Du 13 au 15 juin dernier, trois jours de festivités ont été organisés près de Toulouse pour honorer une sainte qui a vécu, il y a quatre siècles, dans la pauvreté et l’anonymat.
« Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort », écrit saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens. Voilà qui caractérise la vie de Germaine Cousin, la sainte patronne des malades, des anonymes et des sans-grade… Car cette bergère n’avait rien pour elle : ni famille, ni santé, ni richesse, ni dons particuliers en apparence. Dans le petit village de Pibrac, situé à 15 kilomètres au nord-ouest de Toulouse, sa vie a été marquée par la souffrance.
Après la perte de ses parents, très jeune, elle est recueillie par son demi-frère. L’enfant est maltraité et mis à l’écart par la femme de celui-ci : Germaine dort sous l’escalier de la maison… Du fait d’une infirmité à la main droite, elle ne peut travailler aux champs et garde les moutons. Physiquement, elle est aussi défigurée par des scrofules – des ganglions tuberculeux au niveau du cou, appelés écrouelles. Sans omettre à ce noir tableau que les habitants de Pibrac se moquent de sa grande piété eucharistique : elle communie souvent, ce qui est très rare en cette époque où le jansénisme est en plein essor.
« Dieu le veut ainsi », disait-elle au sujet des vexations et des disgrâces de la nature. Non par fatalisme, mais par vertu. Les témoignages de l’époque sont formels : ils ne l’ont jamais entendue se plaindre, s’impatienter, ou murmurer d’aigreur envers ceux qui la maltraitent et la méprisent. Ils s’étonnent, en revanche, des prodiges dont Germaine est gratifiée. Elle traverse un ruisseau sans que sa robe soit mouillée, enseigne le catéchisme aux autres enfants du pays, elle qui ne sait ni lire ni écrire, ou encore voit son tablier empli de belles roses fraîches et parfumées, alors qu’elle est accusée d’avoir caché et volé du pain pour le donner aux pauvres…
Le principal prodige de cette vie cachée se produit quarante ans après sa mort
Mais le principal prodige de cette vie cachée se produit quarante ans après sa mort, lorsqu’un fossoyeur découvre que le corps de sainte Germaine est intact, comme récemment enterré. La chair est molle, le cou porte les cicatrices de ses ganglions, la main droite est difforme ; les linges et le linceul sont bien conservés ainsi que les fleurs et les épis de seigle placés autour de sa tête. Sa dépouille est alors portée dans l’église afin que tous puissent la voir, et placée dans une caisse de plomb. Pendant un demi-siècle, les pèlerins affluent. On vient vénérer la jeune bergère et obtenir une guérison. Les révolutionnaires ne s’y sont pas trompés, qui ont voulu faire disparaître la cause d’une si grande dévotion populaire. Son corps est jeté à la fosse, recouvert d’une chaux vive. Avant que ses ossements ne soient retrouvés en 1795 et replacés dans l’église !
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Lors de sa canonisation en 1867 par le pape Pie IX, plus de quatre cents évêques se trouvaient réunis à Rome pour le 18e centenaire du martyre de saint Pierre. Ils eurent ainsi devant les yeux la capacité de l’Église à conjuguer la grandeur et la solennité de sa liturgie, et, au même moment, à travers le magnifique exemple de Germaine, le renversement de valeurs opéré par l’évangile des Béatitudes : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »
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