
La Suisse s’est-elle fait avoir ? Annoncé comme « historique » en 2021, l’achat par la Suisse de 36 avions de chasse F-35 américains vire à la tempête politique. Signé pour 6 milliards de francs suisses, l’accord supposément « à prix fixe » pourrait finalement coûter jusqu’à 1,3 milliard de plus. En cause : des surcoûts annoncés par les États-Unis, qui invoquent l’inflation et des ajustements techniques. Pour Berne, il s’agit d’un « malentendu » ; pour l’opposition, d’un scandale. La Commission de gestion du Conseil national a ouvert une enquête.
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Tout commence le 30 juin, lorsque plusieurs médias révèlent que les autorités américaines réclamaient à la Suisse des paiements additionnels pour l’acquisition de ses F-35A, l’avion de combat furtif produit par Lockheed Martin. Alors que Berne affirme que le contrat est « ferme », le programme Foreign Military Sales, par lequel transite ce contrat, prévoit une réévaluation possible des coûts. En effet, selon Washington, seul le prix à l’unité est fixé une fois la production lancée. Or, la production des appareils destinés à la Suisse ne débutera qu’à partir de 2027. D’ici là, tout peut changer et donc coûter plus cher.
L’opposition, notamment le Parti socialiste et les Verts, dénonce une communication « trompeuse » du Conseil fédéral. Plusieurs parlementaires affirment qu’il était évident dès 2021 que le prix n’était pas totalement garanti. « C’est exactement comme cela se passe toujours avec les ventes d’armes des États-Unis. C’est la norme qui s’applique à tous les pays », déclare la conseillère nationale et présidente de la Commission de la politique de sécurité, Priska Seiler Graf (PS/ZH), dans le média NZZ am Sonntag. « J’ai toujours été convaincue que le mensonge serait un jour découvert », ajoute-t-elle. La Commission de gestion a désormais pour mission de vérifier si le Parlement a été correctement informé lors du vote sur le crédit d’acquisition.
Préféré au Rafale…
Mais au-delà du prix des avions eux-mêmes, d’autres éléments alourdissent la facture : infrastructures spécifiques à construire, systèmes numériques ultra-sécurisés, munitions non incluses dans l’offre initiale, maintenance à long terme. Selon certaines estimations, la note totale pourrait grimper à 7,5 voire 8 milliards. Les « affaires compensatoires », censées injecter 60 % du montant du contrat dans l’économie suisse, ne couvriraient en réalité que 700 à 800 millions.
En réponse, le gouvernement assure qu’il fera respecter l’accord signé et qu’il « négociera fermement » avec les autorités américaines. Mais dans un contrat FMS, le rapport de force est déséquilibré. La Suisse a peu de leviers, et aucune voie judiciaire internationale ne s’applique. Pour rappel, le choix de Berne de se tourner vers le F-35 s’est fait au détriment de l’avion français Rafale. À l’époque, l’engin construit par Dassault était pourtant le favori au vu de ses capacités et de son coût – déjà – plus accessible que son rival américain.
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