La stratégie de moyen terme de la PPE 3 repose sur une croissance exponentielle des énergies renouvelables (ENR) : doublement de l’éolien terrestre, quadruplement du solaire et décuplement de l’éolien marin. Selon l’exécutif, cette stratégie est impérative pour décarboner les usages (bâti, transports, industrie) et satisfaire les dictats du Pacte vert, à savoir réduire de 55 % les émissions territoriales et atteindre 42,5 % de renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030.
Depuis 2010, la montée en puissance des ENR dans le mix électrique a coûté très cher au consommateur et au contribuable. Alors que le marché européen se situait en 2024 autour de 60 euros/MWh, l’État français, via EDF, rétribuait les ENR à hauteur de 102 euros/MWh pour l’éolien terrestre, 195 euros/MWh pour l’éolien marin et 226 euros/MWh pour le solaire. Ces contrats très juteux passés entre 2010 et 2024, que l’État se doit de respecter, sont en grande partie responsables de l’accroissement du prix de l’électricité qui, entre 2010 et 2024, a plus que doublé.
Calculés sur la base de coûts fixes actualisés sur vingt-cinq ans (durée de vie moyenne des éoliennes et des panneaux solaires), les coûts moyens de l’éolien terrestre et du solaire seraient aujourd’hui inférieurs à 60 euros/MWh. Mais ces prix théoriques que font valoir les promoteurs des renouvelables ignorent les nombreuses externalités négatives responsables de coûts cachés qu’il convient de rajouter. Ainsi, pour les périodes de pénurie de vent ou de soleil (l’éolien ne produit que 24 % du temps et le solaire 14 %), il est nécessaire de conserver une sauvegarde 100 % pilotable tandis que durant les périodes d’abondance, cette sauvegarde pilotable est priée de s’effacer. En résulte ainsi une cannibalisation du nucléaire pénalisé à la fois sur le plan économique, mais aussi technique. Cette abondance, principalement du solaire, déstabilise le marché (elle génère quotidiennement des prix négatifs autour de midi) mais peut aussi déstabiliser la tension et la fréquence du réseau de distribution.
Une proportion croissante d’ENR réclamera des modifications considérables
Si les ENR ne sont a priori pas la cause directe du blackout espagnol du 28 avril, c’est leur pourcentage très élevé (72 %) dans le mix qui a empêché de restabiliser rapidement la fréquence par manque de sources pilotables. Une proportion croissante d’ENR réclamera des modifications considérables pour sécuriser le réseau et éviter des blackouts récurrents, estimées à 200 milliards d’euros à l’horizon 2040 rien que pour le transport et la distribution d’électricité.
Le prix des ENR n’est pas qu’économique. Il est aussi géostratégique. Les équipementiers européens (Photowatt, Systovi, Solarwatt, Meyer Burger) déposant le bilan les uns après les autres, nous n’aurons d’autre choix que d’importer des éoliennes et des panneaux solaires chinois fabriqués au charbon. Quant à cette croissance verte qu’on nous avait vendue associée à des millions de nouveaux emplois industriels, elle risque de rester lettre morte.
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Le cauchemar du consommateur français ne fait hélas que commencer
Mais, cerise sur le gâteau, leur développement en Europe risque d’être inutile car l’électrification des usages dans les transports et le bâti est beaucoup plus lente que prévu et la désindustrialisation beaucoup plus rapide. En conséquence, la consommation d’électricité en France baisse depuis quinze ans au point que nous avons exporté un record de 100 TWh en 2024. Et, selon ses dernières projections, RTE prévoit d’ici à 2035 une croissance faible de la consommation de l’ordre de 1 % par an, en ligne avec le dernier rapport d’évaluation de la très respectée Académie des sciences sur la PPE 3. En d’autres termes, la puissance actuellement disponible est largement suffisante pour les dix ans à venir. L’urgence n’est donc pas de construire des ENR inutiles, mais de prolonger la durée de vie de nos centrales nucléaires à 80 ans et de construire en complément les réacteurs nécessaires à éviter l’effet falaise à partir de 2050.
Selon la fondation Concorde, le cauchemar du consommateur français ne fait hélas que commencer : à l’horizon 2035 et grâce à la PPE 3 on pourrait assister à un nouveau doublement des prix du MWh.
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