
Le mot « Éros », en grec ancien, désigne l’amour charnel, en opposition à l’« Agapè », l’amour spirituel. En juin 2024, ce nom a été choisi par un tout nouveau collectif revendiqué comme « gay, patriote et identitaire ». Depuis, Eros affirme regrouper 200 militants à travers la France, et concentre ses actions autour d’un objectif : s’opposer à ce qu’il considère comme une « récupération gauchiste » du militantisme LGBT.
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Sur ses réseaux, Eros affirme vouloir « lutter contre les dérives idéologiques woke et LGBT » et offrir un espace d’expression aux personnes homosexuelles qui « ne supportent plus les injonctions de cette propagande d’extrême gauche ». Le groupe fustige « la folie sur l’identité de genre », « les revendications dangereuses comme la GPA » et dénonce une supposée domination de « dégénérés militants » dans la représentation publique des homosexuels. Une voix dissonante au sein du monde LGBT.
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Qui dirige le collectif ?
À la tête du collectif, Yohan Pawer, 25 ans, assume pleinement son positionnement politique. Ouvertement homosexuel, il s’est d’abord fait connaître en s’opposant aux événements de drag-queens pour enfants. En mai 2025, il a d’ailleurs été visé par une plainte du maire de Nice, Christian Estrosi, après la publication d’une vidéo dénonçant un « pique-nique de drag-queens » dans sa ville.
Ancien soutien actif d’Éric Zemmour pendant la présidentielle de 2022, Pawer revendique aujourd’hui « de très bons liens » avec le fondateur de Reconquête et l’eurodéputée Sarah Knafo. Dans une interview accordée au Figaro, il affirme avoir été marqué par la mort de George Floyd et la montée du mouvement Black Lives Matter, qui l’a convaincu de s’engager politiquement.
Il dit également s’inspirer du mouvement féministe identitaire Némésis, qui infiltre les manifestations pour en contester les discours, et revendique une proximité avec Mila, jeune femme devenue symbole de la lutte contre l’islamisme après avoir été menacée pour ses propos critiques envers la religion musulmane.
Une marche qui fait scandale
Le 16 juin dernier, sur son compte X (ex-Twitter), Pawer a annoncé que le collectif participera à la Marche des fiertés parisienne, prévue le 29 juin. « La rue ne leur appartient pas et nous serons bien présents », écrit-il, qualifiant l’événement de « marche de la honte ». Il affirme par ailleurs être « en contact avec l’un des conseillers de Bruno Retailleau » (LR), et avance que son collectif bénéficiera d’une protection de cinquante CRS – une information que le ministère de l’Intérieur n’a pas confirmée.
« Ils veulent notre mort ? On va la simuler »
Le leader d’Eros assure vouloir défiler « pacifiquement », drapeau français à la main, avec des pancartes « choc » et un happening : les militants porteront des cravates et simuleront leur propre pendaison, en réponse à une affiche de l’Inter-LGBT publiée début juin représentant un homme cravaté lynché. « Ils veulent notre mort ? On va la simuler », résume Pawer.
Levée de boucliers dans le monde associatif
L’annonce a provoqué une onde de choc dans la communauté LGBTQIA+. Dans une tribune publiée dans Le Monde, plusieurs personnalités – dont la romancière Virginie Despentes, l’élu Ian Brossat, l’eurodéputée Manon Aubry, le chanteur Bilal Hassani ou encore la militante Alice Coffin – dénoncent la présence d’« un groupe identitaire français » à la Pride. Selon eux, cette tentative d’infiltration s’inscrit « dans une stratégie plus vaste de banalisation de l’extrême droite et de ses codes ».
De nombreuses associations LGBTQIA+ ont également fait savoir qu’elles quitteraient le cortège si Eros était autorisé à défiler. L’Inter-LGBT, organisatrice de la Marche, a confirmé son opposition catégorique. « Il est hors de question de les tolérer », affirme une membre du bureau exécutif, qui précise que le collectif ne figure pas parmi les organisations inscrites.
L’an dernier, Yohan Pawer et Mila avaient déjà tenté de s’introduire dans le cortège. Ils avaient été exfiltrés sous protection après avoir été pris à partie. Cette année, le risque d’affrontement est une nouvelle fois réel.
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