Il l’avoue sans ambages : trois semaines après l’inoubliable triomphe face à l’Inter Milan (5-0) en finale de la Ligue des champions, Alain Roche n’est pas encore redescendu de son petit nuage. Comme d’autres personnalités historiques du Paris Saint-Germain, l’ancien défenseur (1992-1998) puis dirigeant (2006-2012) était à Munich le 31 mai. « La dernière fois que j’avais fait nuit blanche, c’était après notre victoire en Coupe des coupes en 1996 », s’amuse-t-il avant de louer les qualités d’une équipe « qui a donné beaucoup de plaisir aux fans de foot » et qui va tenter lundi, face à Seattle (21 h, heure française), de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde des clubs. Le consultant de Canal+ a accepté pour le JDD d’égrainer les prochaines échéances d’un PSG entré dans une nouvelle dimension et engagé sur tous les fronts.
Le temps et la fatigue n’ont pas de prise sur eux, enfin pas pour l’instant. À peine revenus de Munich, la plupart des joueurs ont enchaîné avec leur sélection avant de traverser l’Atlantique pour la première et très rémunératrice Coupe du monde des clubs de la Fifa – 115 millions d’euros sont promis au vainqueur. « C’est capital pour le PSG de la remporter, assure Alain Roche. N’oubliez pas que le président Nasser Al-Khelaïfi en personne a soutenu la création de cette compétition. Il ne cesse de répéter qu’elle est un objectif majeur. C’est une première et tout le monde a envie de la gagner. Tu te dis que c’est l’année ou jamais de réussir un quintuplé et d’entrer dans l’histoire du foot. Si j’étais joueur, je me dépenserais à fond sans penser à la suite. Je n’ai aucun doute sur leur motivation. C’est une équipe qui a le contrôle du ballon, fait courir les autres et gère au mieux les états physiques. Je n’avais plus vu un tel niveau de jeu depuis le Barcelone de Guardiola [vainqueur de deux éditions de la Ligue des champions en 2009 et 2011, NDLR]. »
Mercato (jusqu’au 1er septembre)
Avec des revenus records prévus cette année (bien au-delà des 806 millions d’euros de 2024) et un passage sans encombre devant la DNCG (le gendarme financier des clubs), la voie est libre pour d’éventuelles recrues. Mais le PSG en a-t-il besoin ? « Des postes doivent être doublés, estime le champion de France 1994. À commencer par celui de latéral droit : en cas de blessure d’Hakimi, qui en plus va disputer la Coupe d’Afrique des nations pendant les fêtes de fin d’année, il vaut mieux enrôler un spécialiste que d’aligner Neves ou Zaïre-Emery malgré tout leur dévouement. Même chose en défense centrale où Kimpembe tarde à revenir et Beraldo me semble un peu léger. Il faut également quelques départs dont Kang-in Lee. Devant, avec l’apport des jeunes Mayulu et Mbaye, c’est suffisant. En fait, c’est davantage un mercato de banc de touche car quel titulaire écarter après une telle saison ? Tous sont formidables, ont progressé grâce à Luis Enrique et leur état d’esprit est exemplaire. »
Supercoupe de l’UEFA (13 août)
Si le PSG remporte la Coupe du monde des clubs le 13 juillet à New York, il n’aura qu’un mois avant son premier rendez-vous de la saison 2025-2026, un match de prestige à Udine (Italie) face à Tottenham, vainqueur de la Ligue Europa. « C’est toujours un trophée supplémentaire à aller chercher, reconnaît celui qui en a remporté douze chez les professionnels. Mais dans quel état seront les joueurs ? Ils doivent couper au minimum trois semaines et n’auraient que quelques jours pour s’y remettre. Impossible de dire quelle équipe Luis Enrique sera en mesure d’aligner. C’est une hérésie. Ce match aurait clairement dû être reporté. »
Ligue 1 (à partir du 15 août)
Supercoupe de l’UEFA oblige, le PSG devrait débuter le championnat une semaine après les autres, le weekend du 22 août. Assistera-t-on à une saison plus serrée que la précédente, où un PSG en roue libre avait terminé avec 19 points d’avance sur l’OM et 23 sur Monaco ? « Ces deux équipes doivent profiter de l’été pour faire la différence, juge le champion d’Europe espoirs 1988. Paris va reprendre très tard, avec une motivation encore inconnue. Il faudra peut-être attendre quelques semaines avant de retrouver des joueurs en condition optimale. Ensuite, si les poursuivants sont au niveau, tout se jouera sur les confrontations directes. Et là, pour l’instant, Paris possède plusieurs longueurs d’avance. »
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Ligue des champions (à partir du 16 septembre)
Ce sera l’un des moments les plus attendus de la rentrée foot : le tirage au sort de la phase de groupe, prévu le 28 août. Les joueurs de Luis Enrique connaîtront alors leurs huit premiers adversaires et remettront leur titre en jeu dès la mi-septembre.
« La force du PSG est de pouvoir garder ses meilleurs joueurs »
« Le PSG devient l’équipe à battre et tout le monde va essayer de la contrecarrer, prévoit l’international aux 25 sélections. Ce sera une saison encore plus difficile. Paris est arrivé là où il voulait, au niveau des Liverpool, City ou Real Madrid. Maintenant, il faut l’assumer, et il va l’assumer. Sa grande force est de pouvoir garder ses meilleurs joueurs tout en étant devenu encore plus attirant. L’équipe a dégagé une image tellement positive que même ses plus ardents détracteurs sont désormais sous le charme. Les joueurs sont humbles et généreux, l’entraîneur aussi, le style de jeu est identifié… C’est tout ce que recherchent les supporters. Ils vont gagner un public colossal, l’intérêt sera énorme désormais. »
Coupe de France (à partir du 19 décembre)
Avec seize victoires au compteur, dont huit ces dix dernières années, le PSG version QSI écrase le palmarès. Son dauphin marseillais ne compte que dix trophées. La « Vieille Dame » intéresse-t-elle encore Paris ? « Avec 800 millions d’euros de budget, le club est capable d’avoir deux équipes d’un niveau suffisamment élevé pour remporter chaque année les deux compétitions nationales. Le plus remarquable étant que ce PSG ne sous-estime jamais un adversaire. C’est là où ses rivaux doivent prendre exemple. Ces mecs-là ont envie. Certes ils gagnent plus d’argent que les autres mais ils jouent Dunkerque ou Mont-de-Marsan avec la même motivation. Luis Enrique a un “truc” avec ses joueurs. Il se bat pour eux et ils ont envie de se battre pour lui. C’est très fort. »
Trophée des champions (en décembre ou janvier 2026)
À première vue, le moins désirable de tous les objectifs, sur un match et en plein milieu de saison, mais… impossible de le mésestimer. « Car ce sera Marseille en face, tranche celui qui a également évolué sous le maillot provençal (1989-1990). Raison de plus pour ne pas le prendre à la légère. Cette affiche est celle que tout le monde attend. Sans déprécier Toulouse [battu 2-0 en 2023], la valeur de ce match avec l’OM sur le terrain est bien plus forte. Et il y aura un trophée au bout. »
« Ce que l’on demande à ces joueurs n’est plus humain, leur santé est en jeu »
Coupe du monde (du 11 juin au 19 juillet 2026)
La cerise sur le gâteau, ou l’inverse : à l’issue de cette orgie de ballon rond, les Dembélé, Vitinha et autre Fabián Ruiz retrouveront immédiatement – s’ils passent l’obstacle des qualifications cet automne – leurs équipes nationales pour la compétition reine du football, aux États-Unis. La préparation sera tronquée mais l’enjeu immense. « Ces calendriers sont inacceptables, conclut le consultant. Ce que l’on demande à ces joueurs n’est plus humain, leur santé est en jeu. D’accord, ils sont bien payés, c’est leur métier… Mais ce sont eux qui font le spectacle, attirent le monde entier vers le football et génèrent des milliards de recettes. Pensons à eux avant tout. » Ce n’est pas gagné, la Ligue 1 redémarrant moins d’un mois après la finale…
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