit les dix chansons. « Oh ! Ma jolie Sarah » sera un succès. Mais un autre titre a traversé les années. 

Poème sur la 7e est un ovni dans la carrière d’Hallyday. Ludwig van Beethoven a composé la musique. Johnny ne chante pas. Il dit des mots. Avant le slam. Avant le rap. Le deuxième mouvement de la 7e symphonie bat la cadence comme une marche funèbre. Labro a écrit l’apocalypse : « Qui a couru sur cette plage ? / Elle a dû être belle ? / Est-ce que son sable était blanc ? / Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes ? » Labro devine que la Terre n’est pas éternelle : « Montrez-moi des photos pour voir / Si tout cela a vraiment existé. » Qui, en 1970, imaginait la planète détruite ? Labro flaire le danger. Poème sur la 7e a 55 ans. Le texte semble écrit cette semaine.

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« Tout part du mot »

Je  l’imagine au paradis depuis quelques heures. A-t-il rencontré Dieu ? Je ne doute pas qu’il cherche à joindre Paris Match ou Europe 1 : « Coco, j’ai un scoop. Une interview de Dieu, tu prends ? »

Je l’imagine au paradis avec son père, puisque tel était son premier désir quand il franchirait les portes de l’éternité : « J’aimerais retrouver mon père », était une supplique. Ce père, Jean-François Labro, et sa mère Henriette, qui tous deux ont caché des juifs durant l’occupation allemande. En l’an 2000, les parents Labro sont devenus Justes parmi les nations.

Je l’imagine au paradis écoutant les hommages, lisant les nécrologies, approuvant la justesse des uns, regrettant l’imprécision des autres. « Tout part du mot », disait-il. Et pour ne rien oublier, un carnet noir de la marque Moleskine ne le quittait jamais. Observer et noter. Apprendre et comprendre. Il faut vivre pour écrire et non écrire pour vivre.

On lira Labro dans cinquante ans pour capter l’air du temps d’un XXe siècle

De son enfance, il écrivit un roman : Le Petit Garçon (1988). De sa jeunesse, un autre roman parut : L’Étudiant étranger (1986). De sa dépression, il tira un reportage de 320 pages : Tomber sept fois, se relever huit (2003). De tout, il fit des livres, j’allais dire une œuvre. Hélas ! Elle est snobée du quai Conti jusqu’à l’académie Goncourt. L’intelligentsia préfère les poètes maudits. Beau, riche et célèbre, ami des grands, confident des puissants, grand officier de la Légion d’honneur et tout le toutim, vous ne voudriez pas en plus que Labro eût du talent ? Philippe souffrait de ce dédain, entre distance et condescendance. Qu’il se rassure. La mort ramasse les copies. On lira Labro dans cinquante ans pour capter l’air du temps d’un XXe siècle qui commença mal et ne finit pas bien, mais qui connut une parenthèse enchantée entre sixties et seventies. « Jésus-Christ est un hippie. » Labro l’a écrit. Johnny l’a chanté.

Fuir le bonheur

Chaque être possède une part d’ombre. Le mystère Labro touche l’insondable quand la dépression entra dans une vie. Comment est-ce possible ? « L’effort pour imaginer ce qui diffère de soi », dixit Proust. Je me suis aventuré au fil de nos conversations sur ces terrains intimes sans avoir de réponse. Il répétait qu’il ne fallait jamais se comparer aux autres. Il disait aussi qu’un conseil non sollicité n’est jamais suivi. Je l’ai vu glacé d’inquiétude quand son épouse Françoise était souffrante. « Sans Françoise, je ne suis rien », est une clé pour saisir Labro, comme si Françoise était son ange gardien, qu’elle connaissait toutes les pièces du puzzle et qu’elle seule savait les assembler.

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De nombreux confrères ont rappelé depuis mercredi l’admiration qu’ils avaient pour lui. Labro était un modèle. J’appartiens à ces fans qu’on appelle « labrophiles ». Ils ont tout lu. Ils ont tout vu. Ils connaissent l’inspecteur Carella de Sans mobile apparent (1971). Ils savent que Bart Cordell est l’héritier. Ils recitent par cœur la tirade de l’avocat Paul Senanques dans Rive droite, Rive gauche (1984) : « Suis-je un salaud parce que je défends un salaud ? C’est une putain de bonne question ! » Gérard Depardieu joue Senanques. Il est habillé par Dior comme Jean-Paul Belmondo porte, dans L’Héritier (1973), un costume trois pièces sur mesure signé Cerutti. Le détail n’existe pas. Casting, costume, acteur, personnage. Tout est précision. Labro recherche la perfection. Il n’a jamais fini. Je n’ai jamais osé lui avouer qu’il était parfois pénible quand il m’appelait trois fois, quatre fois avant sa venue dans une émission sur CNews ou sur Europe 1 :

« Qu’est-ce que vous allez me demander exactement ?

– Je ne sais pas, Philippe…

– Comment ça vous ne savez pas ? »

Labro a trempé sa plume dans un encrier à la couleur des sentiments

Deux Gimlets sur la 5e Avenue, sorti à l’automne, est son dernier roman. Un homme, une femme, une histoire de rendez-vous manqué. Labro a trempé sa plume dans un encrier à la couleur des sentiments.

« C’est un scénario de film que votre récit…

– Ça pourrait être un film effectivement. Mais ce n’est pas moi qui le tournerai… »

Philippe a tourné huit longs métrages, publié une cinquantaine de livres, écrit des milliers d’articles. Il a présenté le journal d’Antenne 2, fabriqué des émissions à Europe 1, à RTL, dirigé la station de la rue Bayard. Il a créé Direct 8 avec Vincent Bolloré. Il possède le plus beau curriculum vitæ du métier. « Mouais, c’est pas mal », feignait-il, moue à l’appui, quand je lui expliquais que ses succès tous azimuts filaient des complexes à n’importe lequel d’entre nous : « Vous croyez ? » Je le devine par-dessus mon épaule lisant ces lignes :

« Y a pas de chute, coco, dans ton papier…

– Je ne trouve pas la fin…

– Faut toujours une chute !

– Je crois que j’ai trouvé…

– Dis toujours…

– Merci Philippe. » 

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