« La fin du régime est proche » en Iran, selon le fils de l’ancien chah Reza Pahlavi. Alors que le gouvernement israélien a envisagé d’éliminer le guide suprême iranien durant sa guerre de 12 jours avec le régime des mollahs, que se passerait-il si celui-ci venait à s’effondrer ? Cela mènerait-il au « chaos », comme le redoute Emmanuel Macron, qui a cité lors du G7 les exemples de l’Irak et de l’Afghanistan ? Au chaos, peut-être pas, mais à une recomposition complexe, voire dangereuse, certainement. Car derrière la façade d’un régime autoritaire usé jusqu’à la corde, aucune alternative ne semble faire l’unanimité.
Premiers sur la ligne de départ, les Moudjahidines du peuple, qui représentent l’opposition historique et structurée du régime, avec un réseau clandestin actif à l’intérieur du pays. Dirigés par Maryam Radjavi, ils promettent un État démocratique et laïque, où un islam modéré tolérerait les autres religions. Mais derrière ce discours « occidental-compatible » se cache une réalité plus trouble. « Ils sont islamo-marxistes, totalitaires, leur système est aussi rigide qu’une secte », estime le géopolitologue Alexandre del Valle. Longtemps alliés de l’ancien guide Khomeini, leur virage oppositionnel ne les rend pas pour autant fréquentables d’après lui : « Ce n’est pas beaucoup mieux que le régime actuel. » S’ils disposent de nombreux militants, ils ne font pas l’unanimité au sein de la population.
Une myriade de prétendants
Autre figure médiatique : Reza Pahlavi, fils de l’ancien chah, en exil depuis la révolution de 1979. Charismatique et bien introduit dans la diaspora, notamment aux États-Unis et en Europe, il se rêve en « père de la nation » pour une transition pacifique. Mais sur le terrain, son influence est quasi nulle. « Les monarchistes sont carbonisés depuis longtemps, même s’il y a une part de nostalgie dans la population », reconnaît l’essayiste.
Face à ces deux pôles, une mosaïque d’acteurs secondaires complète le tableau : des groupuscules en exil comme le parti Iran Novine, des mouvements gauchistes ou anarchistes, et surtout, des minorités ethniques – kurdes, arabes sunnites, mais aussi azéries, qui représentent près d’un tiers de la population. « Ils ne pourraient pas prendre le pouvoir, tempère le spécialiste. Mais ils pourraient participer à sa destruction ».
À ces hypothèses s’ajoute celle, plus vraisemblable, selon Alexandre del Valle, de la transition interne. Non pas par le peuple, qu’il juge encore trop dépendant économiquement du régime pour se révolter, mais par des religieux réformistes ou des figures plus « modérées » du pouvoir. « Une forme d’islam à la mode Émirats, avec une laïcité sous contrôle », explique-t-il. Une mutation douce, sans renversement brutal, où les habits changeraient plus que les hommes.
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Le bras armé du guide
Mais à bien y regarder, le scénario le plus avancé est déjà en cours. Les véritables maîtres du pays ne portent plus le turban. Ce sont les Pasdaran, les gardiens de la Révolution, qui tiennent les rênes de l’économie, de l’armée et, de plus en plus, du pouvoir politique. « Le guide leur a déjà transféré une partie de ses prérogatives », souligne Alexandre del Valle. Plus nationalistes qu’idéologues, moins cléricaux mais tout aussi islamistes, ils incarnent une continuité dure du régime, débarrassée de son vernis théocratique. Un régime militaire, à la manière du Hezbollah libanais, dont l’ancrage populaire, bien qu’en partie forcé, est aussi réel d’après le géopolitologue.
Reste une option que beaucoup espèrent mais qu’Alexandre del Valle écarte pour l’instant : celle d’un soulèvement populaire. « C’est un fantasme occidental », tranche-t-il. Les femmes sans voile, les étudiants, la jeunesse connectée des grandes villes fascinent les médias occidentaux, mais restent minoritaires selon lui. La chute des mollahs, si elle devait arriver, ne marquerait sans doute pas la fin de l’islamisme en Iran et encore moins l’avènement d’une démocratie.
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