
Le cyclone Chido a été la rencontre de plusieurs superlatifs. Le plus jeune département de la République, qui est aussi le plus pauvre, a été frappé par la catastrophe naturelle la plus importante de l’histoire récente du pays. Les images de dévastation dans les villages et le silence assourdissant des forêts rasées ont laissé un territoire meurtri, les Mahorais désespérés et la France toute entière sous le choc. Mais Chido, puis la tempête Dikeledi, n’ont pas créé les maux de Mayotte : ils les ont éclairés d’une lumière crue, révélant l’ampleur des difficultés accumulées depuis des années. Cela a aussi déclenché une mobilisation sans précédent.
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Dès le début, nous avons organisé notre action comme une course par étapes. D’abord, le sprint des urgences vitales : eau, électricité, hôpital de campagne, mise en œuvre de ponts aériens et maritimes ou télécommunications rétablies en quelques semaines, 500 millions d’euros de dépenses d’urgence engagées par l’État dès fin janvier. La reconstruction a maintenu ce rythme grâce à la loi d’urgence adoptée par le Parlement à l’unanimité en février, avec les 326 militaires du bataillon de reconstruction actuellement à pied d’œuvre sur des chantiers et la mission interministérielle dirigée par le général Facon.
Avec le projet de loi examiné en séance à l’Assemblée nationale ce lundi 23 juin, nous abordons la phase de refondation de Mayotte. Nous devons nous attaquer aux racines des deux maux qui empoisonnent Mayotte depuis trop longtemps : l’immigration clandestine et l’habitat illégal. Refuser cette réalité serait une erreur d’appréciation majeure qui conduirait à reconstruire Mayotte sur du sable. C’est pourquoi le projet de loi vise à durcir les conditions d’accès au séjour et faciliter la destruction des bidonvilles. Pour atteindre l’objectif de 35 000 éloignements par an, la montée en gamme du dispositif de surveillance et d’interception doit aussi s’accompagner d’une relation aux Comores fondée sur la fermeté.
Il ne tient qu’à nous de porter une ambition à la hauteur de la promesse républicaine et de l’attachement de Mayotte à la République
Si ce combat est un préalable, ce projet de loi d’une ambition inédite porte aussi de nombreuses mesures économiques et sociales attendues depuis des décennies. La convergence sociale sera accélérée pour répondre à l’aspiration légitime des Mahorais à l’égalité réelle. En priorisant la valeur travail, le Smic sera revalorisé dès le 1er janvier 2026 en vue d’un alignement sur le territoire national à l’horizon 2031 au plus tard. De plus, près de 4 milliards d’euros seront engagés pour soutenir les politiques publiques prioritaires et réaliser les infrastructures essentielles au développement du territoire : fin des coupures d’eau et des rotations scolaires, développement des transports, gestion durable des déchets, nouvel aéroport complémentaire du grand port maritime, préservation de la biodiversité et le lagon, lutte contre l’insécurité.
Les difficultés persistantes ne peuvent être occultées et l’aspiration de la population à percevoir concrètement la dynamique de reconstruction doit être entendue. Face à cela, dire que le chemin sera difficile et long revient à respecter les Mahorais. Cette période cruciale ne doit pas être le temps des polémiques et des contre-vérités. L’heure est à la responsabilité collective : services de l’État, collectivités territoriales, élus, assurances, établissements bancaires, distributeurs, entreprises, associations et autres. Il ne tient qu’à nous de porter une ambition à la hauteur de la promesse républicaine et de l’attachement de Mayotte à la République. Alors agissons.
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