
Une tentative de kidnapping en pleine rue et en plein jour, des home-jackings ultraviolents dans les quartiers les plus cossus de la capitale, l’actualité récente regorge d’exemples de ce type. Bijoutiers, entrepreneurs en cryptomonnaies, dirigeants d’entreprise, les « riches » – ou perçus comme tels – sont plus que jamais les cibles d’une délinquance qui court après l’enrichissement, en employant la force si nécessaire. Certains faits, spectaculaires, retiennent l’attention. D’autres passent nettement plus inaperçus. C’est par exemple l’histoire d’un bijoutier qui s’est retrouvé en face de quatre individus porteurs de masques chirurgicaux et de gants en plastique début juin. Ils l’attendaient en bas de chez lui, équipés de marteaux et de colliers de serrage, prêts à le séquestrer… Ce qu’ils auraient fait si une patrouille de police qui passait par là n’était pas intervenue.
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Une brigade en patrouille
Mais la vigilance policière n’est pas omnisciente. C’est pourquoi les plus aisés recourent au secteur privé pour se prémunir d’une situation inquiétante, les séquestrations ayant augmenté de 32 % à Paris en 2024. Marie a choisi WeProtect, leader français du secteur. « Il y a une dizaine d’années, je sortais avec des parures de bijoux sans crainte de me faire agresser. Aujourd’hui, c’est tout simplement inenvisageable », assure cette directrice d’un géant de la tech. Pour la modique somme de 5 000 euros par mois, elle bénéficie des services de professionnels de la sécurité pour toute sa famille. C’est à l’aide d’une application mobile que Marie sollicite leur soutien. « Si je dois aller à une soirée, je peux demander une escorte. Quand j’ai le sentiment d’être suivie ou qu’un individu suspect rôde en bas de chez moi, je peux les appeler et en quelques minutes, j’ai un agent qui débarque ! » explique la cliente.
Les home-jackings ont explosé après le Covid
Une réactivité à toute épreuve, permise par les maraudes de la « brigade » : une équipe d’agents de sécurité privée tournant en permanence dans les rues de Paris, prêts à intervenir à la moindre sollicitation. « Notre mission est d’être aussi réactifs que dissuasifs », explique Cyril Assentio, patron de WeProtect. Ce Marseillais a eu du flair en se lançant, à seulement 22 ans, dans le business de la sécurité privée. Dix-huit ans plus tard, sa boîte pèse plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires et les nouveaux clients sont quotidiens. Le secteur, dans son ensemble, est en pleine ébullition, avec plus de 13 000 acteurs recensés et une croissance annuelle de l’ordre de 7 %.
Le web devient un danger
« On a eu un envol après le Covid. Ça a commencé avec des cambriolages ultraviolents, des saucissonnages, puis des acteurs de la crypto qui se faisaient kidnapper, poursuit le dirigeant. Je ne taperai jamais sur la police, ils font un travail extraordinaire, mais de fait, ils sont débordés et plus personne ne veut faire ce métier. Alors les gens qui peuvent se le permettre font appel à des entreprises comme la mienne. » Anciens militaires, ex-policiers ou pratiquants d’arts martiaux, les 1 000 salariés de WeProtect sont tous titulaires d’une carte professionnelle délivrée par le ministère de l’Intérieur. Ahmed, qui supervise la « brigade » parisienne, énumère les qualités d’un bon agent : « Il faut être sportif bien sûr, mais il faut surtout avoir du sang froid, connaître un peu la rue, pour pouvoir se sortir d’une situation sans passer par la violence. »
Car les kidnappeurs ou « home-jackeurs » ne sont pas tous issus des rangs du crime organisé. De plus en plus de « petits délinquants » se lancent dans le business du rapt, attirés par des perspectives d’argent facile. « Ce sont souvent des gamins de 20 ans, en bandes de trois ou quatre, qui veulent faire un coup et qui s’imaginent disparaître dans la nature une fois les poches pleines », détaille un policier spécialisé. Et les enquêteurs observent l’émergence d’un « travail de renseignements » de la part de ces derniers, à l’aide des réseaux sociaux notamment. « Ils identifient des riches sur Internet et trouvent leurs adresses en remontant les annuaires d’entreprises », décrypte le fonctionnaire. « C’est pour ça qu’on essaie d’informer nos clients, en leur expliquant toutes les précautions à prendre sur le web », réagit Cyril Assentio.
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Une question revient cependant : Comment assurer la protection de cibles potentielles qui n’ont pas les moyens de s’offrir ces services très coûteux ? « On travaille à une solution grand public, qui coûtera autour de 100 euros par mois », assure l’entrepreneur, sans donner plus de détails.
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