
Souvenez-vous. « Si rien n’est fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans », alertait en 2023 le président des Restos du cœur sur TF1, réclamant 35 millions d’euros pour sortir la tête de l’eau. Pour la première fois, l’association fondée par Coluche en 1985 n’était plus en mesure de faire face à l’afflux de personnes se présentant à eux, dans un contexte de hausse des coûts de fonctionnement en raison de l’inflation. Face à cette situation, Aurore Bergé, qui était alors ministre des Solidarités, avait accordé une aide supplémentaire de 15 millions d’euros à la cantine des pauvres. Un geste dont elle aurait pu se passer ?
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C’est en tout cas ce qu’affirme la Cour des comptes. L’association d’aide aux plus démunis aurait pu « mobiliser de façon plus significative » ses « réserves de précaution pour absorber une partie des aléas » économiques et sociaux « avant de solliciter le concours du public et surtout le soutien des pouvoirs publics », indique la juridiction dans un rapport publié ce jeudi 19 juin. Les projections réalisées à l’époque par les Restos du Cœur, qui faisaient état « d’un déficit cumulé potentiel de 250 millions d’euros sur trois ans », « présentaient un caractère alarmiste en raison d’hypothèses excessivement prudentes », selon la Cour des comptes. Or, « c’est sur cette base que les pouvoirs publics ont renforcé leur aide », ce qui, conjugué à la mobilisation des donateurs, « a conduit au maintien d’un niveau de réserves confortable, correspondant à six mois de fonctionnement ».
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Sollicités par l’AFP, les Restos du Cœur, qui ont distribué 163 millions de repas lors de la campagne 2023-2024, estiment eux que « conserver en permanence » les fonds nécessaires à « plusieurs mois de fonctionnement » relève d’une « rigoureuse précaution ». « Nous devons être à même de continuer à remplir notre engagement auprès des personnes accueillies dans des périodes de tensions », expliquent-ils. La Cour des comptes, qui souligne par ailleurs la bonne gestion de l’association, recommande à l’État de « veiller au calibrage du montant des subventions à l’association au regard de ses réserves de précaution ».
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Dans un rapport distinct, la Cour a également pointé « des carences organisationnelles » au sein de la Fédération française des banques alimentaires (FFBA), qui fédère 79 banques alimentaires. Elle déplore notamment « des budgets inemployés » et « une traçabilité des subventions défaillante ». La Cour souhaite « une reprise en main vigoureuse de l’ensemble du fonctionnement » de la fédération. « On reconnaît ces problèmes de procédures, nous mettons en œuvre les recommandations », a réagi auprès de l’AFP Jean Cottave, président de la FFBA. « Nous avons subi une crise de croissance, nous avons eu des ressources supplémentaires, ça a engendré un accroissement énorme de notre travail, nous avons fait de notre mieux mais nous devons nous professionnaliser ».
En 2023, plus de 6 000 organisations ont bénéficié des denrées des banques alimentaires, leur permettant de servir 224 millions de repas.
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