
Il y a des silences pesants. Et des paroles sans pitié. Invitée d’Africa Radio lundi 23 juin, Anissa Boumediene n’a laissé place à aucune ambiguïté lorsqu’elle a été interrogée sur le sort de Boualem Sansal. L’auteur de 2084, incarcéré depuis novembre dernier et gravement malade, est devenu l’un des symboles de la dégradation des relations entre la France et l’Algérie. Mais pour l’ancienne Première dame, la cause ne mérite pas d’être plaidée. « Pas du tout », tranche-t-elle lorsque le journaliste lui demande si elle appelle à la libération de l’écrivain franco-algérien.
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« Monsieur Sansal a dit que Tlemcen appartient aux Marocains, que telle autre ville aussi… Pour moi, ça, c’est très grave », s’indigne Anissa Boumediene, qui fut l’épouse du président Houari Boumediene. « Imaginez que les Niçois, que les Constantinois, aient préféré être avec les Italiens », poursuit-elle. Aucune mention de l’âge de l’écrivain – 80 ans –, de son cancer, ni de l’appel du Quai d’Orsay, qui, par la voix du ministre Jean-Noël Barrot, demande depuis plusieurs mois « un geste d’humanité ».
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Le procès de Boualem Sansal, poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » et « diffusion de fausses informations », s’est ouvert mardi 24 juin devant la cour d’appel d’Alger. Dix ans de prison ont été requis à son encontre.
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Le comité de soutien de l’auteur a déposé une plainte auprès de la médiatrice de l’Union européenne pour « inaction ». Mais Alger campe sur ses positions. Et à raison, donc, pour Anissa Boumediene, qui « vit en France et y est libre », a rappelé l’écrivain Kamel Daoud sur X. Le verdict concernant son ami Boualem Sansal est attendu pour le 1er juillet.
Autre dossier brûlant entre les deux pays : le Sahara occidental. Pour rappel, l’épineuse question de cette ex-colonie espagnole oppose depuis des décennies le Maroc, qui contrôle aujourd’hui 80 % du territoire et propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario – soutenus par Alger – qui appellent à un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU. Et là aussi, Paris est en tort selon l’ancienne avocate.
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« Les relations normales seraient d’abord, je pense, la neutralité », affirme-t-elle, tout en regrettant qu’Emmanuel Macron a apporté son soutien au plan marocain. Pour l’ancienne Première dame, la normalisation des relations entre Paris et Alger ne pourra avoir lieu sans une position française plus équilibrée.
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